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Jean-Baptiste Epron : Gentleman Designer

Publié le Écrit par La Rédaction
Jean-Baptiste Epron : Gentleman Designer
© Fabrice Berry & DR
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Designer reconnu dans le domaine de la course au large, navigateur émérite au palmarès prestigieux, le Breton d'adoption, qui partage sa vie entre le Pays Bigouden, Lorient et Paris, a su s'accrocher à ses rêves de gosse et les réaliser. Pour ce Parisien pure souche, la voile est très vite devenue une passion. « J'ai eu la chance de partir en vacances en bord de mer et de faire des stages d'Optimist. Avec mon frère, on s'en est partagé un pendant plusieurs années. Je m'inventais des traversées et plein d'aventures , se rappelle-t-il. Pour prolonger ces moments d'extase de retour à Paris, je faisais de l'Optimist à la base nautique de Créteil tous les mercredis, hiver compris. » Très tôt, il se passionne pour la course au large et les transatlantiques. Ses idoles de l'époque : Éric Tabarly et Olivier de Kersauson. « Gérard Petitpas appelait les bateaux et donnait les classements des transats sur Europe 1 dans le Journal de la Transat. Je connaissais les résultats par cœur. Ça me faisait rêver mais je pensais que participer un jour à une course comme ça était inaccessible . »

Quand il n'est pas sur l'eau, il dessine des voiliers de course et bricole des maquettes qu'il fait naviguer sur les bassins parisiens. « Je faisais des pêle-mêle de ce qui existait à l' époque et j'inventais des bateaux que j'appelais Wilderness. Dans mon imaginaire de petit Parisien, ça incarnait ce monde rude qui me faisait rêver. » Jean-Baptiste voit ses rêves s'éloigner quand il intègre une école de commerce sous l'injonction parentale. « J'avais envie de dessiner mais je ne m'en sentais pas capable. Je n'ai pas suffisamment insisté pour faire une école d'arts. J'ai essayé d'entrer en sports études mais mes parents ont refusé. Ça a mis un couvercle sur mes désirs mais ça a été bénéfique car ces derniers sont montés de plus en plus fort et à un moment, il n'a plus été question de ne plus vivre les choses dont j'avais envie : dessiner et naviguer », confie-t-il. Son diplôme en poche, il réalise l'un de ses rêves : traverser l'Atlantique sur Pen-Duick III entre Saint-Malo et Québec, avant de faire la transat retour en course.

Le designer partage son temps entre la région parisienne et la Bretagne. Il nous a reçus dans le Finistère, où il réside

Puis il embarque pour un périple de quatre mois sur Ondine, un Maxi transformé en bateau de croisière. En parallèle, il commence à dessiner des logos pour une entreprise. Ces expériences lui donnent envie de persévérer. « Je n'ai jamais envoyé un CV. Tout s'est fait au hasard des rencontres. Ce que je faisais plaisait donc j'ai sauté sur l'occasion et me suis donné à fond. Au début, c' était un petit contrat de temps en temps mais entre ça, des petits boulots et certaines navigations pour lesquelles j'arrivais à me faire rémunérer, ça me suffisait. Quand on vit ses rêves, on n'a pas besoin de grand-chose. » À la même époque, il rencontre certains marins qu'il admire, dont Bruno Troublé et Jimmy Pahun, avec qui il gagne le Tour Voile. Les navigations et les propositions s'enchaînent au gré des rencontres. « J'étais comme face à un escalier. J'étais persuadé que j'arriverais difficilement à passer la première marche. Quand j' étais gamin, mon premier rêve était de traverser la Manche. Une fois que je l'ai fait, j'ai voulu traverser l' Atlantique en équipage, et ainsi de suite. Ça s'est fait pas à pas. Je me rappelle encore le jour où mon sponsor m'a dit banco pour La Solitaire du Figaro. C'était en 1998, deux ans après ma Transat AG2R, et ces mots résonnent toujours dans ma tête. C'était à la fois le plus beau jour de ma vie et le début des emmerdes. »

Piqué par le virus de la compétition, il élargit son horizon et navigue sur de plus gros bateaux. Plus loin aussi. « J'ai beaucoup navigué sur Gitana XI sur le circuit OR MA, et avec d'autres. J'ai des souvenirs inoubliables de Grands Prix. J'ai fait aussi plusieurs tours du monde. Ça n'arrêtait pas et je n'avais qu'un objectif : être toujours sur les bons bateaux, avec les bons potes. Ça donne une énergie terrible. J'ai eu la chance de pouvoir naviguer avec des marins comme Loïck Peyron, Lionel Lemonchois. À chaque fois, c' était une super expérience car ils ont un énorme talent. C'est génial de réaliser ses rêves aux côtés de ceux qui t'ont fait rêver plus jeune. » Sa deuxième passion, il l'assouvit en parallèle. Le premier voilier qu'il décore est celui à bord duquel il court la Transat AG2R, avant de signer ceux de Catherine Chabaud et Franck Cammas, à l'époque où il était sponsorisé par Athena. « Je trouvais à l' époque que les bateaux n' étaient pas beaux, à part ceux de Loïck Peyron dont la décoration était toujours soignée, ou le Pierre 1er de Florence Arthaud. Je me souviens de Primagaz de Laurent Bourgnon. Le bateau était sublime, les formes magnifiques mais l'autocollant posé sur les flotteurs gâchait tout. Ma volonté était d'essayer d'intégrer au mieux les logos des marques pour conserver une certaine esthétique. » La magie opère rapidement grâce à son talent et au bouche-à-oreille.

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