Heroin Purr riding : road strip 

Ce surnom, c'est un peu le meilleur des deux mondes : il y a du Jack, du Jacquie Kennedy… Je suis un homme qui s'est incarné dans le corps d'une bombasse, tout simplement. Les bases sont posées… À 32 ans, Jacquie a déjà un parcours long comme un jour sans moto : « Je suis une touche-à-tout, avec pour but ultime d'être libre. J'ai compris qu'avec l'argent, tu pouvais t'acheter du temps. » Jacquie exerce plein de boulots, d'instit à agent immobilier, crée des boîtes, investit : « Quand tu fais les choses avec le cœur et un grand sourire, ça marche. Il ne faut pas avoir peur de travailler dur. »

Jusqu'au jour où elle peut s'arrêter de travailler et se concentrer sur ce qui lui plaît : « Je pars du principe qu'il faut savoir vivre pauvre pour être riche. Je sais me contenter de très peu. C'est pareil avec la moto, nul besoin d'être suréquipé pour kiffer. C'est une démarche vers l' essentiel. » En 2023, Jacquie découvre le but de sa vie : « J'étais dans une période très stressante, je ne faisais que fumer et boire du café.

J'ai pris ma moto, mon sac à dos, et je suis partie en solo découvrir les Alpes. C'était magnifique ! Le premier jour, je me suis dit que j'avais eu un accident sur le périph, que j' étais morte et montée au paradis. J'ai su que je voudrai faire ça toute ma vie. » Jacquie partage ce premier road trip sur les réseaux sociaux pour ses proches. À son retour, des gens la remercient de les avoir fait voyager : « Ce que je voulais transmettre, c'était qu'il y a toujours le soleil après la pluie. »

Je suis un homme tombé dans le corps d'une bombasse, tout simplement.

Jacquie

Démarrage moteur et montée en followers

La première fois que Jacquie monte sur une moto, c'est avec son père, elle a 10 ans : « J'adorais nos balades. L'adrénaline, la liberté, faire partie des éléments... Sur la moto, j'ai besoin de vitesse, pour avoir le bon défilement d'images pour mon cerveau, je suis dans le bon timing. » Elle découvre alors que son paternel veut benner sa vieille BMW R100 RT de 75 : « Je lui ai dit que j'allais la retaper. Mais je ne savais même pas où mettre les clés. Je n'y connais rien à la mécanique, mais tant pis, je me lance ! Je partage tout ça, ce n'est pas parce que tu n'y connais rien, ou que tu n'es pas équipé, que tu ne peux pas réussir à faire les choses. » Conseils, tutos et revue technique, la RT finit par redémarrer : « Je n'en revenais pas d'y être arrivée.

J'ai envoyé la vidéo à mon père, ça lui a fait des frissons. » Le 14 février, elle crée son compte Instagram et très vite, sa communauté explose : « Je garde le même ton que mes premières vidéos, je pense que c'est ça que les gens apprécient. Je ne veux pas être une influenceuse, rien que le mot me pose problème. » Jacquie filme avec son téléphone, fais le montage au bord de la route : « Le seul conseil que je peux donner, c' est d'être authentique. Aujourd'hui, on veut être proche des gens, voir des choses normales. Ça m'arrive d'être en galère, je le montre. Il n'y a pas d'enjeu, au pire je suis ridicule 

Sur les routes de France et d’ailleurs

Depuis, Jacquie “Croft” a enchaîné les road trips : une balade dans le Nord en plein hiver, avec un gang de bikers. « Je me suis dit que ça avait l'air bien galère, j'ai dit oui de suite. J'adore l'inconfort, c' est bizarre. » Viennent la Bretagne avec son père, l'Alsace, la Méditerranée en plein novembre : « J'ai eu 10 jours de pluie non-stop, l'intégralité de mon périple. J'ai adoré. » Elle est rentrée depuis peu du Sud-Ouest, de Hendaye à Perpignan, clôturant ainsi son tour de France, à la mode Jacquie : « Je prends mon Airbnb en dernière minute, ne programme pas mes visites… Je ne cherche pas à voir ce que tout le monde a déjà vu, mais à me laisser guider par l'imprévu, avec à la clé des aventures incroyables.

Comme le jour où dans un village de 200 habitants, le maire est venu voir ce que je faisais là. » Parmi ses plus beaux souvenirs, le col d'Izoard dans les Alpes : « Je l'ai fait trois fois de suite. C'est un paysage fantastique, ça m'a rempli le cœur. J'écoute de la musique quand je roule, je trouve que ça sublime les paysages. La musique, c'est un exhausteur de tout. »

J'ai découvert ce que je voulais faire de ma vie lors de mon premier road trip.

Jacquie

Hormis un petit plantage dans le sable pour aller voir la mer, Jacquie n'a pas trop galéré. Si ce n'est avec la pluie : « Je me retrouve au milieu de nulle part, à 22 heures, sous des rideaux d'eau. Je roule depuis 8 heures, je suis à 10 km/h en warning, la moto bouge dans tous les sens. J'aperçois une auberge au loin. Je me dis que si j'y arrive vivante, je me fais une coupe de champagne. J'ai vidé la bouteille. »

Tout cela nous amène à son bras en écharpe : « Après la BMW F 900 XR, je pars essayer une Honda Africa Twin. C'est une moto qui est censée traverser le désert, donc je me suis dit que ce petit chemin de campagne du 77, ça allait le faire sans problème. Je me suis mise dans une ornière, la moto s'est arrêtée net.

Je suis tombée, la tête a tapé, je suis restée sonnée quelque temps. La moto est haute, je suis grande, les deux cumulés donnent une clavicule. Mais dès que je suis guérie, je pars faire la Corse. Et je veux refaire le tour de France complet, cette fois-ci d'une traite, en trois mois. » Son rêve, le faire avec la BM « de papa » : « Mon père m'a dit : “Il y a un seul disque à l'avant… Ça ralentit, le reste, tu le fais avec les pieds. C'est mort.” Je sais qu'on peut ajouter un disque, j'espère que ça le fera changer d'avis. » D'autant qu'elle a un argument de choc : « J'ai eu la chance de rencontrer Anne-France Dautheville, la première femme à avoir fait le tour du monde à moto. C'est fou, c'était dans les années 70, avec une R 75. Ce serait un super clin d'œil. »