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Olivier Jonquet : le carillon de Tarascon

Au pied de la Collégiale Sainte-Marthe, à Tarascon en Provence, sous les voûtes médiévales de la rue des halles où se trouvent aussi un luthier et une grande librairie, se cache derrière une façade jaune canari un original amateur de montres devenu horloger professionnel. Par Thierry de Boulbon

Modifié le Écrit par La Rédaction
Olivier Jonquet : le carillon de Tarascon
Photos Thomas Vollaire
Résumé

Olivier Jonquet, passionné devenu horloger, crée à Tarascon des montres artisanales alliant tradition et modernité, avec une production locale et un regard poétique sur le temps.

Sommaire
Couverture complète sur mise-en-avant

Rien ne prédisposait Olivier Jonquet à devenir horloger et à créer ses propres garde-temps. Né en Provence, ayant habité Marseille puis Montpellier et la région d'Avignon, il a mené pendant une bonne partie de sa vie une carrière de cadre dans des groupes industriels. Ce n'est que lorsqu'il a travaillé pour un verrier qui produisait des bouteilles de vin “sur mesure'' qu'il a réalisé ce que pouvait apporter la conception assistée par ordinateur et l'impression en 3D, que lui a montrées une relation de travail. Simple amateur de belles montres, Rolex Daytona, Zenith, TAG Heuer Carrera et Monaco, Omega De Ville, Jaeger-LeCoultre Memovox...

Il s'intéressait surtout à leur esthétique. N'ayant pas une âme de collectionneur, il conservait ses pièces quelque temps et les revendait pour en acheter d'autres. Ses amis avaient une belle moto ou une voiture de luxe, lui préférait les montres, ce qui à l'époque n'était pas si courant. Sa première tocante reçue vers ses 10 ans était une Casio digitale et plus tard, en jeune dandy avec gilet, foulard Souleiädo et jeans, il portait dès ses 16 ans une montre gousset pour se distinguer. Plus tard, ses voyages internationaux et la fréquentation des Duty Free lui donnèrent envie de belles montres.

Je ne suis pas collectionneur mais plutôt un passeur. Ce qui m'intéresse c'est la beauté de l'objet et la possibilité de le transmettre.

Olivier Jonquet
Olivier Jonquet : le carillon de Tarascon
Photos Thomas Vollaire

La naissance d’un horloger

Se succédèrent ainsi une Oris Carlos Coste, une Rolex Daytona, une Speedmaster. « Je ne suis pas collectionneur, dit-il, mais plutôt un passeur et depuis très jeune je sais que le temps nous est compté ; ce qui m'intéresse c'est la beauté de l'objet et la possibilité de le transmettre» Pendant son temps libre, il scrute avec attention les forums horlogers sur Internet où, à l'époque, il n'y avait que des passionnés. « J'adorais les montres de plongée des années 2000 à 2010 comme les Blancpain Fifty Fathoms, Rolex Sea Dweller, Doxa Sub, Omega Ploprof 600. »

Tout en courant le vignoble pour vendre des bouteilles aux vignerons et négociants, l'envie lui prit un jour d'imaginer sa propre montre. Montage sommaire de plastique et de matières diverses, il a imaginé son premier opus, une montre coussin qu'il mit du temps à réaliser, n'ayant pour tout guide que les forums amateurs sur Internet. Il n'avait alors aucune compétence horlogère ! Mais à force de regarder les montres des autres et malgré son activité professionnelle, il passe en 2013 à 40 ans son CAP d'horloger pour, dit-il, savoir de quoi il parle. Mais la passion prend le dessus !

Il crée dans la foulée sa propre société, et dessine sa première montre destinée à la production, inspiré à la fois par les années 20 et 30 et par la Chine. C'est une petite montre de forme coussin, qu'il fait au début imprimer en 3D par un ami avec un mouvement France Ébauches FE 233/69 et la petite seconde à 6 heures. C'est l'origine de la production de sa société Hic et nunc, montres Olivier Jonquet.

Olivier Jonquet : le carillon de Tarascon
Photos Thomas Vollaire

Succès made in Provence

« Comme j' étais salarié d'un groupe industriel, j'ai demandé à mon père d'être le gérant de la société, raconte ce dernier. Un jour, j'ai eu un grand article dans le Midi Libre et dans d'autres journaux et à chaque article je vendais quelques montres. » Mais la notoriété de créateur de montres dans le sud de la France étant quelque peu insolite… et visible, le subterfuge l'obligea rapidement à prendre le taureau par les cornes et à se mettre à son compte, ce dont il rêvait depuis un moment. Habitué des blogs, il obtient un jour une parution dans le blog indépendant Hodinkee, fréquenté par des ultra-passionnés, loin des blogs sponsorisés d'aujourd'hui, sous le titre Are you Ready for your First French Romance?

Suivent un communiqué de presse, une interview et tout démarre ! « J'avais décidé de lancer une première série de 50 montres au prix de 1 890 € et en une demi-heure, grâce à Hodinkee, je reçois 75 commandes des USA, d'Australie, de Thaïlande… Là, je me suis dit que les choses sérieuses commençaient ! » poursuit-il. En 2016, il lance sa deuxième série de 200 pièces avec un mouvement ETA 6498 en top finition avec des aiguilles spéciales de La Pratique à Morteau sous trois versions.

Un modèle Carrosse dans l'esprit des montres de carrosse d'autrefois, un modèle Capitaine avec un cadran émaillé ressemblant aux montres de poche qu'il affectionne tant, un mécanisme ETA 6498, des aiguilles en acier bleui, des verres saphir, de l'acier 316L, toute la boîte et le bracelet fabriqués en France. Une troisième série de montres voit le jour avec deux tailles et deux mécanismes : des modèles unisex carrés automatiques en 34,6 x 34,6 mm et des modèles féminins à quartz en 22 x 22 mm. Cette collection très élégante est moderne et intemporelle. Elle est proposée avec une série de bracelets réalisés à partir de chutes de cuirs récupérées auprès de la marque de maroquinerie Estellon.

Des bracelets résolument différents assurant un aspect unique et respectueux de l'environnement. «Établi à Tarascon en Provence, dit Jonquet, je suis un horloger “toutes réparations'', y compris les pendules de cheminée. Ce qui me plaît c'est la poésie d'une pièce et je reste ébahi par le fonctionnement technique, comme par exemple le modèle Bird de Jaquet-Droz qui me fascine. En réalité, je suis devenu un artisan d'art et j'assemble toutes mes montres Olivier Jonquet, “Made in Provence''. » Maintenant il lui reste à consolider son réseau de distribution, dont le premier maillon est Utinam à Besançon, et à continuer à créer de nouveaux modèles dont certains sont déjà à l'état de prototypes. Voilà comment, d'amateur passionné, l'on peut devenir un véritable horloger ! Mais ce n'est que le début de l'histoire des montres Olivier Jonquet.

Ce qui me plaît c'est la poésie d'une pièce et je reste ébahi par le fonctionnement technique.

Olivier Jonquet
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