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Auto - Bentley Blower : le souffle de l'audace

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Auto - Bentley Blower : le souffle de l'audace
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Après avoir reconstruit de toutes pièces un prototype qui avait été détruit pendant la Seconde Guerre mondiale, la berline Corniche réalisée en France par le carrossier Vanvooren, Bentley s' est lancé dans une aventure encore plus folle. Le label anglais du groupe Volkswagen va en effet fabriquer douze reproductions de la 4½ litre à compresseur n° HB3403, une impressionnante machine de course qui avait participé aux 24 Heures du Mans en 1930.

Dans la collection privée de Bentley, la 4½ litre Blower est peut-être la pièce la plus précieuse

Pourquoi douze ? Pourquoi la 4½ litre Supercharged et pourquoi celle-ci en particulier ? Parce que douze, c' est le nombre de courses auxquelles les voitures de ce modèle très exclusif ont participé. Pourquoi cet exemplaire précis ?Tout simplement parce que la voiture n°HB3403 est celle qui est aujourd'hui conservée chez Bentley, une préservation qui va permettre de démonter la relique, de l' observer sous toutes les coutures et de scanner tous ses composants afin de les reproduire à l' identique.La fabrication sera assurée dans les ateliers de Mulliner, l' antre qui porte le nom d' un ancestral carrossier appartenant aujourd'hui à Bentley et dans lequel sont confectionnées les commandes spéciales.

Conformément à son ancêtre, la “nouvelle” 4 ½ litre Supercharged est animée par un énorme quatre cylindres (4 398 cm3) à quatre soupapes par cylindre, gavé par un compresseur Amherst Villiers qui porte la puissance à 240 chevaux !Le châssis en acier, les gros freins à tambours et les ressorts semi-elliptiques seront, comme tous les éléments, fidèlement dupliqués. On estime qu' il faudra deux années pleines pour assurer la fabrication des douze voitures dont le prix n' a pas été communiqué....Quant à comprendre pourquoi la 4½ litre Supercharged a été choisie, la réponse est aussi limpide et naturelle qu' une réflexion sur le Brexit. De notre côté de la Manche, on ne comprend pas toujours ce que font les Britanniques. Peut-être même jamais... On s' explique mal qu' ils se moquent des mangeurs d' escargots alors qu' eux ne se gênent pas pour avaler impunément de la jelly rose et translucide et de la panse de brebis farcie. On ne saisit pas instantanément l' intérêt de choisir un modèle auquel Walter Owen Bentley lui-même attribuait la faillite de la maison qu' il avait créée. Car si Bentley a remporté cinq fois les 24 Heures du Mans, ce fut grâce aux modèles “3 litre” (1924 et 1927), “4 ½ litre” (1928) et “Speed Six” (1929 et 1930), mais jamais grâce à cette “4 ½ litre Supercharged” qui a connu une destinée particulière.Après le dernier triomphe au Mans marqué par un doublé des Speed Six équipées d' un énorme six cylindres de 6,6 litres, Bentley se retire de la compétition, faute de moyens. En marge de cette position officielle, un franc-tireur prolonge l' aventure : Henry Birkin, pilote victorieux au Mans en 1929. Cette année-là, il décide de développer une version très spéciale de la 4 ½ litre dans ses propres ateliers ateliers “Birkin & Co” à Welwyn Garden City et ce, sans l' assentiment de Bentley.Le développement, la fabrication et l' engagement de ces 4½ litre Blower sont financés par Miss Dorothy Paget, une riche et bienfaitrice héritière qui s' est beaucoup investie dans les courses hippiques, l' élevage et l' entraînement de chevaux de course. Accessoirement, elle s' est aussi occupée du sort des réfugiés russes sur le territoire français, finançant la construction d' une maison de retraite à Sainte-Geneviève-des-Bois, en Ile-de-France. La jeune mécène s' est aussi laissée convaincre (séduire ?) par les yeux clairs de Henry Birkin.

Bentley a le projet de produire douze copies de la 4½ litre Blower originale

La 4½ litre Supercharged est dérivée de la 4½ litre tout court, mais son quatre cylindres a la particularité d' être suralimenté, ce qui lui vaut le surnom de “Blower Bentley” en raison de l' afflux d' air insufflé par le compresseur fiché en figure de proue. W. O. Bentley est personnellement opposé à cette initiative qui, selon lui, fragilise la mécanique. Il n' a pas tort, le vieux renard. Les 4½ litre Supercharged participent à quelques courses en 1929, notamment au Tourist Trophy, mais pas aux 24 Heures du Mans car, pour être admis au départ, il faut pouvoir attester d' une production de cinquante exemplaires minimum. Pour satisfaire le caprice de son ex-pilote, W.O. Bentley fait des concessions. À partir de février 1929, l' usine fabrique 55 voitures, dont 26 habillées en torpédos (“Tourer”) par Vanden Plas. La suite des événements donne raison à W.O. Bentley, les deux voitures engagées au Mans en 1930 sont contraintes à l' abandon à la suite d' une panne de moteur, dont “notre” exemplaire, le fameux n° HB3403. Mais les Blower Bentley sont poursuivies par la malédiction tout au long de l' année, notamment la HB3403. En mai, avant Le Mans, pilotée par Birkin, elle n' avait pas terminé la course du “Double Twelve” à Brooklands.

En juillet, Bernard Rubin sort de la route lors du Grand Prix d' Irlande et détruit la belle torpédo. Il faut reconstruire la caisse. Le carrossier Vanden Plas s' en charge, fait raccourcir le châssis et remplace la carrosserie d' origine qui avait été confectionnée chez Harrisons. La Bentley revigorée est prête pour les 500 Miles de Brooklands, en octobre. Pilotée par Eddie Hall et Dudley Benjafield, elle termine deuxième, son meilleur résultat. Elle sera acquise par Bentley en 2000, restaurée et baladée partout dans le monde, des Mille Miglia à Pebble Beach. Pendant ce temps, la situation s' aggrave chez Bentley. Les difficultés financières deviennent insurmontables. Le couperet tombe le 10 juillet 1931 quand l' entreprise est mise en liquidation judiciaire.Elle avait survécu grâce à l' injection de liquidités par Woolf Barnato, homme d' affaires et gentleman driver. Mais le généreux donateur a fini par se lasser. L' entreprise est rachetée par le fond d' investissement British Central Equitable Trust derrière lequel se cache Rolls-Royce.... Le nouvel actionnaire gommera toute référence au passé sportif de Bentley. Rideau.

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