DeLorean Apha5 : Convecteur temporel

Réinterpréter ou singer, redessiner ou recréer, se projeter ou se replonger dans le passé : il existe différentes voies pour reprendre une marque, avec à la clé des critiques assurées dans tous les cas. Alors faisons abstraction un instant de ce qu'était la DMC-12 de John DeLorean, datant de 1975 avec ses lignes gentiment futuristes pour l'époque et sa carrosserie de métal brut brossé, si fragile. Plus de 9 000 exemplaires de cette auto passée à la postérité grâce au film Retour vers le Futur , avaient été construits. Une des voitures employées pour le tournage est d'ailleurs exposée au musée Petersen aux USA. Le projet qui nous occupe aujourd'hui reprend certes le principe de ses portes papillon, mais cette fois il s'agit de laisser entrer quatre passagers. Autres points communs avec le modèle des origines, le logo DMC pour DeLorean Motor Company et les persiennes de la lunette arrière. Mais l'allure générale de cette auto signée à nouveau du célèbre studio Italdesign est bien loin de la silhouette caractéristique d'origine. Le très long empattement de 2,90 m, souligné par l'unique porte très large latérale, donne une impression visuelle de grande longueur.

La largeur de l'auto atteint 2,04 m : attention dans les rues étroites et les parkings. Avec seulement 1,37 m de haut, l'Alpha5 est aussi particulièrement basse, histoire de souligner sa sportivité. Des bandes de LED, très tendance, assurent la signature visuelle de l'ensemble. Bizarrement, pas de rétroviseurs caméras au programme ici mais de bons vieux miroirs. Après une incursion dans le metaverse, ce sont les participants au concours d'élégance de Pebble Beach de ce mois d'août qui auront la primeur de la découverte de ces lignes. Et ils pourront juger si la marque se revendique à bon escient comme issue de la contre-culture (on ne sait pas s'il s'agit d'une allusion à la fin sulfureuse de M. DeLorean)... Quelques chiffres dans le désordre permettent de comprendre sa fiche technique typique d'une voiture électrique performante d'aujourd'hui, avec moins de 3 secondes de 0 à 100 km/h et 0 à 88 mph en 4,35 s, en clin d'œil au film dans lequel c'est la vitesse à atteindre pour un voyage dans le temps. Elle bénéficierait de 460 kilomètres d'autonomie grâce à une grosse batterie de plus de 100 kWh, aidée d'un coefficient aérodynamique performant de 0,23 pour ce grand coupé GT de 5 mètres de longueur. Dans l'habitacle, les quatre sièges baquets individuels semblent faits pour maintenir les passagers bien en place afin de résister à des performances élevées.

Les participants au concours d'élégance de Pebble Beach de ce mois d'août auront la primeur de la découverte de ces lignes. L'instrumentation est affichée sur un écran flottant particulièrement généreux, tandis que l'écran central incluant normalement les fonctions d'infodivertissement est situé dans le prolongement de la console entre les sièges avant, remontant sur une planche de bord claire et aérée. Basée à San Antonio au Texas, la nouvelle entité reste à l'état embryonnaire constaté avec de nombreuses start-ups automobiles électriques de luxe actuelles, en recherche d'investisseurs. L'avenir dira si l'aventure est viable. Peut-être serait-il mieux de ne pas pousser la nostalgie à reproduire l'échec industriel que fut la DeLorean Motor Company avec son usine irlandaise et ses problèmes de qualité récurrents, ne trouvant jamais un rythme de croisière permettant d'atteindre la rentabilité, avant que son patron ne connaisse d'autres problèmes avec la justice dans de sombres histoires de trafic de drogue. Aujourd'hui, une gamme complète est évoquée, comme c'était le cas dans l'ambitieux projet d'origine, mais laissons arriver déjà ce premier modèle en production, attendu à l'horizon 2024 pour quelques dizaines d'exemplaires.