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Bruno Troublé : Mr America’s Cup

Passionné de voile en général et par l'America's Cup en particulier, Bruno Troublé a dédié une grande partie de sa vie à cette “vieille dame” qui a fait rêver des générations de marins. Et qui continue de le faire encore aujourd'hui. Par Servane Dorléans.

Modifié le Écrit par La Rédaction
Bruno Troublé : Mr America’s Cup
Photos Marc de Delley & Collection personnelle Bruno Troublé
Résumé

Bruno Troublé, régatier emblématique, a marqué l’histoire de l’America’s Cup et a contribué à faire évoluer la voile grâce à son engagement et ses innovations.

Sommaire
Couverture complète sur mise-en-avant

1977. Après avoir participé par deux fois aux Jeux Olympiques en Flying Dutchman, à Mexico en 1968 d’abord, puis à Montréal en 1976, Bruno Troublé fait son entrée dans le cercle fermé des barreurs de l’America’s Cup à bord du bateau du baron Bich. Trois ans plus tard, le talentueux régatier réitère l’expérience avec brio en se hissant jusqu’en finale des Challengers, perdue contre les Australiens. Une première pour un Défi français, et la meilleure performance tricolore à ce jour dans la compétition !

Le Versaillais d’origine participe ensuite une troisième fois à l’America’s Cup en 1983 sur France 3 avec Yves Rousset Rouad. Cette même année, il crée la Louis Vuitton Cup, l’une de ses plus belles réussites. « À l’époque, les challengers devaient se cotiser pour financer les régates éliminatoires. Il fallait payer l’ équivalent de 500 000 euros, ce qui était beaucoup. Nous n’avions pas cette somme », raconte Bruno Troublé. Il contacte alors Henry Racamier, président de Louis Vuitton de l’époque.

« Je lui ai expliqué en deux phrases que la Coupe était née en 1951, Louis Vuitton en 1954 et je lui  ai dit que de nombreux partenaires et participants, dont les Vanderbilt, étaient clients de la marque dans les années 1930. Il m'a dit banco le jour même. Aujourd'hui, ça ne serait pas aussi simple. Ça reste l'un des plus beaux souvenirs de ma vie.

46 ans de Cup pour Troublé

La Louis Vuitton Cup a duré quarante ans, ce qui reste la plus longue association d'une marque commerciale à un événement sportif », poursuit celui qui entretient une histoire d'amour avec le plus vieux trophée sportif au monde depuis 46 ans. Si les bateaux ont beaucoup évolué au fil des décennies, le concept est resté le même et la passion intacte. « L'America's Cup, c'est ma vie. L'évolution technologique n'est pas facile à accepter pour les gens de mon âge, mais c'est toujours une compétition mythique. Les bateaux vont très vite. C'est très spectaculaire, commente Bruno Troublé, qui a assisté à la première régate préliminaire de l'America's Cup à Vilanova (Espagne) en septembre 2023. 

Ça a donné un aperçu de la hiérarchie. Les Français ont bien démarré, ce qui est extraordinaire compte tenu de leur manque d'entraînement. Ils ont terminé 3e au classement général, c' est merveilleux. Ça faisait longtemps que des Français n'avaient pas marché aussi bien sur l'America's Cup. C'est bon signe pour les années prochaines. J'ai été fasciné par ces bateaux (AC40) car il n'y a pas d'espionnite, de jalousie ou de cachotteries. Tous les bateaux sont identiques. Et pour la suite, ils auront un bon bateau (AC75), le même que les Néo-Zélandais. Ils peuvent être des outsiders extraordinaires. » Présent au sein de l'organisation de la dernière édition de la Coupe à Auckland (Nouvelle-Zélande).

Son meilleur souvenir ? La victoire d'Australia II face aux Américains en 1983. « J'ai été émerveillé par la victoire des Australiens qui a mis fin à 132 ans d'hégémonie américaine. L'America's Cup est un événement merveilleux intimement lié à l'histoire du monde et des civilisations. C'est un peu prétentieux de dire cela mais la victoire des États-Unis en 1851 a positionné la nation américaine sur la carte du monde. Avant, le pays n'était considéré que comme une ex-colonie britannique. Mais il y en a plein d'autres, comme notre victoire face aux Australiens », avance-t-il.

Bruno Troublé : Mr America’s Cup
Photos Marc de Delley & Collection personnelle Bruno Troublé

Bruno Troublé, passion voile

Si l'America's Cup occupe une grande place dans sa vie, elle n'est pas la seule régate chère à son cœur. La Nioulargue, devenue Les Voiles de Saint-Tropez, en fait aussi partie. « Patrice de Colmont est un génie d'avoir inventé cette régate dont j'ai fait toutes les éditions, sauf la première. J'étais le Monsieur Business de la Nioulargue. J'ai amené des sponsors à l'événement pendant des années. Aujourd'hui encore, les Voiles de Saint-Tropez sont toujours un merveilleux rendez-vous de fin de saison. Les bateaux sont magnifiques, les Classes très différentes, l'atmosphère n'est pas la même qu'ailleurs pendant le reste de la saison. Le fait d'avoir mis le Village sur le môle Jean Réveille cette année permet d'assister aux régates comme à un spectacle, c'est génial », souligne celui qui a participé cette année au Centenary Trophy organisé par le Gstaad Yacht Club à bord d'Olympian.

Un P-Class centenaire qu'il a retrouvé sur la côte est des États-Unis et fait restaurer chez le charpentier de marine John Anderson, dans le Maine, comme beaucoup d'autres témoins de l'âge d'or du yachting auparavant. Depuis longtemps, Bruno Troublé contribue en effet au développement de la flotte classique méditerranéenne en retrouvant puis en faisant restaurer des vieilles dames des mers à Camden pour le compte de propriétaires européens, pour la plupart. Le dernier en date : Joyant, un autre P-Class (plan Herreschoff 1911) retrouvé dans un hangar dans le Maine. Vainqueur des Voiles de Saint-Tropez dans sa catégorie en 2005, le bateau fera son come-back dans la cité du Bailli de Suffren l'an prochain avec son nouveau propriétaire, « un Autrichien qui a fait partie de l' équipe nationale de voile en 470 ».

Bruno Troublé : Mr America’s Cup
Photos Marc de Delley & Collection personnelle Bruno Troublé

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