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Renaud Capuçon : Complications & partitions

Renaud Capuçon se livre avec simplicité sur sa passion méconnue pour les montres. Des Swatch de son adolescence aux pièces iconiques, il raconte comment le temps l’accompagne depuis toujours. Par Jean-Pascal Grosso.

Modifié le Écrit par La Rédaction
Renaud Capuçon : Complications & partitions
photos François Darmigny
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L'un des musiciens les plus appréciés des Français a plus d'une corde à son violon. Renaud Capuçon dévoile ici sa fascination pour la haute horlogerie. Entre coups de cœur et nostalgie, l'artiste ne cache rien de cette passion qui court chez lui allegretto ma non troppo.

Il est probablement aujourd'hui le violoniste le plus populaire de la scène classique française. Également auteur, enseignant, figure médiatique, Renaud Capuçon se bat pour transmettre au plus grand nombre les joies de la direction et de l'interprétation. « Si mon métier me prend du temps, ce n'est que du plaisir » sourit le musicien de 49 ans.

Plus intime est sa passion pour les montres qu'il cultive depuis des décennies en partie grâce à ses confrères de partitions. Dès que vous abordez le sujet, il déborde d'enthousiasme et d'anecdotes : des Swatch oubliées, ado, lors de répétitions, deux Panerai “envolées” plus tard dans sa loge, son incapacité à porter des montres anciennes et s'accaparer ainsi le passé d'un autre. .. Envie d'en savoir plus ? Alors, musique, maestro !

Renaud Capuçon : Complications & partitions
photos François Darmigny

De quoi le temps est-il source chez vous ?

Pour moi, c'est un luxe incroyable. Plus le temps passe, plus je vieillis, enfin, plus je mûris dirons-nous, plus il prend une saveur particulière. Le temps est la plus grande richesse au monde. Le fait d'avoir du temps est quelque chose que je chéris. Si j'ai une heure ou trois jours de ce que j'appelle du “temps libre” devant moi, j'arrive à en profiter, à en jouir pleinement. Mille fois plus qu'avant d'ailleurs, lorsque j'avais le temps. Quand vous êtes plus jeune, vous avez toujours le temps de votre côté.

Lorsque vous entendez le mot “montre”, quelles manufactures vous viennent à l'esprit ?

Ce serait Rolex, Patek Philippe, le Grand Seiko par exemple. Des automatiques la plupart du temps.

Vous posez pour le magazine avec la mythique 222 de Vacheron Constantin. ..

Que je trouve magnifique. C'est une couleur que me plaît, ce bleu. Et puis, le clin d'œil m'amuse également beaucoup. Le sigle de Vacheron Constantin, la Croix de Malte, est étrangement très proche de la croix grecque tréflée du luthier Guarneri de Gesú, dont je possède un des violons. Pour revenir à la montre elle-même, elle est très élégante, belle, extrêmement agréable à porter.

Renaud Capuçon : Complications & partitions
photos François Darmigny

Est-ce une manufacture que vous connaissiez ?

De par Nicholas Angelich, malheureusement disparu il y a deux ans, et qui était un de mes meilleurs amis. C'était un immense pianiste avec qui je partageais cette passion des montres. Il avait une Vacheron Constantin absolument sublime qu'il s'est fait voler un soir dans une loge. La première fois que j'en avais entendu parler, que je l'avais vue, elle m'avait fasciné.

Et juste après, cette montre a disparu. C'était une American 1921 vraiment magnifique. Même si je n'en possède pas, elle compte parmi les plus originales que je connaisse. Après, je ne suis pas un expert en particulier de la marque. Mais c'est clairement une maison de qualité avec une grande tradition.

Si une montre doit ressembler à celui qui la porte, à quoi doit ressembler celle que vous portez ?

D'abord élégante. Et puis, pratique. Pour moi, le fait de porter une montre, ça raconte une histoire. Quand je croise quelqu'un avec une montre, ça dit beaucoup de sa personnalité. La façon dont elle est entretenue, portée, comment elle s'associe à celui qui l'arbore. .. Une montre dévoile forcément quelque chose de vous-même.

Portez-vous une montre quand vous jouez ?

Alors, tout le sujet, c'est le poids. Je peux jouer avec certaines montres. Par exemple, si j'avais une Calatrava de Patek Philippe, il me serait possible de jouer sans la retirer, parce qu'elle est très fine. Il y a d'autres modèles qui existent. Je sais que chez Piaget, ils ont une Altiplano aussi extrêmement légère. C'est la condition sine qua non pour pouvoir en porter en jouant.

Autrement, je porte ma montre toujours à droite, parce que, gamin, je portais toujours ma montre au poignet gauche. Et chaque fois que je répétais, que j'enlevais ma montre pour pouvoir travailler mon violon, je finissais par l'oublier. J'ai perdu comme ça quelques Swatch quand j'avais 15 ou 16 ans. Fort de ces deux ou trois montres jamais retrouvées, j'ai donc décidé de les porter à mon poignet droit.

Renaud Capuçon : Complications & partitions
photos François Darmigny

De quand date votre engouement pour les beaux chronographes ?

J'ai vraiment découvert les montres grâce à un ami pianiste qui m'a introduit auprès de la maison Ebel à La Chaux-de-Fonds. J'ai eu le plaisir de rencontrer ses dirigeants et ils m'ont offert un certain nombre de montres que j'ai pu porter pendant quelques années mais que je n'ai plus. Avec Ebel, j'ai commencé à m'intéresser de près aux montres. Sans être un exégète, ni un spécialiste des mouvements, etc. , l'horlogerie me fascine. Je trouve qu'il y a énormément de parallèles à faire avec la musique, comme sur la patience, la transmission, la connaissance ou la précision.

Confiez-nous un de vos lointains souvenirs de montre...

J'ai eu, comme tous les gamins à cette époque-là, une montre à quartz. C'était la folie du quartz. Je me rappelle une montre calculatrice. C'était le graal pour un enfant. Je devais être en CM2. Mes parents m'avaient interdit de l'amener à l'école.

Et offrez-vous également des montres ?

C'est une chose que j'aime partager. Avec ma famille, mes amis... Par exemple, j'ai trouvé très amusante la collection Omega X Swatch. C'était peut-être un très bon coup marketing pour eux, mais l'idée était excellente. C'est sûr que c'est plus cher qu'une Swatch classique, mais vous pouvez vous offrir une montre dont vous avez l'impression qu'elle est en version limitée. Si j'avais eu 15 ans, j'aurais fait la queue devant la boutique pour moi-même. Là, je l'ai faite pour mon fils.

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