Lara « That Porsche girl » : Refroidissement par hair

« Les Porsche sont l'expression parfaite d'un mélange de beauté, de précision et de sensations. » Elle est blonde, les cheveux longs, le visage bronzé et le look californien, même si elle est née à Seattle, dans l'état de Washington. Habillée tout de noir, avec un corps de mannequin, elle exprime à la fois confiance dans sa démarche et modestie dans son parler. Son nom ? « Lara, comme Lara Croft », précise-t-elle. Mais sur Instagram, elle est connue sous le surnom de Lara, that Porsche girl. Aux États-Unis, elle est devenue l'égérie de la marque de Stuttgart. Sa profession ? Elle est “precision driver”. En Californie, c'est une occupation liée à l'industrie du cinéma, comme la plupart des métiers à Los Angeles. Chaque fois qu'une actrice doit conduire une voiture au millimètre près, on fait appel à Lara. « J'ai ainsi doublé des actrices comme Julia Roberts, Renée Russo, Jennifer Connelly, Mary-Louise Parker ou Diane Keaton » , lâche-t-elle en passant. Elle habite Newport Beach, une banlieue chic au sud de Los Angeles et est venue en empruntant la Pacific Coast Highway en bordure de mer au volant d'un Macan S. « Comme je suis toujours en retard, j'ai fait quelques excès de vitesse » , admet-elle avec un sourire désarmant. C'est à l'âge de douze ans que Lara a eu le coup de foudre pour une Porsche. Une amie de sa mère, femme d'affaire et indépendante, pilotait une 911, à une époque où le sexe féminin ne conduisait généralement pas de véhicules rapides.

« C' était la première fois que je voyais une femme au volant d'une voiture de sport qui n' était pas celle de son mari » , se rappelle-t-elle. Une image qui reste dans l'esprit de la petite Lara qui se promet alors d'acheter un jour une Porsche. Un rêve qui prendra des années avant de se réaliser. Élevée par une mère très stricte et hyper religieuse, l'enfant devenue rebelle doit attendre seize ans - l'âge légal pour passer son permis dans beaucoup d'états aux US - pour savourer un début de liberté. « Ma première voiture a été une Coccinelle d'occasion de 1964, moteur 120 0 cc, batterie 6 volts, car c'est tout ce que je pouvais me payer, avoue-t-elle en se rappelant les pannes fréquentes. Elle consommait plus d'huile que d'essence ! » Lara en explose d'ailleurs le moteur en traversant la Californie d'une seule traite, du nord au sud. Une façon efficace de se familiariser avec la mécanique. Partie ensuite vivre avec son boy-friend à Vail, dans le Colorado, c'est à lui qu'elle doit son inscription à un concours de beauté au centre commercial du coin. Concours qu'elle gagne haut la main. Lara deviendra donc modèle. Et tant qu'à faire, autant aller à la Mecque du mannequinat, New York City. Déménagement sur un coup de tête, deux ans de défilés de mode et de photo shoots avant de revenir sur la côte ouest pour retrouver le soleil de Californie qui lui manquait. Mais le travail de modèle est bien trop passif pour Lara qui préfère l'action à la routine du “sois belle et tais-toi” familière au mannequinat. Elle s'essaye d'abord au métier d'actrice et joue dans des films de série B. Là, elle rencontre Greg Elam, l'entraîneur d'Eddy Murphy, qui va l'initier à la cascade et la conduite rapide. Puis, délaissant le monde des tonneaux et des dérapages contrôlés pour se concentrer sur le pilotage de précision, elle sera doubleuse pour les actrices qui ne veulent pas prendre de risques ou, tout simplement, n'ont pas leur permis, comme Mary-Louise Parker sur le tournage de Grand Canyon . « Vous êtes la personne qui, à grande vitesse, évite la caméra à la dernière seconde, c'est aussi simple que ça » , explique-t-elle en riant.

Avec ses maigres économies d'actrice/pilote, elle s'achète enfin sa première Porsche à Newport Beach où elle a choisi de vivre. Elle se souvient de ce jour comme on se rappelle d'une séance d'intronisation. « Je venais de rompre avec mon copain et j'avais besoin d'un remontant. Je suis allée directement chez le concessionnaire Porsche et j'ai demandé s'il avait une Carrera décapotable noire d'occasion (déjà sa couleur préférée). Il m'a répondu qu'il y en avait une, mais qu'elle avait besoin d'être lavée. Pas question, ai-je dit, je veux l'essayer telle quelle ! ». « Je suis aussi excitée à la vue d'une Porsche que certaines femmes le sont à la vue d'un sac à main. » Après un test concluant, elle donnera cinq minutes au vendeur pour accepter le prix qu'elle voulait y mettre, 69 000 $ max. Elle repartira au volant de sa nouvelle acquisition. Une voiture qu'elle gardera sept ans. Depuis, Lara collectionne les Porsche. Dans son garage à Newport Beach, est garée une 911T de 1969, restaurée et repeinte en vert pâle avec l'aide de son nouveau compagnon, Lee, une couleur que Porsche pourrait d'ailleurs rajouter à son catalogue et l'appeler “Lee green”. « Il y a tant d'amour dans cette 911, commente Lara. Il n'y a pas un boulon que Lee ou moi n'ayons pas touché. .. Je la considère comme ma bague de fiançailles ! » A côté, il y a une 911 Turbo 3.3 génération 930 de 1982, que Lara ne partage avec personne. Et il y a le Macan S de 2015, pour faire les courses et les trajets quotidiens. Lara croit profondément en l'adage « Dis-moi ce que tu conduis et je te dirai qui tu es. » D'ailleurs, toutes ses conquêtes sentimentales ont commencé derrière le volant. Lara change aussi de personnalité selon la voiture qu'elle conduit. « Avec la Macan, je conduis tranquille. Avec la 911T, j'aime faire du cruising mais en poussant parfois le moteur. Par contre, avec la 930 Turbo, le démon de la course reprend toujours le dessus ! », dit-elle en éclatant de rire. Sa passion de la vitesse lui a d'ailleurs valu pas mal de contraventions qu'elle a réussi à faire sauter pour la plupart, le système californien offrant l'option de contrecarrer par une déclaration écrite qui ne peut être contestée que par le policier qui rédige l'amende. Dans un bon nombre de cas, le prix du PV lui est remboursé, le flic ne répondant pas toujours à la déclaration écrite. « Tant que cette échappatoire durera ! » , dit-elle en croisant les doigts.

Les Porsche sont pour Lara une drogue, comme le shopping le serait pour une autre femme. « Je suis aussi excitée à la vue d'une Porsche que certaines femmes le sont à la vue d'un sac à main » , confie-t-elle. Elle trouve dans ces belles mécaniques allemandes la somme de tout ce qui la comble psychologiquement. « Pour moi, c'est l'expression parfaite d'un mélange de beauté, de précision et de sensations fortes. » Si elle apprécie les autres voitures de sport, elle reconnaît aussi leur faiblesse. « Avec les Ferrari, c'est la chaîne de distribution qui casse, avec les Maserati, ce sont les leviers de siège qui vous restent dans les mains. Alors qu'avec les Porsche, ça démarre toujours au quart de tour, c'est solide tout en étant sophistiqué. » Ce qui n'empêche pas Lara de rêver à d'autres voitures de haut de gamme. « Quand j' étais petite, j'aurais aimé avoir une Lamborghini Countach 50 0 0 toute blanche, y compris les roues. Maintenant, j'aimerais m'acheter une Aston Martin DB5 mais si on m'offre une Ferrari F40, je ne la refuserai pas non plus ! » , précise-t-elle avec un sourire entendu. Paradoxalement, si Lara conduit principalement des voitures allemandes, elle se sent tout de même plus proche de la culture française. « J'ai vécu plusieurs années avec un Français, j'ai donc appris à apprécier le style “frenchy”. » Qu'elle ait appris la langue de Descartes au lycée a aussi aidé ce choix. Elle se souvient encore de la conduite sportive de son amoureux de l'époque, au volant d'une Renault 5 Turbo, arrivant à faire décoller sa voiture dans les rues de Beverly Hills. Elle est d'ailleurs restée proche de la culture française, ayant été invitée à participer au rallye ProRider GT Cruising Paris-Monaco avec Gerry Blyenberg, présentateur de l'émission télé Wheeler Dealers. Au volant d'une Porsche, Laura aimerait aussi participer au Rallye des Princesses Richard Mille et bien sûr au Mille Miglia. Avant de se quitter, Lara confie qu'une mission lui tient à cœur : ouvrir le plus possible le monde des voitures de sport à la gent féminine. Donner aux femmes une nouvelle forme d'émancipation en les encourageant à conduire des mécaniques jugées parfois intimidantes. « Je veux que les femmes se sentent à l'aise dans ce milieu traditionnellement réservé aux hommes, et si je peux les inspirer, j'aurai accompli mon rêve le plus cher ! » , conclut Lara avant de repartir sur la Pacific Coast Highway au volant de sa Porsche. Un rêve qu'on ne peut que partager. « Il n'y a pas un boulon que Lee ou moi n'ayons pas touché. Je considère cette 911 comme ma bague de fiançailles. »