Motion - Norman Foster : L'art du mouvement
Les liens entre automobile, architecture et art, mis en valeur de la plus belle des manières : l'architecte star Norman Foster rêvait depuis longtemps de mettre en place une exposition retraçant ces histoires parallèles. Une exposition érudite et passionnante d'une histoire plus que centenaire. C'est le magnifique écrin du musée d'art moderne et contemporain Guggenheim de Bilbao en Espagne, signé de Frank Gehry, qui a accueilli cet été “Motion”, une mise en scène fouillée, érudite et passionnante d'une histoire plus que centenaire. Norman Foster est un grand spécialiste du design architectural et de l'ingénierie, lauréat en 1999 du prestigieux prix Pritzker d'Architecture. Parmi les réalisations phares du Britannique, on compte le viaduc de Millau ou le campus Apple Park en Californie.
Au fil des salles de l'expo “Motion”, il a voulu un ordre à la fois chronologique et thématique. Les débuts de l'automobile sont ainsi exposés sous un jour très sociologique, replongeant les spectateurs dans la contexte de l'époque, où les chevaux polluaient les villes et les ingénieurs débordaient d'idées pour développer de nouvelles technologies, y compris électriques, déjà, avec une médaillée d'or à l'exposition universelle de 1900, la Porsche Phaeton intégrant ses moteurs dans ses roues, conçue par le jeune Ferdinand Porsche (24 ans à l'époque), dont 305 unités seront construites. Voisin C7 Lumineuse (1924), Tata T87 et Chrysler Airflow sont certains des jalons qui symbolisent ici les débuts de l'automobile, aux côtés d'une maquette du Chrysler Building ou d'esquisses dépeignant l'aventure des premiers voyages automobiles par le peintre Pierre Bonnard. Puis de véritables sculptures automobiles sont mises sur un piédestal, comme une Bugatti Type 57SC Atlantic (1936) ou une Delahaye Type 165 de 1939, carrossée par Figoni & Falaschi en vue de l'exposition universelle de New York. Le parallèle est fait avec une sculpture de Henry Moore et un mobile de Calder, montrant tour à tour force et épure.
Mais la voiture est aussi un formidable engin populaire, mis à l'honneur avec des classiques (4L, Mini, Coccinelle, 2CV) et certains projets inachevés, comme l'auto minimaliste signée Le Corbusier, parallèle direct avec le monde de l'architecture. Nick Mason, batteur de Pink Floyd, est présent à deux titres : il expose sa très iconique Ferrari 250 GTO, et il signe une fascinante bande-son de moteurs historiques accompagnant le visiteur à sa sortie. Mais avant cela, il aura fallu prendre le temps de découvrir l'hallucinante collection de concepts de la partie nommée Visions. Retenons particulièrement la série des trois Firebird de General Motors (entre 1954 et 1958), futuristes à souhait avec leurs lignes d'avions de chasse, leurs moteurs à turbine, et même une première notion de conduite autonome. De quoi apprécier une autre perception de l'histoire de l'automobile à la lumière d'une riche mise en scène.
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