Forza Italia : la passion des voitures italiennes

Ne jamais se fier aux apparences… Derrière ce petit bout de femme se cache une pilote avertie et une immense passionnée d'automobile. Entre recherche de sensations et dolce vita, il se dit que de l'huile italienne coule dans les veines de Fanny Valat.

Dans les années 80, mon père nous emmenait, mon frère et moi, voir les Grands Prix de l'Âge d'Or. Mon frère allait aux parcs avec les enfants tandis que je regardais les courses, fascinée par le bruit des autos. » Voilà comment débute une passion. Fanny Valat ne tarit d'ailleurs pas d'anecdotes automobiles sur son enfance : « Mon père avait une Alpine A110 Berlinette et une A310. Ça vibrait, ça faisait un bruit d'enfer avec le pot Devil. .. Ça me berçait. Je dormais sur la boîte de vitesses, à l'arrière, entre les deux sièges. J'avais huit ans. 

Le père de Fanny a mis un point d'orgue à apprendre à conduire à sa fille, quitte à lui appuyer la jambe sur l'accélérateur pour lui faire prendre conscience de la vitesse. Et à lui confier son Alpine d'abord en conduite accompagnée, puis avec le fameux “A” collé aux fesses. Avouez qu'on en a tous un peu rêvé...

L'automobile est donc devenue naturellement le fil conducteur de la vie de Fanny. Aujourd'hui responsable communication d'un site d'essais d'un gros constructeur automobile, Fanny a été formatrice de conduite de sécurité et de conduite préventive, et est diplômée d'un BPJEPS qui lui a permis de travailler en tant que monitrice pour des marques prestigieuses.

Qui pourrait croire que ma Lombardi au bruit de bombardier ne fait que 47 chevaux ?

Fanny Valat

Une passion pour les modèles italiens

À 23 ans, elle s'offre sa première voiture avec sa première paie, il s'agit de la Lombardi 850 Grand Prix que vous voyez en photo : « Elle est basée sur la Fiat 850, elle ne fait que 47 chevaux, mais pèse 730 kg. C'est une propulsion et elle fait un bruit du tonnerre. Elle fait 6 cm de moins en hauteur qu'une Berlinette, elle passe sous les barrières de péage. »

On en recense 400 exemplaires dans le monde, seuls quatre d'entre eux foulent le bitume des routes françaises. On en trouve beaucoup en Australie, quelques-unes aux États-Unis, mais étonnamment très peu en France alors que la voiture était construite en Italie.

Au fil des ans, le garage de Fanny s'étoffe, exclusivement de modèles italiens. La plus vieille date de 1959, il s'agit d'une Vespa 400, vient ensuite une Fiat 600 de 1964, sa Lombardi de 1969, une Fiat X1/9 de 1979 (une Targa dans l'esprit des Porsche 914), une Autobianchi A112 Abarth de 1982. Sans compter quelques vieilles motos, des Mobylettes Motobécane AV 89 Chaudron, des Solex... Mais pourquoi des voitures italiennes ?

« Indéniablement, l'Italie possède une riche tradition de design automobile. Mes autos sont des modèles populaires, des voitures simples et vivantes à utiliser. Qui pourrait croire, en entendant arriver la Lombardi qui fait un bruit de bombardier, qu'elle ne fait que 47 chevaux ? Et pourtant, les sensations sont garanties à son volant. Mais attention je n'ai pas que des Italiennes, la Vespa 400 n'est pas une voiture transalpine mais bien une Française construite par ACMA, dans la Nièvre. »

Des voitures aussi belles que dure à entretenir

Fanny nous explique que ses voitures sont des grand-mères dont il faut prendre soin : « La Fiat 600 est celle dont je me sers le plus, c'est la plus fiable et j'adore sa bouille. Chaque année, nous faisons un périple avec notre bande d'amis, que des petites autos, la mienne est la plus grosse, c'est dire. Comme dit un ami : “Plus petite est l'auto, plus grande est l'aventure”. » Fanny nous explique qu'entretenir ces mamies nécessite beaucoup de patience : « J'ai par exemple mis plus de dix ans pour retrouver les baquets d'origine de ma Lombardi, et pour cela, il a fallu aller en Italie.

Il faut de l'ingéniosité, de la persévérance, il ne suffit pas de brancher une valise pour trouver la panne… Rien n'est facile, mais quel plaisir. Je dirais qu'une ancienne ça se mérite, c' est une philosophie de vie. » Sa Lombardi sort d'une restauration complète qui a duré trois ans : « C'est une auto artisanale et la grande difficulté a été de retrouver les pièces. En ce qui concerne la carrosserie, il a fallu reconstruire une partie des tôles. La partie électrique a été aussi compliquée, car nous n'avions aucun schéma constructeur. Au final, seule la mécanique n'a pas présenté de grosse difficulté. »

Le défi pour Fanny était de se rapprocher au maximum de l'original, jusqu'à retrouver sa peinture d'origine. Mais rouler en ancienne rime parfois avec petites galères : « Je pars acheter ma X1/9, nous sommes levés depuis 4 h du matin. Dès que nous  dépassons les 70 km/h, elle se met à chauffer. Il a fallu faire le reste de la route à 60 km/h, en plein hiver, sans chauffage, les yeux rivés sur la température d'eau. »

Même aventure avec la Fiat 600 qui peut tourner des heures sans chauffer. .. tant qu'on ne dépasse pas les 70 km/h : « Notre trajet Angers-Normandie a été très, très long, ponctué de nombreux arrêts, d'appoints d' eau pour le radiateur. J'ai compris plus tard qu'elle n'avait pas grand-chose, l'ancien propriétaire avait enlevé le ski sous-moteur pour que ça refroidisse mieux, mais c' est l' effet inverse qui se produisait. .. Mon conseil pour tous ceux qui seraient tentés d' enlever une pièce sur leur auto : si le constructeur l'a mise, c'est qu'il y a une bonne raison. ..

On a remis le ski et c'est maintenant une de mes voitures les plus fiables. Nous avons même parcouru plus de 1 000 km en un week-end. .. à 50 km/h de moyenne. C'est ce qu'on appelle la dolce vita." Fanny rêve d'une Ferrari 246 GT ou d'une Lamborghini Miura, le summum de l'art automobile à ses yeux. Totalement intouchables. Elle se laisserait donc volontiers séduire par une Fiat Moretti Sportiva : « Comme ma Lombardi, elle est basée sur la Fiat 850, sauf qu'elle ressemble énormément à une Dino, c'est une mini-Ferrari. C'est un rêve qui peut être accessible, mais elles sont extrêmement difficiles à trouver. »

Mes autos sont des modèles populaires, des voitures simples et vivantes à utiliser.

Fanny Valat