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Tom Chiappe - E1 series : need for speed

Baigné dans la compétition motonautique depuis son plus jeune âge avec un père plusieurs fois champion du monde de F1, Tom Chiappe dispute cette saison le circuit E1 Series des bateaux électriques au sein du Team Rafa, l'écurie du tennisman Rafael Nadal. Portrait à toute vitesse ! Par Geoffroy Langlade et Fernando Patrese.

Modifié le Écrit par La Rédaction
Tom Chiappe - E1 series : need for speed
Photos : E1 Series
Résumé

Tom Chiappe, jeune pilote normand, embrasse l’innovation en compétition de bateaux électriques E1 Series, alliant héritage familial et passion pour les sports mécaniques durables.

Sommaire
Couverture complète sur mise-en-avant

Automne 1999. Tom Chiappe est âgé de seulement quelques semaines lorsqu'il arrive pour la première fois sur le parc à bateaux d'une compétition inshore. Bien endormi dans son coufin, le nouveau-né attend avec impatience son prochain biberon au moment même où son père Philippe prend le départ plein gaz d'un Grand Prix motonautique aux commandes d'un puissant catamaran à moteur.

Installé en Normandie, cet amateur de sports mécaniques et de vitesse a longtemps rêvé de disputer les fameuses 24 Heures Motonautiques de Rouen, l'épreuve phare de l'endurance dans le monde. En 1998, son père fait ses premiers pas en inshore, disputant plusieurs Grand Prix au volant d'un petit catamaran de vitesse S850. Mais Philippe Chiappe voit beaucoup plus loin. Une rencontre avec le Rochelais Philippe Dessertenne, spécialiste de la F1 motonautique en France, avec 160 Grands Prix, 13 saisons et 15 podiums, va changer sa vie et surtout booster sa carrière de sportif de haut niveau.

Dans les années 2000, les saisons en inshore s'enchaînent à vitesse grand V pour son aîné qui finira par décrocher plusieurs victoires et podiums en Grands Prix, dans les disciplines d'endurance comme de vitesse. En 2006, son père jubile. Sa super-licence en poche, Philippe Chiappe intègre le très exclusif circuit mondial de Formule 1 H2O qui réunit les meilleurs pilotes de la planète. Bien organisé, son daron arrive à jongler entre le métier d'entrepreneur et celui de pilote officiel. Philippe apprend vite, très vite même.

En mode “family business”. Scruté par son fils Tom et sa fille Fanny (également pilote de bateau à ses heures), il remporte trois Championnats du monde en Formule 1 (2014, 2015, 2016) et plusieurs titres mondiaux en endurance avec, au passage, cinq victoires à domicile aux 24 Heures Motonautiques de Rouen. Philippe Chiappe devient le pilote français le plus titré de l'histoire du bateau à moteur.

Avec mon père, qui a pris sa retraite de pilote en 2022, on s'intéresse depuis longtemps aux nouvelles technologies.

Tom Chiappe
Tom Chiappe - E1 series : need for speed
Photos : E1 Series

Une passion depuis le berceau

Un Chiappe peut-il en cacher un autre ? En bordure des plans d'eau intérieurs, sous les auvents qui protègent les catamarans de course, Tom n'est jamais loin. Cahier d'école ou Game Boy à la main, le minot suit son papa quasiment tous les week-ends, n'hésitant pas à mettre la “main à la pâte” pour lubrifier les pistons d'un Mercury 2,5 litres ou mettre à l'eau un catamaran. Privé de pouvoir actionner la commande des gaz d'un hors-bord (il faut avoir seize ans pour passer le permis bateau), Tom Chiappe a enchaîné dès l'âge de cinq ans ses premières courbes en karting “en mode loisir”, faisant preuve d'une rare agilité. Un signe ?

À cette époque, un certain Pierre Gasly, futur pilote F1 chez Alpine et Rouennais d'origine, commence à se faire un vrai nom en karting. À l'âge de seize ans, Tom Chiappe passe avec succès son permis bateau et rejoint dare-dare l'univers de la compétition motonautique à l'instant précis où son père excelle en Formule 1 H2O. « C' était un rêve de gosse. J'ai tellement passé du temps dans les parcs à bateaux, que ce soit en endurance ou en vitesse », raconte Tom, piqué désormais par le virus des sports mécaniques. Au sein du team Emirates, il s'engage dans le Championnat du monde F4 et termine au milieu du classement pour sa première saison.

La saison suivante, Tom Chiappe arrive à se faire un prénom et décroche le titre suprême en 2018 au Grand Prix de Sharjah aux Émirats Arabes Unis (EAU). « Un superbe souvenir, une belle récompense aussi », avoue-t-il. Presque au même moment, l'as du volant continue à rouler pleine balle sur le bitume. « En 2018, j'ai disputé deux courses régionales de karting. L'écurie suisse Eiriz Racing m'a repéré et proposé, plus tard, d'intégrer officiellement leur équipe », explique le pilote normand. Il dispute alors le circuit mondial d'endurance SWS et devient champion du monde de karting en 2023 à l'âge de 24 ans.

C'est une machine qui n'a plus rien à voir avec les catamarans à moteur thermique...

Tom Chiappe

Cap sur l'innovation avec la E1 Series

Mais Tom porte encore un regard vif sur la compétition motonautique et ses évolutions... L'idée de s'engager dans le tout nouveau circuit E1 Series est récente. « Avec mon père, qui a pris sa retraite sportive de pilote en 2022, on s'intéresse depuis longtemps aux nouvelles technologies, aux propulsions non polluantes, aux moteurs électriques qui peuvent faire évoluer le sport motonautique , explique-t-il. En décembre dernier, nous avons été conviés à des essais sur le lac Majeur en Italie. Entièrement nouvelle, la discipline qui a été lancée par une équipe professionnelle venue du sport automobile cherchait des hommes expérimentés dans le motonautisme. »

Bonne pioche ! « Ils se sont adressés à mon père bien sûr, à l'ancien pilote F1 bateau Philippe Dessertenne ou encore à Louis Rogez qui deviendra notre team manager, raconte Tom. En Italie, j'ai pris les commandes de cet innovant bateau de course électrique doté de foils. J'ai tout de suite accroché ! C'est une machine qui n'a plus rien à voir avec les catamarans à moteur thermique, on ressent d'entrée la puissance. C'est plus pointu à piloter, il faut être précis avec les foils et les runs sont intenses car l'autonomie des moteurs se limite à une vingtaine de minutes. »

Tom Chiappe - E1 series : need for speed

Ensuite tout s'accélère pour le pilote tricolore et ses proches. Il faut faire vite car le Championnat E1 Series démarre en février 2024 à Jeddah en Arabie Saoudite. « Nous sommes arrivés trois semaines avant le Grand Prix pour réaliser de nouveaux tests et nous intégrer à la nouvelle structure, avoue-t-il. Car personne ne se connaissait encore très bien. » Tom Chiappe a le sourire aux lèvres, il a été recruté par le team “Rafa”, l'équipe officielle parrainée par la star mondiale du tennis lui-même ! « Malgré un planning ultra-chargé qui l'a empêché de venir sur la première course, Nadal a tenu à nous coacher et à nous encourager par visioconférence », raconte Tom.

Attiré par la mer et l'univers de la compétition, on s'en doute, Rafael Nadal comme d'autres personnalités (le footballeur Didier Drogba entre autres) a transmis son patronyme à une écurie composée de Tom Chiappe et Cris Lazarraga, une pilote d'origine espagnole venue du Jet-Ski. Car en E1, la règle de la mixité s'impose, les pilotes hommes et femmes devant disputer les courses à tour de rôle. « Les manches d'E1 sont passionnantes car nous sommes sur une formule monotype. Les bateaux sont identiques, on ne peut pas toucher aux hélices ou apporter des modifications techniques aux foils, pour le moment. Les budgets des équipes sont les mêmes et chaque écurie doit partager ses données, toutes ses datas de course, détaille le pilote du team franco-espagnol. 

Les bateaux sont identiques, on ne peut pas toucher aux hélices ou apporter des modifications aux foils.

Tom Chiappe

L'électrique sur les flots

Tout ou presque se gagne au pilotage ! » Et les débuts du team Rafa sont prometteurs. En Arabie Saoudite, Tom et sa coéquipière Cris termineront sur la troisième marche du podium après avoir été les plus rapides lors des essais libres et avoir dominé plusieurs manches.

« Nous sommes satisfaits de ce premier week-end, c'est un beau travail d' équipe, concède-t-il. La E1 ? C'est une discipline pleine d'avenir, avec zéro émission polluante et plus aucun bruit. Même les bouées du circuit sont autonomes et n'endommagent pas les fonds marins », précise notre pilote de 24 ans. Un passionné de vitesse que l'on a retrouvé avec sept autres écuries sur le Grand Prix, le 12 mai à Venise en Italie.

Suivront d'autres épreuves 100 % électriques et de belles bagarres sur les circuits de Marbella, Genève, Monaco, Rotterdam ou Honk Kong. Son rêve le plus fou ? « Une course E1 Series à Paris sur la Seine ou pourquoi pas chez moi, devant mon public, sur le plan d'eau emblématique des regrettées 24 Heures Motonautiques », conclut Tom Chiappe. Rouen, une ville qui a vu naître sa passion pour les sports mécaniques, le motonautisme et la vitesse !

Tom Chiappe - E1 series : need for speed
Photos : E1 Series

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