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L’épopée Mercury Marine : the race never stops

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L’épopée Mercury Marine : the race never stops
© Mercury
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Propriété de la holding Brunswick Corporation (réputée entre autres pour ses bowlings et billards), Mercury Marine est le joyau de ce groupe industriel américain qui possède également d'autres fameuses marques dans le nautisme : Bayliner, Boston Whaler, Sea Ray, Quicksilver. .. Cela dit, le cœur d'activité de Mercury Marine demeure son rôle de motoriste. Que ce soit dans le domaine du hors-bord ou du in-board, sa réputation n'est plus à faire. Mais revenons au siècle dernier pour dérouler les temps forts de l'histoire de cette étonnante entreprise. Cette saga commence en 1939 avec l'ingénieur et emblématique patron Carl E. Kiekhaefer (1906-1983). Après un court passage chez Evinrude (pionnier du hors-bord), le jeune Carl rachète une petite manufacture de moteurs hors-bord basée à Cedarburg, dans le Wisconsin. Dans un premier temps, il poursuit la fabrication des petits hors-bord Thor, améliorant le produit au point que les commandes affluent. Il décide alors de créer sa propre marque : Mercury. L'année suivante, au salon de New York, il enregistre 16 000 commandes ! Son destin est alors tout tracé. Toutefois, bien qu'investi dans la production de ses moteurs marins, Kiekaefer réussit à donner libre cours à son autre passion : la course automobile. Sur route (Carrera Panamerica) comme sur circuit (NASCAR), les bolides Mercury trustent les premières places, contribuant aussi à la promotion des moteurs marins.

L'histoire des “moteurs noirs” est étroitement liée à la compétition motonautique

Au début des années 50, l'entreprise décide d'acheter un lac situé à 50 km d'Orlando (Floride), perdu dans la végétation. Outil impératif afin d'assouvir la soif de performance de Carl Kiekhafer pour ses Mercury dont la puissance ne cesse d'augmenter. Ce lac, il l'avait baptisé “Lake X” car, lors des négociations pour son acquisition, il ne voulait pas que d'autres acheteurs éventuels puissent le situer. Avec ses cinq kilomètres de long, ce plan d'eau retiré permettait aux bateaux de compétition d'atteindre leur vitesse maximale, sans avoir à couper les gaz. C'est là, en 1957, qu'il entreprit d'établir un record d'endurance, faisant tourner le Mark 75 (60 chevaux), son premier hors-bord six cylindres, 68 jours non-stop, couvrant 80 000 km à la vitesse moyenne de 49 km/h ! Ce lac voulu secret (de son vrai nom lac Conlin) deviendra le cadre d'incessants essais de développement, notamment pour les programmes de compétition de son écurie officielle ainsi que pour les bolides de ses clients, sous l'enseigne Mercury Racing. Plus récemment (en 2004), le département course, sous l'impulsion de Fred Kiekhaefer, fils de Carl, a déménagé sur un plan d'eau plus vaste et marin, à Panama City, toujours en Floride. Lake X était devenu trop exigu pour tester les catamarans inshore ou les offshores capables de dépasser allègrement les 200 km/h. Dans ce temple de la vitesse, douze essayeurs “usine”, dont deux pour Mercury Racing, se relayent huit heures par jour et cinq jours par semaine aux commandes des nombreux bateaux d'essai, de course ou de plaisance. “The race never stops !” (la course ne s'arrête jamais !), telle est la devise de Mercury Racing !

Le Verado 600, premier hors-bord V12 de l'histoire, pour propulser des bateaux de plus en plus grands

Au cours de son développement, Mercury Marine va connaître un épisode singulier. En 1948, Jimm Wynne, qui n'est autre qu'un ingénieur de Kiekhaefer Marine (l'entité deviendra Mercury Marine en 1969), parvint à mettre au point la première embase sterndrive (directionnelle et relevable), telle qu'on la connaît aujourd'hui. L'objectif était d'associer la praticité du hors-bord à la puissance du in-board. Mais cette embase destinée aux in-board, Kiekhaefer ne la retiendra pas… Dix ans plus tard, Wynne, ayant quitté Kickhaefer Marine, la proposera à Volvo Penta qui fera aussitôt l'acquisition du brevet, OMC grand rival avec ses in-board Cobra prévoyant de sortir la sienne.

Kiekhaefer riposta aussitôt avec un 100 chevaux équipé d'une sterndrive Mercury. Malgré ce petit “retard à l'allumage” - Kiekhaefer n'était pas passionné par le in-board - Mercury Marine se rattrapa par la suite, devenant rapidement le plus grand producteur de moteurs in-board sterndrive, et avec les mécaniques les plus puissantes, le sommet de sa gamme “Racing” (essence) développant la bagatelle de 1 650 chevaux !

Incontestablement, la compétition motonautique fait partie de l'ADN de Mercury. Aucune autre marque de moteurs marins ne peut se prévaloir d'un tel palmarès et d'une telle implication dans le domaine du sport motonautique. Les “moteurs noirs” n'ont cessé de truster les victoires dans les deux disciplines majeures du motonautisme : l'Inshore (courses en eaux intérieures) et l'Offshore (courses en mer). Mercury figure d'innombrables fois au palmarès des 24 Heures de Rouen, la plus célèbre épreuve d'endurance Inshore, tandis qu'il a été omniprésent dans l'Offshore, dès les origines de cette discipline, avec notamment l'écrasante domination des Mercruiser 475 chevaux propulsant la Cigarette de Don Aronow en 1969, titre mondial à la clé.

Cet attachement à la compétition a immanquablement rejailli sur la plaisance, avec de larges gammes de hors-bord et in-board, sans oublier l'incomparable collection d'hélices et d'accessoires permettant de tirer la quintessence de ces mécaniques. Souvenons-nous de la série des hors-bord Optimax XS (150 à 300 chevaux), des deux-temps ultra-sportifs présentant le meilleur rapport poids/puissance du marché et dont la production a stoppé récemment. Et pour ce qui est des hélices, Mercury est le roi incontesté, avec des trois, quatre, voire cinq pales, alu ou inox, disponibles dans de larges gammes de diamètres et de pas afin d'optimiser les performances des bateaux, en tenant compte de leur utilisation prioritaire.

Autre temps fort dans l'aventure “hors-bord” de l'entreprise de Fond du Lac, la présentation en grandes pompes, dans le cadre du Miami Boat Show de 2004, de la gamme Verado (200, 225, 250 et 275 chevaux), élaborée avec le concours d'un ex-ingénieur Porsche.

Ces hors-bord furent les premiers à appliquer le concept du “donwsizing” visant une diminution de la cylindrée. Pour compenser ce “cubage” modeste, ces six cylindres en ligne sont boostés par un compresseur. Ces moteurs ont été accompagnés des premiers ordinateurs de bord multifonctions SmartCraft, et de commandes électroniques, douces et précises. Ces dernières années, Mercury a poursuivi l'escalade dans la puissance de ses hors-bord, avec la bénédiction du marché favorisant les montages multiples de hors-bord de grandes puissances, au détriment des moteurs in-board. Afin de propulser des unités de plus en plus grandes, Mercury vient d'engendrer un monstre de puissance et de technologie : un Verado de 600 chevaux avec boîte de vitesses deux rapports et double hélice. Le premier hors-bord V12 de l'histoire ! Et, à l'opposé, le motoriste américain vient de lancer cette année l'Avator, un hors-bord électrique portable, annonciateur d'une future gamme où les watts remplaceront les chevaux.

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