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Mercedes-Benz 300 SL - Juan Manuel Fangio : Pot de départ

Publié le Écrit par La Rédaction
Mercedes-Benz 300 SL - Juan Manuel Fangio : Pot de départ
© RM Sotheby's
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On n'allait quand même pas lui offrir une cravate ou un stylo le jour de son pot de départ. Son employeur reconnaissant a trouvé une meilleure idée pour célébrer le droit à la retraite de son employé modèle : une 300 SL Roadster. Pas une miniature au 1/43e , une vraie. Le jeune retraité se nomme Juan Manuel Fangio. Le 24 juin 1958, après avoir soufflé ses 47 bougies dans un des salons du Dorchester, prestigieux palace situé sur Park Lane, à Londres, Fangio reçoit les clés d'une 300 SL Roadster bleu métallisé avec sellerie en cuir crème, la voiture n° 198.042.8500083. Non seulement il s'agit d'une pièce esthétiquement sublime, mais cet exemplaire a eu l'honneur d'être piloté par Fangio. Fangio affectionne ce cabriolet qui lui rappelle le bureau, mais en beaucoup plus tranquille. Il va beaucoup rouler avec sa 300 SL, parcourant plus de 70 000 kilomètres à travers l'Europe et l'Amérique du Sud.

MERCEDES-BENZ 300 SL Photos
© RM Sotheby's

Pour l'homme qui a maîtrisé les violentes 300 SLR (sport) et W196 (F1), la 300 SL paraît très civilisée, confortable, douce à conduire, facile à vivre, presque édulcorée ; elle ne manque cependant pas de caractère. Sous le long et beau capot nervuré, sont alignés six cylindres en ligne, flanqués d'étincelantes tubulures d'admission. Gavé par un système d'injection directe Bosch, le trois litres développe 215 chevaux. Sous le capot, il est incliné à 45° et sa lubrification est assurée par “carter sec”, tout ça pour limiter le maître couple et avancer le centre de gravité. La 300 SL Roadster a été lancée en mai 1957 pour succéder au célèbre coupé avec les portes ouvrant en “ailes de mouette”. Il avait pour mission d'être moins radical avec un accès à bord moins acrobatique grâce à l'abaissement du seuil d'ouverture des portes. En outre, la conduite à l'air libre faisait oublier l'atmosphère confinée et surchauffée du coupé. La carrière de la 300 SL Roadster s'achèvera en février 1963 au terme d'une production de 1 858 exemplaires.

MERCEDES-BENZ 300 SL Photos
© RM Sotheby's

Juan Manuel finit par remiser la 300 SL pour l'installer dans le musée qui ouvre ses portes en 1986 à Balcarce, la ville natale du pilote au nord de l'Argentine. Le Museo Fangio rassemble une belle collection de monoplaces de Grand Prix et de voitures de sport qui ont ponctué la carrière du champion, de Gordini à Maserati, en passant par Mercedes-Benz et Ferrari. Quelques F1 modernes y ont aussi trouvé leur place, dont une Renault RE30C de 1983 ! Dans la mémoire collective, Juan Manuel Fangio est resté l'archétype du champion même si d'autres pilotes ont après lui édifié des palmarès plus fournis. Quel chemin parcouru depuis ses débuts dans l'Argentine profonde avec des voitures de “Turismo de Carreteras”, des machines rudimentaires élaborées à partir de vieilles Américaines. Il gagna ses premières coupes au volant d'un coupé Chevrolet de 1941 ! On a aussi oublié que Fangio avait effectué plusieurs courses pour Amédée Gordini, en monoplaces comme aux 24 Heures du Mans, avant de courir pour des constructeurs plus installés.

MERCEDES-BENZ 300 SL Photos
© RM Sotheby's

Il est détenteur de cinq titres de champion du monde décrochés avec quatre marques différentes : en 1951 avec Alfa Romeo (trois victoires), en 1954 (deux victoires avec Maserati et quatre avec Mercedes-Benz), en 1955 (quatre encore avec Mercedes-Benz), en 1956 (trois victoires avec Ferrari) et en 1957 (quatre victoires à nouveau avec Maserati). Mercedes-Benz est donc redevable à Fangio de l'essentiel de sa suprématie en Formule 1, une seule course lui ayant échappé en 1955 au profit de Stirling Moss. En revanche, au cours de la saison d'endurance 1955, que domina la 300 SLR, Fangio connut moins de réussite et ne remporta aucune des trois courses du championnat qui sont revenues à Moss. En 1958, Juan Manuel Fangio dispute ses deux derniers Grands Prix, en Argentine et en France, sur une Maserati 250F. Il effectue son ultime tour de piste sur le circuit de Reims-Gueux où il est dominé par Hawthorn et Von Trips, sur leur Ferrari, et Moss sur une Vanwall. Il finit à la quatrième place et apprend à l'arrivée que son ami Luigi Musso n'a pas survécu à un accident au neuvième tour. Il est temps pour Fangio de raccrocher et de profiter du cabriolet 300 SL. ..

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