Watchfid : Occasion vs collection
Le marché des montres de seconde main se développe et se structure. À côté des plateformes de vente, des acteurs imaginent de nouveaux services destinés aux collectionneurs. Décryptage avec Anthony Marquié, cofondateur de Watchfid. Par Carole Lars Huyvenaar.

Le marché des montres d'occasion connaît une croissance grâce à l'expertise et la traçabilité apportées par Watchfid, qui assure authenticité et intégrité des pièces anciennes.
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Il y a quinze ans, peu de gens achetaient des montres d'occasion observe Anthony Marquié, passionné de montres anciennes et coauteur avec Grégoire Rossier d'un ouvrage consacré à la Speedmaster d'Omega, point de départ de Watchfid, une société de conseil dédiée aux collectionneurs qui vient d'ouvrir un bureau à Paris. « Quand vous vouliez vous faire un beau cadeau vous achetiez une montre neuve. Aujourd'hui c'est différent. »
On peut avoir envie de s'offrir une jolie montre sans être collectionneur et avec la flambée des prix du neuf, le marché de la seconde main est en plein essor, porté par l'émergence de plateformes qui garantissent les transactions. La montre est révisée, certifiée et l'on paie le juste prix. Les choses se compliquent quand on entre dans le domaine de la collection. « Les marchands certifient des montres qui sont certes d'occasion, mais qui ne sont pas très anciennes. Sur des montres anciennes, personne ne peut le faire. Pour savoir si un cadran ou les aiguilles sont d'époque, c'est une autre affaire. »
Comme l'explique ce spécialiste, deux logiques s'opposent et elles irréconciliables. « C'est une question de fond. Si une montre ancienne tombe en panne, la marque va changer tous les éléments car elle raisonne en terme de processus de qualité d'aujourd'hui pour que la montre continue de fonctionner. C'est antinomique avec le principe de collection. » Pour le collectionneur donc, l'essentiel n'est pas que la montre donne l'heure, mais qu'elle conserve son intégrité et ses pièces d'origine. « Aujourd'hui c'est compliqué d'acheter une montre vintage. Les prix sont élevés et il y a beaucoup de risques, la montre ancienne demande une expertise en plus. C'est là que l'on intervient. »

Watchfid, l’œil du collectionneur
Tout commence quand Anthony Marquié et Grégoire Rossier se mettent en tête de retracer méthodiquement l'intégralité de la production de leur montre fétiche, la Speedmaster.
Composants, changements de design ou de fournisseurs… aucune variation, aussi infime soit-elle, ne leur échappe depuis la première référence de 1957. Omega leur ouvre les archives de la manufacture et en 2014, la publication de Moonwatch Only esquisse le modèle de Watchfid.

« Ça a été le démarrage de l'aventure. C'est devenu un ouvrage de référence. Personne n'avait abordé les choses sous cet angle » constate Anthony Marquié. Le duo étend sa méthode à d'autres modèles, comme la Navitimer de Breitling, le Cosmograph Daytona de Rolex, les montres vintage de Cartier… et en quinze ans Watchfid a assemblé une base de données unique, qui lui permet d'expertiser et de gérer les collections de ses clients. « Toutes les montres passent chez nous, elles sont analysées, photographiées, on croise ce que l'on voit avec nos bases de données. »
Une note globale attribuée à la montre sanctionne l'authenticité et l'état des composants et son livret d'expertise est numérisé et stocké dans la Blockchain. Les montres dont le collectionneur souhaite se séparer sont mises en vente sur le site de Watchfid, accompagnées de leur livret. « Nous sommes très spécialisés sur certains modèles. Ce sont ceux que vous trouvez sur notre plateforme. Acheter une montre de collection doit rester un plaisir, ça doit rester une passion », conclut-il
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