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Runge RS010 : métal hurlant

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Runge RS010 : métal hurlant
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La rencontre s'est faite lors d'un rassemblement à Laguna Seca en 2017. Ralph est un grand collectionneur de voitures de Chicago, très respecté dans le milieu. Il s'intéresse notamment aux voitures européennes, il a par exemple une Alpine A110 de rallye dans sa collection cumulée en une trentaine d'années. Christopher Runge, lui, offre un travail unique avec ses créations (voir Auto Heroes 08). Sur le circuit californien, il expose sa RS Spyder, sixième voiture de l'autodidacte du Minnesota. Le client l'a vue, il s'est assis dedans et a dit : « J'en veux une ! » Aussi simple que ça...

Sauf qu'une voiture signée Runge Cars ne se commande pas sur un catalogue. C'est une co-création entre le client et l'auteur, un long travail de concert de 18 mois dans lequel le plaisir de créer un modèle unique a toute sa part. Un dialogue. Une philosophie. Le départ d'une histoire.

Chris s'intéresse alors au passé de son nouveau client qui, dans sa jeunesse, voulait être mécanicien d'aviation. Il a toujours collectionné des pièces en provenance d'avions et on retrouvera des voyants et commandes de bord aéronautiques dans le cockpit de son auto. Les origines italiennes de son client seront retranscrites dans le traitement du dessin de l'avant et, surtout, de l'arrière de son coupé inspiré du Spyder qui a tant plu à Ralph.

« Je peux faire les ajustements que je veux, on a beaucoup échangé avec le client au cours du projet, explique Chris. Par exemple, les portes étaient déjà faites mais nous avons choisi de modifier leur partie supérieure pour qu'il puisse mieux entrer à bord. On a simplement scié la carrosserie. La voiture peut être faite comme on veut. J'adore le fait que le client soit impliqué comme cela dans la construction. »

Ainsi, Chris est parti du design de la RS, puis il a essayé différentes formes de toit (Ferrari, Porsche 910, puis 906 qui a été retenue comme inspiration) qu'il a dû adapter.

Il a donc commandé un pare-brise de 906, et c'est lui qui a guidé la ligne du toit, formée au fur et à mesure, sans dessin précis. Pour la partie arrière, il a retravaillé deux grilles de capot de 911 ! Elles sont amovibles et ainsi, en une demi-heure, on peut accéder au moteur et le sortir.

C'est la Porsche 550 qui préside au style de la partie arrière. « C'est comme créer un puzzle, mais à l'envers », explique Chris.

Le châssis tubulaire acier, construit dans un atelier partenaire du Minnesota, est basé plus ou moins sur celui du 550 Spyder, allongé pour plus de stabilité et d'habitabilité. Les amortisseurs Koni, à la hauteur et l'amortissement ajustables, veillent à offrir un bon confort, tandis que le freinage est confié à des tambours de Porsche 356 B, modifiés pour plus de ventilation et allégés. Les roues sont signées TecnoMagnesio, constructeur de roues racing dans les années 50. Elles sont montées de Pirelli CN36, traditionnels, qui donnent une excellente tenue de route selon Chris. Mais la pièce maîtresse est bien entendu le moteur central, dont la construction (uniquement à base de pièces neuves) est assurée par le spécialiste californien John Randolph. Il s'agit d'un 4 cylindres de 2.3 proche dans l'esprit de ceux des 356 et Beetle Type 1, développant la bagatelle de 195 chevaux.

« C'est ma meilleure réalisation à ce jour. Si ce sentiment ne venait plus, alors il serait temps pour moi de m'arrêter. »

L'alimentation est confiée à des carbus Weber et la boîte 4 transverse est dotée de rapports longs, pour offrir une vitesse de croisière autour des 140 km/h, avec des pointes possibles à 240 ! Avec 195 chevaux pour 680 kilos sur la balance, pas étonnant que lorsqu'on lui demande un mot pour qualifier cette auto, Chris réponde : « Performance ! »

Des sensations exacerbées par l'ambiance dans le cockpit, mariant métal brut, structure apparente et cuir rouge brique en provenance d'Italie. Le volant (amovible pour aider à l'accès à bord, comme en course) est une pièce remarquable, lacé de cuir de même coloris, formé à la main en aluminium, comme la carrosserie. Il est inspiré par le designer Franco Conti qui faisait des volants dans les années 60. Les sièges ajustables sont voulus particulièrement confortables malgré les apparences, pas tant par leur rembourrage (fin, il est vrai) que par leur forme. Les voyants viennent de cockpits d'avions, fournis par le client, comme certains boutons de commandes.

Climatisé (nous sommes aux US. ..), l'habitacle se veut très confortable, avec une excellente insonorisation

Dans les sessions de tests de l'auto, Chris raconte qu'il a pris autant de plaisir au volant que son épouse à ses côtés, impressionnée par le confort de l'auto. « C'est ma voiture la plus raffinée, la plus rapide, celle qui tient le mieux la route, qui accélère le plus fort. C'est ma meilleure réalisation à ce jour » , explique Chris, avant de reprendre : « Si ce sentiment ne venait plus, alors il serait temps pour moi de m'arrêter... » La RS010 une fois prête, son client (Ralph) est venu la conduire et il en est tombé littéralement amoureux. Il travaille dans la construction et a eu une sensibilité toute particulière envers le processus de fabrication de l'auto dans lequel il a été si impliqué. Résultat, il dit alors : « Now what ? » Et les deux hommes discutent déjà du prochain projet. À la plus grande satisfaction de Chris Runge, forcément : « Quand une personne comme ça est si satisfaite de ton travail, c'était un énorme compliment. »

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