Vagabund Moto – KTM Freeride E-XC : finesse monochrome

Dans la foulée de la “Safari 350”, sortie de leur atelier de Graz sur la base d'une KTM EXC 350, Paul et Philipp de Vagabund Motorcycles ont profité de leur travail avec la marque autrichienne pour se lancer dans ce qui allait devenir leur premier projet électrique, avant d'enchaîner sur le scooter BMW CE-04. Conformément à sa philosophie minimaliste, Vagabund n'a pas touché aux organes essentiels de la KTM Freeride électrique E-XC, pour se concentrer sur le design d'une moto ultra-fine d'origine. Le sifflement électrique s'accorde mieux aux sous-bois pour lesquels ce concept a été pensé, en complément de l'aspect urbain que revendique Paul Brauchart : « Nous nous sommes lancés dans ce projet avec l'idée de créer un “commuter” super agile pour la ville. » Dès le départ, la démarche de l'atelier autrichien se joue dans le détail, même si, comme il est annoncé sur leur site, « pour créer quelque chose de nouveau, il ne suffit pas de changer le guidon et de mettre son tampon dessus ». Depuis 2015, Paul et Philipp ont eu le temps d'affiner leur démarche qui consiste à tirer le meilleur parti des technologies les plus récentes pour les adapter à tout type de véhicule - ils se sont également lancés dans l'automobile en transformant des Porsche en “Safari” - pour inscrire celui-ci dans une esthétique moderne, voire futuriste.

Le défi consistait à ne changer qu'un minimum de détails pour transformer radicalement l'esprit de la Freeride E-XC… Pari réussi

L'approche technologique de Vagabund, qui a commencé par réaliser un scan 3D de l'ensemble de la moto, convient parfaitement à ce concept qui conserve la ligne épurée de cette moto dont le bloc propulseur, les suspensions, les roues et le cadre sont inchangés. Le travail de l'atelier de Graz s'est surtout concentré sur l'habillage - de manière subtile - sur la plaque-phare, les flancs de carénage ou encore la coque-réservoir, le tout dans des teintes noir et blanc qui donneraient presque un côté camouflage à cette machine de tout-terrain furtive. Chacune de ces pièces, une fois son design validé, a été imprimée en 3D en PA 12 (pour polyamide), un polymère de nylon, matériau opaque, rigide et de très belle finition.

La Vagabund Freeride E-XC entretient une apparence purement motocross, tout en distillant d'astucieuses et discrètes pièces pour rouler légalement sur route de part et d'autre. C'est ainsi que si la plaque-phare est dépouillée de tout système d'éclairage, des projecteurs LED sont disposés de chaque côté du garde-boue avant tiré du catalogue de pièces de la Husqvarna TC85. De la même façon, des clignotants presque invisibles sont implantés sous chaque levier à l'avant, dans un logement spécialement usiné en aluminium. Pour l'arrière, ces minuscules boutons, très visibles lorsqu'ils s'éclairent, sont fixés à droite et à gauche de la plaque d'immatriculation, reliée au bras oscillant par une fine patte métallique fabriquée elle aussi sur mesure. Un chef-d'œuvre de subtilité, là encore, parachevé par la (très) fine barre de LED faisant office de feu arrière, prolongeant une valorisante selle en Alcantara conçue pour s'intégrer parfaitement à la charnière qui donne un accès direct à la batterie pour la charger.

En passant de Mattighofen à Graz, la Freeride électrique gagne incontestablement en finesse à tous les niveaux

Après ce passage de Mattighofen (siège de KTM) par Graz, la Freeride passe de 12 824 € (tarif public conseillé de la version 2023) à près de 20 000 €, mais elle gagne incontestablement en finesse à tous les niveaux, s'apparentant presque à une machine de FMX, ces motos destinées aux backflips, dénudées à l'extrême. En outre, la peinture noire recouvrant les diverses parties du cadre (chrome molybdène et alu forgé pour les sections boulonnées), auquel les préparateurs n'ont absolument pas touché, est du meilleur effet.

Une machine de tout-terrain plus que jamais furtive, inchangée sur le plan dynamique par rapport à sa version d'origine, avec d'excellentes suspensions WP (marque appartenant à KTM) XPLOR avant/arrière, un bloc propulseur de type brushless (moteur synchrone à aimant permanent sans balais) développant 18 kW à son maximum (en mode Cross 3, aisément accessible via des boutons immanquables à la base du té de fourche), alimenté par une batterie Powerpack HV 3.9 à chargement rapide. Il eut été autrement plus coûteux de toucher à ces éléments essentiels…