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Auto - Ferrari 250 GT Lusso : Ferrari, mi amor

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Auto - Ferrari 250 GT Lusso : Ferrari, mi amor
© Kevin Van Campenhout
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Les années 60 ne sont plus qu’à quelques encablures. Et les amateurs de sportives, des gentlemen drivers en quête d’une compagne plus conciliante au quotidien, se lassent de leur “daily”, trop typée circuit jusqu’alors. C’est l’avènement des coupés confortables, des GT. C’est dans cette évolution des mœurs que naît la Ferrari 250 GT Lusso, une des dernières représentantes de la lignée 250 pour le Cheval Cabré, plus spacieuse que la GT, stricte deux places contrairement à la 250 GTE et allégorie parfaite de l’expression “une main de fer dans un gant de velours”. Dessinée par Pininfarina et assemblée par Scaglietti, le coupé italien n’aura finalement connu qu’une carrière très courte, entre 1963 et 1964, durant laquelle seuls 351 exemplaires seront produits.

S’il fallait résumer l’œuvre de Pininfarina, cette 250 GT Lusso en serait le titre

Une rareté donc. Pour le reste, elle capitalisera sur son design qui la place encore parmi les plus grands chefs-d’œuvre du designer italien, et son V12 “Colombo” -du nom de son développeur - de 250 chevaux. Un savant mélange qui séduira, même de l’autre côté de l’Atlantique.Nous sommes en Amérique du Sud. Sur le papier, Daniel Marchand est rompu à l’exercice de l’investissement automobile. Pourtant, il n’a rien du propriétaire classique de Ferrari de collection. Né en 1993 seulement, vivant aujourd’hui au Mexique, il est à la fois discret et pourtant alerte dès qu’il s’agit de miser sur le bon lot. L’achat de voitures de collection est devenu son credo. Une foi pour la mécanique qu’il nous raconte que brièvement. Les seuls souvenirs qu’il partage, ce sont les virées à bord de la Mercedes 300 SL Gullwing de son père. Des road trips qui ont façonné son amour pour les véhicules de prestige. Privilégié, il le reconnaît volontiers. Même s’il avoue - non sans humour - ne pas comprendre pourquoi son père préférait sortir la 180 SL pour le déposer à l’entraînement de foot. Pour vivre heureux...

300, c'est le nombre d'heures qu'il a fallu à Barkaways pour retrouver le lustre de cette 250 GT Lusso

Les chemins de ce jeune passionné et de la belle italienne sont sur le point de se croiser. Un coup de pouce du destin que l’on doit à l’initiative d’un ami allemand de Daniel, très actif sur le marché des anciennes en Europe. Il aura suffi d’un coup de fil pour le mettre sur le coup. Daniel recherche depuis quelques temps déjà une 250 GT Lusso, mais il ne signera pas un chèque à n’importe quel prix. Il est prêt à se lancer dans d’importants travaux de restauration si le projet est viable, ou alors, à l’inverse, à casser sa tirelire pour un exemplaire d’exception. Finalement, ce sera un mélange des deux.Retour en Europe, en Angleterre. Chez Barkaways, on a fait de l’achat, de l’entretien et de la restauration de Ferrari une spécialité. C’est d’ailleurs probablement l’adresse la plus recommandable pour les riches amateurs de la marque italienne. Ian Barkaways, fondateur de la firme, reçoit un jour un appel venant de loin. Daniel a entendu parler d’une GT Lusso, prête à prendre la route. Après quelques échanges, la décision est prise de rendre à la “ritale” son lustre d’antan. Pour autant, cet exemplaire n’avait rien du tas de rouille. Complète, parfaitement fonctionnelle avec un historique connu (un seul propriétaire et tous les numéros de série des pièces correspondant au châssis sorti d’usine), le projet n’a rien d’une tâche herculéenne. L’objectif ? Retrouver un état concours.

La partie administrative effectuée, les équipes de Barkaways débutent le projet. Au total, plus de 300 heures auront été nécessaires. 18 mois durant lesquels Daniel suit le projet de loin, mais de près. Son seul désir qui éloigne la Lusso de son origine, la couleur. Il opte pour le Rosso Rubino, un bordeaux métallisé profond, riche en nuances et plutôt rare sur une Ferrari. Le propriétaire avoue encore aujourd'hui prendre un malin plaisir à la regarder sous différentes lumières pour en ressortir toutes les subtilités. A bord, ce sera un cuir Connolly, les meilleures peaux que l’on puisse trouver sur le marché, une combinaison camel là aussi voulue par le jeune acheteur.Mécaniquement, tout a été révisé, du moteur aux essieux en passant par la boîte de vitesses, les freins ou l’installation électrique. Le travail s’achève en 2015. Avec plus de trente prix gagnés en concours, plusieurs Lusso déjà restaurées, Barkaways n’en était pas à son coup d’essai. Dès sa présentation au Concours Salon Privé au Blenheim Palace, la GT Lusso retient l’attention.

L’année d’après, elle remporte des prix lors de concours d’élégance. Et tout cela, avant même que Daniel n’en ait pris le volant. Vivant dans une partie du monde où rouler en Ferrari ancienne est trop rare pour être “normal” , habitant d’une ville où les embouteillages ne sont pas compatibles avec l’utilisation quotidienne d’une telle voiture, Daniel a finalement décidé de la laisser en Europe. Barkaways restera finalement la nounou de la belle italienne. Seul le directeur est habilité à la faire rouler. Cette superbe Ferrari 250 GT Lusso vit littéralement dans une bulle pour la protéger des affres du temps.Créer le manque pour mieux se retrouver, qu’il disait. C’est ce que vit le jeune propriétaire, qui en a fait son “daily’” lors de ses voyages en Europe. Parce que oui, elle le suit partout lors de ses déplacements sur le Vieux-Continent. Trop peu pour un tel investissement ? C’est pire que ça. En février 2019, Artcurial a vendu aux enchères une 250 GT/L semblable pour la somme de 980 000 euros... L’amour...

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