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La maison de Rhodes : La promesse de l’aube

Publié le Écrit par La Rédaction
La maison de Rhodes : La promesse de l’aube
© Mathieu Bonnevie
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Arrivée prévue vers 19 h. Parfait, une voiture vous attendra. .. Ça commence souvent comme ça dans les films, qu'ils soient du genre policier, romantique ou fantastique. Mais ça se passe également comme cela quand vous réservez une chambre à La Maison de Rhodes, un hôtel de charme situé dans le vieux Troyes, dans l'Aube. Thierry Carcassin se fait un malin plaisir à aller accueillir ses clients à la gare ou à l'aérodrome avec sa Jaguar XJR de 2001. « C'est la première surprise du séjour, explique Thierry. Nous sommes là pour offrir du rêve à nos clients et la Jaguar est beaucoup plus séduisante qu'un Viano ou un Trafic vitré. » Une fois enfoncés dans les sièges en cuir crème, les visiteurs peuvent se laisser aller à leur première découverte du vieux Troyes avant de s'installer dans la plus ancienne maison de la ville ! Tout a commencé dans les années 80 quand Thierry a fait l'acquisition de sa première voiture, une 2 CV dénichée dans la campagne environnante. En 1985, Thierry passe à l'autre extrémité de la gamme Citroën en s'offrant une DS. « Elle avait été refaite à neuf par son propriétaire, un papy avec qui j'avais sympathisé. » Mais Thierry part travailler à l'étranger et doit la vendre. « Ça fait partie des autos que je regrette », se lamente-t-il. De retour en France, il monte une société qui organise des séjours de ski pour les étudiants qu'il revend en 1999 pour filer un coup de main à ses parents. « Ils avaient acheté un vieux pâté de maisons à Troyes avec l'idée d'ouvrir un hôtel et j'ai participé à la rénovation des lieux. » On peut parler de reconstruction puisque la maison, qui date de l'an 1460, a été entièrement démontée, restaurée en atelier et remontée au même endroit ! 

Durant les trois années de travaux, Thierry chine les matériaux dans la région. Vieilles tomettes, vieilles tuiles mais aussi vieux fauteuils, vieux cadres et vieille vaisselle pour donner naissance à l'hôtel Le Champ des Oiseaux. « Ça a tout de suite bien marché car on est dans une cité médiévale, explique Thierry. Et, après s'être promené, c'est très agréable de s'endormir entouré de pans de bois anciens. » Rassurez-vous, il y a l'eau et l'électricité et beaucoup plus encore car l'établissement affiche avec fierté ses quatre étoiles. À l'époque, Thierry Carcassin prêtait sa MGB aux « amoureux » et cela lui avait valu un article dans la presse spécialisée. « Cette MGB, je l'ai gardée cinq ans et j'ai fait 150 0 0 0 km avec, se souvient le patron. Elle venait des USA et je l'avais achetée à un gendarme qui s'occupait de la sécurité de François Mitterrand. Il m'avait invité à conserver le sticker d'une “amicale” collé sur le pare-brise. Quand je me faisais arrêter, je disais que c' était mon frère et ça m'a sauvé la mise à plusieurs reprises. » Cette attirance pour les vieilleries qui sentent l'essence proviendrait d'un oncle qui roulait en Jaguar Type E ou en berline 3,8 l. « C'est aussi pour des raisons économiques, précise Thierry. À l' époque, ces voitures ne valaient rien et pouvaient être fiables. Et puis se pointer à une fête avec une Austin Healey, cela avait plus d'allure que d'arriver en 205 GTi. »

La clientèle est à la recherche d'une vision romantique de l'art de vivre à la française. Motivé par le succès de ce premier établissement, Thierry brûle d'envie d'en ouvrir un autre ailleurs. « Pendant un an, j'ai fait le tour de la France, se souvient l'entrepreneur. J'avais trouvé quelque chose à Limoges. C'est une ville de passage pour les Anglais. Et puis, quand on est à New York et qu'on pense “porcelaine”, on pense “Limoges”. » Il imagine avoir trouvé la maison idéale mais elle se révèle trop petite. Son père lui dit alors qu'il est bête et qu'il devrait chercher à Troyes. « Pour finir, j'ai acheté une maison en ruines, juste à côté de l'hôtel de mes parents » , confesse celui qui n'a possédé qu'une voiture “moderne” dans sa vie - « une Volvo break quand j'ai eu des enfants. » Située en plein cœur historique de la ville de Troyes, au pied de la cathédrale et de l'ancien évêché, cette demeure à pans de bois est une ancienne possession templière dont les fondations datent du XIIe siècle. Appartenant aux chevaliers de l'ordre de Malte, c'est sous le nom de Maison de Rhodes que cette propriété traverse les siècles jusqu'à nos jours. En cherchant un peu, vous trouverez quelques vieux numéros d' posés sur une table.

Celle qui fut, tour à tour, couvent de bonnes sœurs et maison de chanoine exigera trois années de préparation et deux de travaux pour devenir un hôtel cinq étoiles s'ouvrant sur un jardin médiéval et une cour intérieure pavée. En 2005, Thierry Carcassin ajoute un petit restaurant, commun aux deux établissements. « On y fait une cuisine simple avec des produits bio et locaux, explique Thierry. La plupart de nos clients viennent de l' étranger et leur proposer une blanquette à déguster à côté de la cheminée correspond exactement à leur vision romantique de la France. » Avec une carte limitée (deux entrées, deux plats, deux desserts), Thierry ne chasse pas les étoiles mais cherche à faire plaisir à ses clients. « On doit les chouchouter, leur faire oublier les soucis du voyage ou leurs petits tracas. Mais, en général, dès qu'ils pénètrent dans la chambre, il y a un effet “whaooooooou” qui les submerge. » Avec quelques numéros d' Auto Heroes posés sur une table ou quelques beaux livres sur l'automobile rangés dans la bibliothèque, les fanas de vieilles voitures sont comme chez eux. L'automobile ancienne facilite la discussion. « On a beaucoup de clients avec de vieilles voitures - souvent des Porsche - qui viennent visiter la région, constate le chef d'entreprise. Quand j'avais encore la MGB, un client m'a fait parvenir le manuel d'entretien Haynes. » Aujourd'hui encore, Thierry bichonne ses autos : une Mercedes 500 SL de 1992 avec seulement 89 000 km au compteur, une VW Golf GLi de 1985 avec la direction assistée (une option rare à l'époque) qui ne totalise que 98 000 km et une Porsche 356. « Je préfère une voiture dans son jus, avec une histoire, explique l'amateur de belles autos. Quand j'ai trouvé la Mercedes, elle avait des pneus carrés et des souris s' étaient installées sous le capot. Il a fallu la réveiller comme une vieille princesse. 

Thierry, qui songe à se séparer de la Golf cabriolet, souligne que, malgré ses 35 ans, la GLi a le comportement d'une voiture d'occasion bien entretenue. « Ce sont des autos qui permettent de se fondre dans la circulation moderne tout en supportant les innombrables ronds-points et les stupides dos-d' âne. » Pour remplacer l'Allemande, Thierry lorgne du côté d'une GTi française. « J'aimerais bien une Peugeot 205. Récemment, je me suis fait souffler une très belle CX 2400 GTi. Ce sont des voitures qui ont marqué leur époque. » Thierry Carcassin, qui a conservé les Solido et les Norev de son enfance (à son grand désarroi, ses garçons préféraient jouer avec des Duplo), vient de s'acheter une Harley des années 80 (encore) pour la ranger à côté de la Honda CB 750 qu'il restaure avec trois de ses potes. « En général, dès que les clients pénètrent dans la chambre, il y a un effet “whaooooooou” qui les submerge. » « La moto, c'est une histoire d'amitié, confie Thierry. J 'a i découvert la moto sur le tard et j'aime rouler en groupe. » Avec ses amis, ils sont descendus aux Wheels and Waves de Biarritz, un périple de 1 800 km aller-retour. « Pour l'occasion, j'avais une BMW R NineT Scrambler. » À la tête de La Maison de Rhodes, classée par le Times parmi les cinquante hôtels de charme en France, Thierry Carcassin est un homme comblé qui regrette juste que ses enfants ne soient pas aussi dingues de bagnoles que lui. Mais il le dit avec un grand sourire.

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