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The Lonely State : Rust in peace

Publié le Écrit par La Rédaction
The Lonely State : Rust in peace
© Philippe Vitry
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Lonely State est un road-trip en moto à travers les USA. A peine le permis en poche, Philippe Vitry rejoint son frérot résidant aux States pour fêter dignement leurs “driving licences” encore toutes fraîches. .. avec son appareil photo. Philippe a toujours été passionné de photo mais il est photographe à temps plein depuis seulement un an : « J'ai fait prépa école de commerce puis un master en marketing du luxe. Ensuite, j'ai travaillé chez une styliste puis chez un bottier à Paris. Enfin, j'ai créé une start-up avec mon pote d'enfance, une sorte de Airbnb de la fête. » Au cours de ces expériences, il se rend compte que ce qu'il pratique le plus c'est la photo : « Chez la styliste, j'étais censé faire un stage de vente et je me suis retrouvé à photographier sa nouvelle collection. Chez le bottier, je suis venu faire du marketing mais ils avaient un produit splendide et personne pour faire des publications sur les réseaux sociaux. J'ai donc pris pour moi la mission de faire des photos. Et même pour ma start-up, j'ai fini par créer du contenu pour des sociétés de vins et spiritueux. » Petit à petit, ses photos sont publiées dans The Rake, GQ. Ça motive l'artiste en herbe à se lancer dans la photo à temps plein.

« J'ai eu l'impression de saisir un petit trésor qui pour moi symbolise tout un pays. »

Son premier souvenir photo remonte à un voyage à New York quand il est en 3ème. Il prend l'appareil photo de ses parents pour rapporter des souvenirs de leur voyage. Lors de son deuxième déplacement aux Etats-Unis, à San Francisco, à l'âge de 18 ans, il emmène son cadeau de Noël, un Casio Exilim, son premier appareil photo. C'est sur le chemin du Golden Gate qu'est né le projet photographique “he Lonely State”, quand Philippe Vitry se retouve nez à nez avec deux vieilles voitures typiquement américaines au détour d'une allée verdoyante et à l'ombre d'un pavillon. Une première rencontre marquante dont se souvient encore très bien aujourd'hui le photographe : « L'une était bleu pétrole et l'autre verdâtre, à ce moment-là, j'ai eu l'impression d'avoir saisi un petit trésor qui, pour moi, symbolisait alors tout un pays. » Depuis, il est guidé par cette envie de quitter les sentiers battus et de trouver des “à-côtés” sur sa route, comme de vieilles carcasses de voitures. « Que ce soit aux Etats-Unis avec “he Lonely State” ou sur les routes sinueuses d'Albanie, les rencontres mécaniques ont toujours rythmé mes voyages. Ces vieilles carcasses abandonnées sur le bord de la route me fascinent, rouillées ou cabossées, ce sont les vestiges de notre société moderne. » Philippe est influencé par la peinture, le cinéma - ce qu'on ressent dans sa production - il cite notamment les films Bienvenue à Gattaca, In the Mood for Love ou les peintures en clair-obscur du Caravage : « Ce sont des univers desquels j'essaie ensuite de me rapprocher. J'ai découvert au lycée quelques photographes dont les expos m'ont marqué comme Bettina Rheims ou Erwin Olaf. » Pour son road trip, Philippe part avec un Canon 5D et un 35 mm. Il ne travaille qu'avec des focales fixes. Il commence avec un 50 mm : « Je souhaitais une faible ouverture. J'ai d'ailleurs beaucoup apprécié ce côté “c'est à toi de bouger”. J'aime styliser mes images au flash, à la manière d'un Philip-Lorca diCorcia, mais c'est compliqué de trimballer du matériel quand on voyage à moto. Parfois j'ai shooté sur la moto, il y avait un côté “tout est dans la sacoche, on ne s'embête pas trop”. Cela dit, j'emporterai peut-être un zoom et un trépied lors d'un prochain road trip. » Philippe travaille ses photos sur Lightroom. Pour cette série, il a cherché à donner un côté sombre à ses clichés, pour coller au côté désuet et abandonné : « Avec ces carrosseries abîmées, ces paysages, on est dans des tons verdâtres, un peu ocres. J'aime tout ce qui est très désaturé, je ne voulais pas représenter les USA de manière pop ou colorée .» Chaque soir de son périple, Philippe traite ses photos dans sa chambre d'hôtel, il y applique un traitement sous-exposé : « J'adore ce moment où l'image se dévoile. Il y a pas mal de possibilités aujourd'hui, on peut vraiment donner un look particulier à ses images. C'est la partie qui se rapproche du domaine pictural de la peinture. L'idée est davantage de donner une personnalité à l'image. »

S'écarter des sentiers battus permet de faire des rencontres mémorables.

La personnalité de ses photos tient aussi dans leur originalité, loin des clichés justement. Son truc ? Ne pas aller dans les endroits trop connus et se laisser dériver, aller explorer. .. Sa sélection finale est bien souvent différente de ce qu'il avait prévu de photographier au départ : « Je me donne un point de chute mais je me laisse aussi le temps de voir ce qu'il y a sur le chemin. » C'est ainsi qu'en plein désert, entre la Californie et le Nevada, au croisement de nulle part, à Nipton, Philippe découvre une curieuse machine. Sur un châssis de Volkswagen, se détache une soucoupe volante de fortune, coiffée d'une banière étoilée en piteux état. Tout un symbole. Ailleurs sur la route de la Death Valley, non loin de Parhump, une vieille Dodge verdâtre attire l'œil du photographe. Après un U-turn, voici le garage de Steve, le Top Notch Repairs, connu pour ses restaurations et ses customisations. Une Mustang à l'abandon, une autre complètement désossée et une montagne de pièces détachées, autant de vieux bijoux qui attendent une seconde vie. Ailleurs encore, Blanding, en Utah, est une ville qui pourrait se situer à la fois partout et nulle part. C'est en réalité une des dernières Dry City du pays où la prohibition est toujours en vigueur depuis plus de 80 ans. Et justement, c'est comme si le temps s'était figé dans cette petite bourgade de 3 000 habitants. Là, Philippe découvrira une vieille Nash Ambassador rouillée, dont il peine à retrouver la couleur originelle. Le photographe entretient vraiment un rapport à la fois esthétique et charnel à l'automobile. Depuis tout petit, quand il voit une voiture, il s'imagine qu'elle a quelque chose à dire : « Je ne suis pas très calé en mécanique et c'est vraiment le côté vintage qui m'attire. Dans un trip comme celui-ci, je trouve fascinantes ces voitures qui sortent de nulle part, un peu comme des meubles dans le désert, ancrées dans le paysage. Il y a souvent une émotion qui passe. Que ce soit avec une Mustang rutilante ou une autre qui est complètement désossée, tu imagines plein d'histoires. A qui a appartenu cette voiture ? Qu'a-t-elle vécu ? » Philippe Vitry regrette de n'avoir pas pu aller plus loin parfois. .. Comme la fois où il n'a pas frappé à la porte du propriétaire de cette vieille Mustang blanche : « J'aimerais retourner sur place et prolonger cette série pour y apporter de l'humain, prendre le temps de parler avec les gens, faire des portraits, aller plus loin dans l'histoire. » De ses premiers voyages aux US, ce sont déjà ces vieilles bagnoles que Philippe avait retenues. La partie Amérique abandonnée, rouillée, désuète, s'est imposée naturellement pendant son trip : « J'ai pris conscience de cela pendant mes trajets en moto. J'avais en tête d'écrire un livre pour accompagner ces photos. Le titre, la préface, je les ai écrits dans ma tête sur ces longues lignes droites qui durent des heures et où tu as le temps de penser. .. » « Une Amérique désenchantée où le rêve américain semble ne s'être jamais pleinement exercé. »

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