Chantilly arts & élégance Richard Mille : la crème des crèmes
Pour son dixième anniversaire, Chantilly Arts & Élégance a su opérer une transition réussie entre un concours d'élégance formel et une réunion célébrant l'art de vivre automobile sous toutes ses formes. Un vrai succès couronné par une fréquentation record. Par Étienne Raynaud.

Le concours Chantilly Arts & Élégance Richard Mille associe avec succès tradition automobile, haute couture et lifestyle, attirant un public large et passionné depuis 2014.
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Né sous les meilleurs auspices en 2014, le concours Chantilly Arts & Élégance Richard Mille cumule les atouts. L'écrin, celui du château et de ses vastes parterres signés Le Nôtre, est majestueux. Richard Mille, le partenaire du concours, est réputé pour sa passion automobile très pointue et enfin, Peter Auto, l'organisateur, dispose des coordonnées des plus grands collectionneurs au monde. Et pourtant, l'exercice n'était pas gagné d'avance. Il y a certes eu les concours Louis Vuitton à Bagatelle et Saint-Cloud, mais depuis, aucun organisateur n'avait réussi à imposer un concours français à même de rivaliser avec ceux de Pebble Beach aux États-Unis ou de Hampton Court près de Londres.
Preuve que l'exercice a peu à peu disparu de la culture européenne. Hormis le concours de la Villa d'Este né en 1929, les propriétaires européens semblent plus friands de rallyes que de concours d'état. Si la première édition se voulait très formelle, Chantilly a su évoluer et se réinventer pour adopter un format plus décontracté et proche de ceux du Quail en Californie ou de Salon Privé en Angleterre, tout en restant un parangon du savoir-vivre à la française.
Sur le papier, le concept de départ n'a pas varié, associer la tradition avec le très formel concours d'état où l'originalité des automobiles est primée par un jury international, avec un concours d'élégance associant haute couture et concept cars, et enfin un concours des clubs où une partie du parc devient le temps d'une journée une élégante garden-party. Avec des baptêmes en montgolfière, un spectacle équestre de Mario Luraschi de haute volée, des balades en calèche ou en bateau sur le grand canal sans oublier les démonstrations de crème chantilly, le concours a su attirer petits et grands et a joué à guichets fermés avec 28 000 spectateurs cette année, un record !
Des icônes à l’honneur
Une partie de ce succès tient à l'évolution de Chantilly Arts et Élégance, devenu protéiforme, avec plusieurs rallyes le samedi, l'un réservé aux autos historiques, l'autre aux supercars, et une part plus importante dévolue aux supercars et concept cars. Avec la disparition du salon de Genève, les constructeurs de niche sont friands d'événements dits “lifestyle”.
Bugatti, présent depuis les origines à Chantilly, a ainsi dévoilé en avant-première française son hypercar, la Bugatti Tourbillon récompensée du prix du public, non loin de cinq exemplaires de la Bugatti Grand Prix Type 35, aujourd'hui centenaire. Elles concouraient dans la classe “100 ans de la Bugatti 35” avec un hommage à Peter Mullin, dont l'épouse, Merle, a remis une distinction au propriétaire de la voiture victorieuse de sa classe, une Bugatti Type 35C de 1928.
Cette même auto, qui a couru pour l'usine la Targa Florio, en état d'origine émouvant, a été récompensée du Best of Show au concours d'état en classe Pre-War (avant 1939), aux côtés de la sublime Talbot Lago T26 GS Coupé de 1949 en catégorie Post-War. Autre star, la marque Lancia avec deux classes du concours d'état dédiées, l'une célébrant quarante ans de présence en rallye donnant ainsi l'occasion de revoir des autos mythiques sous la livrée Martini, l'autre les carrosseries spéciales après-guerre, sans oublier le futur avec la présence du concept car Pu+Ra HPE, couronné du “Best of Show” dans sa catégorie.
Le Groupe Stellantis a offert d'autres exclusivités, outre la “nouvelle” Alfa Romeo 33 Stradale, la marque DS qui célébrait ses dix ans a choisi Chantilly pour dévoiler sa SM Tribute en hommage à la légendaire Citroën SM. Le public a aussi pu apprécier la première présentation française de l'AGTZ sans oublier la première mondiale de la R17 Eletric conçue avec le designer Ora-Ïto.

L'esprit lifestyle
Avec une des 17 classes du concours d'état dédiée à la Lamborghini Countach, la présence de deux des cinq supercars Monte-Carlo Centenaire de 1994 dans la classe dédiée à Carlo Chiti, même le vénérable concours d'état n'échappe pas à la déferlante supercars, gage de succès garanti auprès des très nombreux jeunes “car-spotters” peu rompus aux codes d'élégance auxquels sont attachés les organisateurs.
Il reste réjouissant de voir que l'automobile est toujours populaire et, comme le soulignait un spectateur américain : « Saluons l'effort des organisateurs pour leurs tarifs d'entrée bien plus abordables que ceux des concours anglo-saxons, mais aussi pour laisser s'approcher d'autos mythiques un public aussi jeune. » Si ce dernier est probablement plus attiré par la dernière McLaren Sempre Senna que par les Alfa Romeo des années 50, il n'a pu que s'exclamer devant la Ferrari 250 GTO venue par la route depuis Londres ou par le son démoniaque du V12 de la Ferrari Daytona Groupe 4.
Avec un jury composé des plus grandes personnalités du monde de l'automobile, un parterre de stars où John Malkovich côtoyait Michelle Yeoh, Chantilly a su mêler glamour, automobiles de caractère et élégance décontractée. Dans cette transition fort réussie vers un événement “lifestyle”, et afin d'éviter les embouteillages assez dissuasifs pour qui roule en ancienne, le concours gagnerait à s'étaler sur deux jours avec une journée plus centrée supercars et une autre dédiée au concours d'état et aux anciennes. Nul doute que Marc Ouayoun, qui succédait officiellement à Patrick Peter pour la première fois, a des milliers d'idées pour le futur de cet événement devenu incontournable.

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