Tesla Cybertruck : Cyberbuzz

Elon Musk est très fort. Il réussit une fois de plus un gros, gros coup avec le lancement de son pick-up Cybertruck qui cumule, seulement quelques jours après sa présentation le 21 novembre dernier, la bagatelle de… 250 000 précommandes !

Certes, il ne s'agit que de 100 euros, remboursables. Des précommandes à peu près aussi virtuelles que ne l'est le véhicule lui-même, pas attendu avant fin 2021. En attendant, la sauce a été montée en plusieurs étapes de buzz comme sait si bien le faire le charismatique patron (gourou pour certains) de la marque californienne. Le pré-buzz a commencé dès 2012, lors du lancement de la Model S, à coup de petites allusions de Musk sur Twitter, son médium favori.

L'idée d'un pick-up électrique pour le grand public plutôt que pour les flottes de livraison est confirmée lors d'une interview l'année suivante, puis les caractéristiques sont distillées au fur et à mesure : six places, 50 000 $, 400 à 500 miles d'autonomie et, évidemment, une capacité de traction énorme.

Et Musk d'en rajouter dans sa tendresse toute particulière pour ce modèle qu'il décrit comme tout droit sorti du film Blade Runner …

Le Cybertruck devrait faire sensation sur la route

Autre allusion cinématographique lâchée sur Twitter : la Lotus Esprit de L'Espion qui m 'aimait avec Roger Moore et une James Bond Girl plongeant dans l'océan pour naviguer en sous-marin… Fin du buzz, part 1. Jusqu'à la présentation sur scène en novembre et le raté du reveal devenu viral sur Internet, après un show pyrotechnique à la Rammstein, alors que les vitres blindées présentées incassables sont brisées par la boule de métal lancée dessus en live… Les spéculations vont bon train et certains y voient même un accroc volontaire. Qu'importe, selon le principe de parlez de moi en bien ou en mal, mais parlez de moi, le monde entier a vu le Cybertruck en quelques heures. Retour à Blade Runner : le directeur artistique du film, Syd Mead, s'est dit très flatté de l'inspiration revendiquée pour le dessin du Cybertruck, qu'il juge très impressionnant. Le buzz a continué après avec des vidéos volées de Musk himself au volant d'un prototype de Cybertruck conduit de manière un peu brutale dans la nuit californienne… Autre coup, tirer facilement un gros pick-up US classique qui tente sans succès de l'emmener de son côté, dos à dos et reliés d'un câble, comme dans le tir à la corde en équipe. Voilà pour la com, grandement aidée par le look insensé de la bête. En fait, c'est la première fois que Tesla prend le taureau par les cornes et, au lieu de vouloir dessiner des autos certes sportives, mais aux proportions classiques, histoire de rassurer leurs acheteurs potentiels sur leur “normalité”, surtout au lancement de la marque, voilà désormais un dessin radicalement original. L'idée est justement de ne ressembler à rien de ce qui existe, maintenant que tout le monde connaît Tesla. Rien de tout ce qui existe ? Pas tout à fait, le concept Karin de Citroën (1980) dessiné par Trevor Fiore adoptait déjà cette forme triangulaire si spécifique. Pas de gabarit de pick-up ici, mais une auto très basse et sportive avec trois places, dont le conducteur placé au milieu et en avant, comme ce fut le cas plus tard à bord de la très fameuse McLaren F1. On peut aussi trouver des points communs avec une drôle de petite voiture sportive anglaise, la Stealth (furtif), dessinée paraît-il pour échapper aux radars, comme certains avions de chasse…

Le pick-up rappelle également les créations ultra minimalistes de Joey Ruiter, déjà vues dans nos pages. Reste que le Cybertruck est assez unique et, produit en série, il devrait faire sensation sur la route. Sa couleur métal brut devrait voir des alternatives, au moins en noir et un panneau solaire pourrait aussi jouer un rôle dans la recharge ou au moins, l'alimentation des périphériques de l'auto. Mais quel est donc réellement ce véhicule si étrange ? Pratique comme un pick-up Ford F 150 (numéro un des ventes aux US, leur Clio en quelque sorte…) et sportif comme une 911 (si, si), voilà pour le pitch.

Des versions à deux ou trois moteurs sont à l'étude

Le Cybertruck est d'abord un véhicule blindé, ce qui explique en partie ses lignes droites et ses pans de carrosserie en aplat, plus faciles à mettre en forme avec l'épais acier inoxydable 30X utilisé. L'histoire ne dit pas pourquoi il doit être blindé mais on peut supposer qu'en ces temps incertains, une frange de clientèle saura y trouver un côté rassurant. Un beau bébé de près de 6 m de long et 1,90 m de haut, qui en impose ! La charge, pour un pick-up, est un des critères de base et elle est annoncée à plus de 1,5 tonne. Un volume important est sécurisé sous le panneau de fermeture de la benne, sur lequel il est précisé que l'on peut se tenir debout.

Autre valeur cruciale, la capacité de traction pour un utilitaire comme un pick-up et là, Tesla annonce un chiffre hors-catégorie avec plus de 6 tonnes, du moins dans la version haute, forte de trois moteurs électriques. Trois définitions sont au programme, avec un moteur (roues arrière motrices), deux ou trois. La suspension pneumatique permet d'ajuster la garde au sol selon le terrain et nul doute que les capacités de franchissement seront au rendez-vous. À bord, un écran de 17 pouces avec une interface spécifique trône sur une planche de bord ultra basique. Six passagers (trois devant, trois derrière) peuvent prendre place dans l'habitacle qui semble assez spacieux. Les performances sont aussi bien entendu de premier ordre et il est capable de passer de 0 à 100 km/h en moins de 3 secondes, tandis que l'autonomie de la meilleure version est annoncée jusqu'à 500 miles, soit pas moins de 800 km. Pas de précision sur le poids de cet engin en revanche dont les batteries et le blindage pourraient le faire passer dans une catégorie au-dessus des simples véhicules particuliers. Tenté ? Désolé, nous n'avons que les tarifs en dollars à vous proposer : entre 39 900 et 69 900 $ pour ce nouveau joujou extra.