Jean-Pierre Gagick : Ecran total

Vous le connaissez sans doute si, comme beaucoup d'amoureux de l'auto passion, vous ne manquez presque jamais l'émission Automoto, une des plus anciennes de TF1 (45 ans d'existence). Ce rendez-vous du dimanche matin, qui suit l'évolution du monde automobile avec une préférence pour l'extraordinaire et le rêve, est présentée depuis de longues années par ce jeune gars dynamique et un rien en dehors des normes (tatoos, jeans crevés, sweat californien et baskets de fou). Son look décontracté, ses choix rédactionnels très orientés vers le fun et l'exception, son professionnalisme et ses récits chaleureux font de lui un présentateur de télévision très éloigné des standards trop connus et furieusement tristes. Jean-Pierre Gagick, ce serait presque le copain avec qui vous avez fait la fête le samedi soir et qui viendrait vous tirer des limbes le lendemain matin avec ses sujets exotiques où l'automobile devient tout à fait autre chose qu'un outil à embouteillage. Il y a bien longtemps que nous souhaitions le rencontrer et l'accrocher dans nos pages. Mais l'animal n'est pas facile à croiser. Toujours parti aux quatre coins de la planète, bosseur impénitent et très affairé, il nous avait pourtant promis de nous consacrer un peu de son temps, histoire de raconter son histoire et sa déjà longue carrière de journaliste spécialisé. Natif du sud et de la superbe cité du cinéma (Cannes pour ceux qui n'auraient pas saisi), il passe son enfance près des plus belles autos de la période '70-80s. Son papa est concessionnaire automobile et possède un établissement sur la croisette. A ce propos Jean-Pierre précise : « J'ai très vite ressenti une vraie passion pour ces voitures d'exception mais, en même temps, cela m'a permis de désacraliser l'objet. A quinze ans, je savais déjà manœuvrer dans le garage, conduire en fait. Bon, toujours sous la surveillance de papa qui ne souhaitait pas que je fasse n'importe quoi avec les beautés qu'il commercialisait. Des voitures d'exception avec des noms qui faisaient rêver tous mes copains au bahut. »

Là, avec l'humilité qui le caractérise, il nous parle tout de même de Lamborghini, Ferrari ou Aston Martin. ..

Pas étonnant qu'il soit au final tombé dans le chaudron magique ! Nous comprenons cette chance qu'il a eu dans ses demi sourires et ses clignements de connivence. Décidément, ce garçon transmet de la générosité. Au point d'ailleurs qu'il a souhaité nous rencontrer chez Jean-Paul Paolin, un grand préparateur de voitures italiennes, acteur éminent du Tour Auto. Dans ce garage situé en banlieue parisienne, Espace Century, on peut découvrir de très belles Italiennes préparées pour la performance. Jean-Paul et Jean-Pierre font la paire comme on dit. Et comme notre héros du jour possède une superbe Alfa Romeo Giulia Super de 71, c'est ici qu'il passe le plus clair de son temps libre. Il faut aussi préciser que pour le prochain Tour Auto qui aura lieu en septembre, c'est Jean-Paul Paolin qui prépare l'Alfa GT AM de 69 que Jean-Pierre copilotera en compagnie d'Olivier Pernaut, un pilote fortement remarqué sur tout un tas d'épreuves sportives classiques.

Au passage, nous prenons un cours d'histoire sur la marque, Jean-Paul Paolin possédant une culture incroyable en ce domaine. Nous étions en très belle compagnie et Jean-Pierre Gagick n'avait qu'une envie, celle de nous emmener faire une balade dans sa Giulia Super. Totalement conforme à l'origine, dotée d'une mécanique quatre cylindres double arbre de 1600 cm3 , cette “curieuse” auto des Carabinieri italiens est ici dans un de ses coloris d'origine, un très beau “tilleul” agrémenté de la large bande vert-blanc-rouge sur le capot. Entendre rugir la mécanique prestement libérée du côté des échappements vous colle le frisson. Quant au comportement sur route. .. on vous passe les détails. Jean-Pierre nous explique pourquoi ce choix : « Je cherchais un exemplaire de cette auto dans sa motorisation la plus élevée. Et par chance, un jour, j'ai pu contacter un monsieur plutôt âgé qui souhaitait vendre la sienne. Elle était strictement d'origine, intérieur compris, en parfait état. J'ai conclu l'affaire pour un tarif très raisonnable et c'est Jean-Paul qui a tout révisé. A part un léger rabaissement des suspensions, nous avons tout laissé en l'état. Je voulais ça. En fait, quand je monte à bord, je m'installe dans un univers d'histoires et d'odeurs. Moteur à l'avant, propulsion, poids contenu et puissance cohérente. .. cette auto est vraiment une usine à sensations. En fait, je l'aime ! » Indiscutable n'est-il pas ? Quoique. Une question nous taraude. Pourquoi les Alfa Roméo ? Et là c'est Jean-Paul Paolin qui explique : « Ces autos étaient sans aucun doute les meilleures de la production italienne jusqu'au début des années 80, robustes, véloces et dotées d'une tenue de route exceptionnelle. Ensuite, quand Fiat a racheté la marque, les choses ne sont plus allées si bien. Mais c'est l'histoire, c'est comme ça. » Jean-Pierre sourit, s'amuse de cette passion qui transparaît dans les propos de cet autre bel amoureux des Italiennes. Et nous nous approchons de cette GT AM dédiée pour le rallye et la performance, celle que nous verrons sur les routes du Tour Auto 2020. Elle nécessite encore quelques préparations et son moteur sera bientôt prêt après la révision en cours. Son coloris bleu “celeste” est d'origine, peu connu mais superbement lumineux. Pour les besoins de l'image, JPG s'installe au volant. Son sourire en dit long sur les projets qu'il fomente à propos de cette course légendaire. On le jalouse un brin, conscients de savoir les plaisirs qu'il vivra dans quelques semaines. ..

De sa passion d'enfance, Jean-Pierre a fait son métier dans la plus emblématique émission TV sur l'auto

On se trouve quelques instants plus tard autour d'une table garnie de pizzas et sous la procure de Muriel Paolin, pilote d'une Alfasud GT préparée par son homme. Le débat roule sur l'actualité et les difficultés rencontrées par Jean-Pierre et son équipe pour produire un Automoto hebdomadaire toujours aussi bien fourni en sujets bien léchés. Il nous parle aussi de son parcours : « J'ai grandi dans le monde de l'auto et j'ai toujours eu envie de devenir journaliste. Comme j'ai intensément pratiqué le foot américain, j'avais cette envie de journalisme sportif et une vraie passion pour les USA. Je suis venu à Paris pour mes études et, tout à fait naturellement, je suis allé vers les journaux sportifs. Au départ, j'ai travaillé dans la presse écrite mais ça n'était pas ce que je voulais. Par le jeu de la chance et les choix que j'ai fait je suis allé travailler dans l'audiovisuel.

L'Equipe TV, Canal +, Eurosport et TF1 au final. .. J'y suis depuis un peu plus de quatorze ans et c'est comme ma maison. Cette émission Automoto est une des plus anciennes de la chaîne et nous avons réussi à faire évoluer ce programme, suivre l'air du temps. Bon, pour être franc, je me sens plus à l'aise sur le terrain, partir en reportage, aller à la rencontre des événements et surtout des personnes. Cet univers est gigantesque, riche et foisonnant. En fait. .. j'adore mon métier (sourire). » Nous pouvons le comprendre, entre confrères passionnés.

Parcourir les routes de la planète pour y réaliser des sujets télé à propos de l'automobile, une bien belle façon de vivre et de partager ses rêves…

Jean-Pierre repart au volant de sa Guilia Super, un ange passe. Il porte une combinaison de pilote et un casque à la main, décoré des dents de requin des avions américains de la Seconde Guerre mondiale. Les avions. .. une des autres passions de JPG.