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Philippe Bas : bonne gueule, bonne heure

Philippe Bas, acteur à succès, prend une pause pour se recentrer, évoquant sa passion pour les montres liées à ses rôles et son amour du sport et de la vie simple. Par Jean-Pascal Grosso.

Modifié le Écrit par La Rédaction
Philippe Bas : bonne gueule, bonne heure
Photos François Darmigny
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Figure récurrente de la télévision (Profilage, Le Saut du diable…), idole de ces dames, Philippe Bas est à la ville un homme apaisé, qui prend le temps de vivre et de la réflexion.

Avant de retourner sur les plateaux pour de nouveaux projets, le comédien, jeune quinquagénaire, s’offre une parenthèse pour parler de ses chronographes préférés. Paroles d’un amateur cinéphile et éclairé.

Comment aimez-vous occuper votre temps lorsque vous ne tournez pas ?

Je vis un peu comme tout le monde. Je fais pas mal de sport, je m'occupe de mes deux chiens. En ce moment, avec un ami producteur, nous initions un nouveau projet, un téléfilm centré sur les sports extrêmes. C'est encore au stade du développement.

J'ai un rapport aux montres un peu particulier.

Philippe Bas
Philippe Bas : bonne gueule, bonne heure
Photos François Darmigny

Est-ce le côté frustrant du métier d'acteur, ce “devoir de patience” ?

J'ai été assez chanceux sur ce plan-là, puisque j'ai quand même toujours eu pas mal de travail. En fait, j'ai décidé officieusement de souffler en 2024. Je me suis dit que j'allais attendre un peu, prendre le temps de réfléchir, de sélectionner des projets qui m'intéressent peut-être davantage. Je me suis donc fait plus rare l'année dernière.

Je pense repartir sur les plateaux en septembre, peut-être même avant. Ça n'a pas été inintéressant, toutes proportions gardées, de prendre un peu de recul. J'ai adopté deux chiens, je me suis occupé de moi, en me recentrant un peu, et de ma mère aussi qui est tombée gravement malade. Aujourd'hui, elle va mieux.

Le temps qui passe, est-ce un problème pour un acteur d'“action”, un peu votre pré carré à la télévision ?

Avec le temps, je me sens de mieux en mieux. Physiquement, je ne me suis pas trop abîmé. J'ai des petits bobos, tout ça, mais les genoux tiennent bien. Aujourd'hui, je trouve qu'on arrive à mieux vieillir. Je suis un quinquagénaire maintenant et, cette nouvelle décennie, je l'entame plutôt bien. Je vieillis, mais les gens autour de moi me disent que je m'en sors pas trop mal.

Je ne demande pas mieux. Je n'ai pas non plus tout misé sur le physique, comme dirait Jean-Claude Dusse. Ce n'est pas comme si j'avais tourné trois films d'action par an pendant quinze ans. Je fais du sport régulièrement, de la musculation, de la boxe pied-poing, du vélo les beaux jours... J'essaye de bien manger aussi, je ne bois jamais d'alcool, je m'offre juste un cigare de temps en temps. Pour moi, ça va.

Je suis venu aux montres par le cinéma.

Philippe Bas

La plus belle manière de perdre votre temps ?

Je ne dirais pas qu'il y a de belles manières de “perdre son temps”. Mais plutôt que prendre son temps est la plus belle des manières de vivre. Lorsqu'on prend son temps, on fait les choses bien.

Un mot sur la Gerald Charles Maestro Heures Sautantes 25e Anniversaire que vous portez sur la séance photo ?

C'est une montre très singulière, sportive, avec ce côté “compteur” qui colle très bien au sujet, avec les motos. Je trouve son bleu élégant, grâce à son dégradé, comme le bracelet en caoutchouc. Son originalité est criante. Je n'avais jamais vu une montre comme ça auparavant. Elle n'est pas forcément passe-partout, mais il faut aimer oser. Alors pourquoi pas ?

À l'écran, j'ai toujours aimé porter une montre particulière qui correspondait à l'idée que je me faisais d'un personnage.

Philippe Bas
Philippe Bas : bonne gueule, bonne heure
Photos François Darmigny

Avez-vous toujours une montre à votre poignet ?

Ça dépend. J'ai un rapport aux montres un peu particulier. J'en ai une pour faire du sport, lorsque je vais courir, faire une randonnée ou une longue balade avec mes chiens. J'aime bien savoir le nombre de kilomètres que j'ai parcourus, le temps que j'ai mis, le dénivelé, etc. J'ai donc comme ça, depuis plusieurs années, des montres connectées. Mais j'ai aussi un problème avec les montres. Il m'arrive de les perdre. J'avais une Garmin, que je trouvais super, sobre, noire, et je l'ai paumée.

J'étais dégoûté. Sinon, parmi mes jolies montres, j'ai une MATWatches. J'ai fait la rencontre du créateur de la marque, Fabrice Pougez, en 2012. Je venais de tourner L'Assaut, un film qui relatait les dernières heures de la prise d'otages sur l'aéroport de Marignane. J'y incarnais un membre du GIGN. J'avais vu sur son site des montres qui m'intéressaient.

Je me suis rendu dans son atelier pour en acheter une. Il a accepté de me vendre celle avec un cadran siglé GIGN alors qu'il ne les réservait qu'à ses seuls membres. Une très chouette rencontre. Plus tard, je lui ai proposé de porter un autre de ses modèles dans un téléfilm d'action que je co-produisais, Le Saut du diable.

La montre est-elle un accessoire que vous privilégiez sur les tournages ?

Je prends ce dernier exemple. La montre correspondait exactement à mon personnage, un ancien militaire, membre des forces spéciales. Il y a deux ans, MATWatches ont sorti une automatique, la Picobello, qui est la synthèse de leur travail. Elle a un côté vintage, est à la fois solide et fonctionnelle et en même temps très élégante. J'ai aussi la Swatch en partenariat avec Omega. Je l'ai achetée dans un aéroport.

Pour en revenir aux montres sur un tournage, j'ai toujours aimé porter des modèles qui correspondaient à l'idée que je me faisais du personnage. J'ai la chance d'avoir un ami collectionneur. Sur une comédie pour TF1, où je jouais un plongeur, il m'a prêté une Rolex 16600 Sea-Dweller avec un bracelet Nato. Elle était parfaite pour l'aventurier que je jouais, un mec qui avait roulé sa bosse, mais qui n'était pas très riche. Ça m'a rappelé mon père. Il avait une Seiko toute simple, une montre de plongée, mais, gamin, elle me faisait rêver.

Vous êtes donc plus emprunteur que collectionneur...

Oui. Sur la série Profilage, j'avais aussi comme ça une 1675, une des premières GMT Pepsi, prêtée encore une fois. Il ne faudrait pas croire que j'ai toute une collection chez moi. Je comprends la réticence que peuvent avoir les collectionneurs à parler de leurs montres aujourd'hui. Ça me rappelle ce qu'avait dit un jour Florent Pagny, qui en possédait plein : « Un jour, j'ai revendu toute ma collection. Et, surtout, je l'ai fait savoir. »

J'ai toujours aimé les Rolex parce qu'elles apportent ce côté fonctionnel que j'apprécie. Et puis, c'est la montre de gens que j'admire comme Haroun Tazieff, James Cameron ou Mike Horn. Je sais que Mike Horn est en contrat avec Panerai, mais je l'ai déjà vu arborer une Rolex.

Qu'attendez-vous avant tout d'une montre ?

Qu'elle soit fonctionnelle, j'y reviens. Je trouve que quand quelque chose est fonctionnel, c'est aussi généralement beau. C'est valable pour les belles voitures, les motos, comme pour les montres. Ce n'est pas pour rien, d'ailleurs, que les montres restent le seul bijou que nous portons, nous, les hommes.

Comment vous êtes-vous intéressé à l'horlogerie ?

Par l'intermédiaire du sport. Par le cinéma aussi, parce que quand on voit des figures comme Jean-Paul Belmondo qui portait des Daytona, dans les années 70, 80, c'étaient de beaux accessoires, très cinématographiques.

Quand on aime les acteurs comme c'est mon cas, on les regarde de près, le costume, le look, et on finit par s'intéresser aux montres. Du coup, j'ai rencontré des gens qui s'y connaissaient, des collectionneurs. À leurs côtés, j'ai vu le marché changer, évoluer...

Ce n'est pas pour rien, d'ailleurs, que les montres restent le seul bijou que nous portons, nous, les hommes.

Philippe Bas
Philippe Bas : bonne gueule, bonne heure
Photos François Darmigny

Question ultime : quelle serait la montre de vos rêves ?

Je n'ai pas encore trouvé le graal des montres. Mon rêve, ce serait de n'en avoir qu'une seule, mais que je porterais tout le temps. Il y a des montres superbes, chères, comme des Patek, mais je suis sorti de ces rêves-là. J'aime bien Richard Mille, des modèles extraordinaires, mais, bizarrement, je ne me vois pas en porter. Peut-être la montre de Steve McQueen, la 5512, la vraie, sa seule et unique Rolex. Ou encore la Daytona de Jean-Paul Belmondo.

Et en troisième, la Submariner de Mike Horn. Voilà, ces trois-là. Et c'est davantage pour ce qu'ils ont incarné, eux, que pour la montre en elle-même. Mais ils ont vraiment fait honneur à la marque. Il y a eu un échange de talents que je trouve assez noble, parce que ce sont des matériaux nobles, portés par des hommes qui ont eu des carrières magnifiques et qui ont inspiré beaucoup de gens, qui leur ont fait du bien. On est loin de la formule de Séguéla : « Si à 50 ans... » C'est même exactement l'inverse.

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