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Alpine Ravage « Groupe 4 » : Berlinette revival

Publié le Écrit par La Rédaction
Alpine Ravage « Groupe 4 » : Berlinette revival
© Rémi Dargegen
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Les “Ravagés” revendiquent une création sans contraintes, animée par la passion... Non, c'est l'état d'esprit, à la fois très rigoureux dans son approche technique mais aussi libre et passionné, qui nous a replongés dans une époque où l'on créait des autos avant tout pour le plaisir qu'elles pourraient procurer. A l'origine de l'Alpine Ravage “Groupe 4”, se cachent d'une part un designer et un ingénieur metteur au point ayant travaillé pour de grands constructeurs automobiles, d'autre part un gentleman driver amateur d'automobiles décalées. Comme le dit Paul (un prénom d'emprunt car cette voiture est née de façon quasi clandestine) : « En réalité, ce projet s'est imposé à nous. J'ai toujours aimé les autos, une passion familiale, mon grand-père siégeait à la FIA, mon père a couru en coupe Gordini et, très tôt, j'ai couru en karting puis en monoplace. » A force de bidouiller des autos, Paul est devenu ingénieur pour des grands constructeurs avec comme jardin secret la modification des autos, « car je conçois une voiture comme une base de travail offerte à des passionnés pour aller jusqu'au bout de leurs rêves. » Quand la nouvelle Alpine A110 est sortie, celle-ci a très vite été plébiscitée pour son dessin, sa légèreté et sa maniabilité, comme l'A110 originelle qui avait connu de nombreuses évolutions jusqu'à l'A110 Groupe 4 aux ailes bodybuildées, celle qui avait gagné le championnat du monde des rallyes. Dès lors, nombreux seront les “Alpinistes” à transformer leur Alpine en Groupe 4, d'abord pour courir puis uniquement pour des questions de style. Ce sera particulièrement vrai pour l'A310 où Renault ira jusqu'à proposer ce look sur une A310 de série, la GT. Si la Ravage semble s'inscrire dans cette lignée qui avait progressivement disparu, elle le fait avec une rigueur de conception et de fabrication extrême.

Comme le précise Paul : « Nous avons appliqué les standards de l'automobile actuelle en partant d'un sketch avant de concevoir les gabarits, puis de créer une demi voiture à l' échelle un en clay avec l'appui de deux modeleurs. Nous avons ensuite scanné la clay pour retravailler les surfaces numériquement avant d'usiner des moules en mousse tendre. C'est alors que nous avons obtenu les pièces définitives, soit un total de trois ans de travail. » Quiconque connaît ce processus sait à quel point il est coûteux. Paul souligne alors : « Nous avons tout financé en fonds propres pour garder notre indépendance. Cela a été rendu possible en collaborant avec des partenaires qui nous ont fait confiance et ont cru au projet. On ne les remerciera jamais assez. » De même, l'A110 qui a servi de base était une auto d'occasion récente et peu kilométrée. La volonté a aussi été de justifier chaque euro investi dans l'auto. Ainsi, si les ailes arrière sont en carbone, celles à l'avant sont en fibre de verre renforcée carbone, « car le tout carbone revenait beaucoup plus cher sans que cela n'apporte un vrai gain de poids ». De même, portes et capots sont restés standard et il n'a pas été question de modifier les éléments structurels d'homologation de l'auto comme les freins, l'airbag... Si certains préparateurs étrangers ont déjà modifié assez largement le moteur de l'A110, la Ravage s'appuie selon Paul « sur une préparation légère avec l'appui de vrais motoristes, un peu plus de 30 0 chevaux contre les 290 d'origine, car la fiabilité a été notre priorité. Il n'est pas impossible qu'on aille beaucoup plus loin à l'avenir avec le pape mondial du moteur quatre cylindres qui est français. » Car la Ravage est quasiment 100 % made in France, au prix d'un très long travail de sourcing, comme les jantes faites sur-mesure en aluminium taillé dans la masse avec voile inox par une société à la pointe dans ce domaine.

L'échappement a lui été réalisé par un ancien chef mécano du HRC Honda qui a aligné Dakar, Bol d'Or et Le Mans, les pneus sont des Michelin Pilot Sport Cup 2... C'est dans les détails que se construit la différence et certains éléments purement esthétiques ont été extrêmement longs à trouver : « La grille avant en nid d'abeille aluminium, c'est six mois de recherche ! Quant aux haubans sous les phares arrière décoratifs, ils sont faits en carbone, du sur-mesure. » Certains éléments visuels comme les bavettes sont directement issus du rallye, « les bavettes, ça rappelle la Lancia 037 qu'on adore, l' échappement, la Stratos ou les Alpine bien sûr. » L'auto dont la couleur bleu Pozzi a été choisie par le propriétaire n'est pas un show car, plus de 3 000 kilomètres ont été parcourus à son volant et ils ont prouvé la validité des choix opérés par le trio : « L 'auto est d'une précision impressionnante, plus directive grâce à son centre de gravité abaissé, ses amortisseurs réglables deux voies, les “chaussettes” larges et les voies augmentées. » Si l'intérieur n'a pas évolué, le trio regorge d'idées pour le personnaliser. Quant à la suite, on sent une réelle volonté de ne pas en rester là : « Si cette auto est à la base un one-off, on pourrait la décliner. Une fois la première réalisée, tant les coûts que les délais deviennent raisonnables, de l'ordre de trois mois maximum. » Enfin les “Ravagés” ne semblent pas contre établir un label un rien iconoclaste qui pourrait travailler sur d'autres bases avec le même ADN, celui de la passion et de la création sans contraintes au service du plaisir du pilotage. « C'est un projet de passion complet qui s'est imposé à nous, le choix de l'Alpine était aussi une évidence. »

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