Louis Chevrolet : Jurassic Track
Une petite bombe a déboulé, ventre à terre, le 8 mars 2022 du côté de Porrentruy. Son nom : Speedway LC 17. Voilà qui fleure bon l'ambiance des circuits et de la course automobile. Ce qui tombe plutôt bien. C'est précisément l'univers ciblé. La tocante, puisque c'est bien d'une montre qu'il s'agit, embarque et coche tous les codes requis en la matière. D'abord un moteur mécanique. Basique mais essentiel. Le cadran, à l'aspect granuleux, fait écho à l'asphalte des circuits. Il y a encore ce fond transparent qui rappelle les roues rayonnées et l'écrou central de la mythique Corvette C2 de 1963. On y est ! Dans le jus et le mythe Chevrolet. Si la marque automobile, réduite au seul patronyme de son créateur, n'est plus à présenter, son pendant horloger ne jouit pas (encore) de la même notoriété. À ce stade, un retour aux origines s'impose.
Mécanicien de génie et pilote de course, Louis Chevrolet accumule les victoires avant de lancer sa propre marque
Le curseur s'arrête un jour de Noël 1878, à La Chaux-de-Fonds. C'est dans la cité horlogère, au foyer de Joseph et Marie-Anne Chevrolet, qu'un chérubin prénommé Louis pousse son premier cri. La famille a quitté son petit bourg de Beurnevésin, dans le Jura suisse, pour rejoindre la ville des horlogers, dans le canton voisin de Neuchâtel ; le père vient d'y décrocher un emploi de planteur d'échappement. L'aventure chaudefonnière tourne court. Les Chevrolet migrent et traversent la frontière. Le paternel ouvre un petit commerce d'horlogerie, à Beaune, en Bourgogne.C'est ici que Louis va se faire remarquer. Dès l'âge de 11 ans, il intègre les ateliers Robbin (un marchand de cycles) où il affiche d'évidentes prédispositions pour la mécanique. Il rafistole tout ce qui lui tombe entre les mains. Il s'illustre aussi sur le vélo, enquillant quelques succès sur la “Petite Reine”. La légende prétend même qu'il aurait été professionnel.
Autre légende en vogue, il se raconte qu'en 1897, il aurait croisé la route d'un héritier de la famille Vanderbilt
As des as de la mécanique, il aurait réparé le tricycle à vapeur en rade du milliardaire, sur lequel tous les autres mécanos s'étaient brûlé les neurones et cassé les dents.Conquis, l'Américain l'aurait invité à venir travailler aux États-Unis. Ce qui est vrai, c'est que le petit Suisse a bien fini par traverser l'Atlantique (après un bref séjour parisien) où il est devenu… une légende. Comme pilote de course, il accumule les victoires avant de lancer sa propre marque. Le 3 novembre 1911, la Chevrolet Motor Company of Michigan voit ainsi le jour. Premier jalon d'une success-story parsemée d'embûches et de renaissances.
De cette existence faite de hauts et de bas, Louis Chevrolet avait forgé sa propre devise : « Never give up » (N'abandonne jamais). Toute cette histoire et bien d'autres chapitres, André Saunier les connaît sur le bout des doigts. Aude, sa fille, a compulsé nombre d'archives (près de 500 documents) pour retracer et écrire le destin hors norme du héros local. Une légende revenue à la maison, à Porrentruy, dans ce Jura suisse, en 2005 au gré de la volonté d'un entrepreneur dont la trajectoire personnelle - toutes proportions gardées -affiche quelques similitudes avec l'illustre personnalité.
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