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Xavier Mathieu : Chevaux et Fourneaux

Quand on pense à Xavier Mathieu, une image vient immédiatement à l'esprit : celle du chef élaborant une cuisine provençale avec ferveur depuis plusieurs décennies. Mais une passion peut en cacher une autre. Et s'il parle de batterie, de carcasse et de tournants, c'est presque aussi souvent au sujet d'une belle Mustang que derrière ses fourneaux. Par Pierre Suze.

Modifié le Écrit par La Rédaction
Xavier Mathieu : Chevaux et Fourneaux
Bertrand Brémont
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Pour exercer son talent, Xavier a choisi de s'installer à Joucas, un village du Luberon, près de Gordes. Planté au milieu de la garrigue, son Relais & Châteaux Le Phébus & Spa* est agrémenté de deux restaurants : un gastronomique - La Table de Xavier Mathieu - étoilé au Guide Michelin, et un bistrot - Le Café de la Fontaine.

Et entre deux services, il s'adonne à sa passion pour la Ford Mustang, une voiture qu'il affectionne particulièrement et dont il possède quelques modèles. Cette sportive un peu compacte, bardée de chromes et venant casser les codes de l'époque, fut présentée au printemps 1964, équipée d'un 6 cylindres en ligne (2,8 l) ou d'un V8 (4,3 l puis 4,7 l).

Entre deux services, le chef s'adonne à sa passion américaine.

Xavier Mathieu : d'abord au volant de deux restaurants

Le succès a été tel que différentes versions, plus ou moins réussies, se sont succédé jusqu'à aujourd'hui. Xavier, lui, reste attaché à la première génération. En octobre dernier, il organisait d'ailleurs dans ses murs un week-end pour célébrer - avec une grosse poignée de fondus - les soixante ans de ce modèle mythique.

L'idée de faire se rencontrer des amateurs d'automobiles d'outre-Atlantique, de bonnes tables et de paysages de rêve lui est venue naturellement : « Quand on vit dans un hôtel restaurant, et que l'on reçoit des gens tous les jours, il y a des sujets autres que la cuisine qui émergent. L'automobile en fait partie. Et, avec le temps, cela m'a permis de développer des relations amicales avec d'autres passionnés d'Américaines. »

L'événement s'est organisé de manière informelle. Et ce qui ne devait être au départ qu'un simple déjeuner s'est transformé en week-end entier dans l'établissement du chef étoilé. Au menu, des produits d'automne, comme les champignons et les courges, de l'agneau aussi, de bons vins et quelques virées sur les routes sinueuses de cette belle région.

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Bertrand Brémont

Des petits plaisirs que Xavier Mathieu s'accorde, somme toute, depuis peu. Son temps, au départ, il l'a entièrement consacré à la cuisine, à la recherche de bons produits, à l'élaboration de recettes, à la maîtrise parfaite d'un métier aussi passionnant que chronophage. Quand il a commencé, il avait 14 ans. Son père, qui fabriquait des luminaires à Marseille, a eu envie d'acheter une auberge et c'est à Joucas que la famille a posé ses valises.

Très vite, Xavier s'est retrouvé aux manettes des deux restaurants car ses parents n'étaient pas vraiment de la partie. Il a reproduit les recettes de son arrière-grand-mère, puis celles du chef Roger Vergé chez qui il a fait ses classes, jusqu'à trouver son propre style. Au point qu'aujourd'hui, s'il voit ailleurs un plat qui ressemble à l'un des siens, il le retire de sa carte pour que ses convives n'aient jamais l'impression que la cuisine de la région est uniforme.

Bref, il compose, avec un potager à portée de main et un terroir qu'il valorise au quotidien. Son fils a rejoint l'aventure pour son plus grand plaisir (il parle d'une « qualité de vie exceptionnelle »), mais plus sur la partie hôtellerie.

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Bertrand Brémont

L'automobile n'était jamais bien loin des centres d'intérêt du chef, cachée dans un coin de sa tête : « Depuis tout petit, comme beaucoup de garçons, j'aime les voitures. En particulier les anciennes Américaines. Celles d'aujourd'hui n'ont, à mon sens, plus beaucoup d'intérêt. Cette passion a été une transmission de famille.

Mon père et mon grand-père en ont toujours parlé, essayé, possédé. » Au milieu des années 60, le grand-père de Xavier avait des Studebaker, dont les modèles les plus emblématiques, pour ceux qui s'en souviennent, sont l'Avanti et la Golden Hawk. Son père, lui, aimait toutes les voitures de l'époque et possédait d'autres marques. Alors évidemment, l'automobile faisait partie de leur univers.

Une passion pour les Mustang

Si Xavier Mathieu s'est tourné vers les Mustang il y a quelques années, c'est sans doute un peu en souvenir de cette époque. « Ce que nous transmettent nos parents au cours de notre tendre enfance reste souvent ancré en nous. On est faits de tout ça. On est sensibles aux odeurs, aux bruits… comme en cuisine finalement », précise-t-il. Et puis c'est aussi par commodité car il y a à Saint-Rémy-de-Provence un spécialiste de ces autos, ce qui permet non seulement de posséder mais aussi d'entretenir assez facilement. « Si c'est pour que ça fane, ça ne sert à rien », ajoute-t-il.

Les Mustang que possède le chef ont l'odeur de son enfance, quand son père partageait avec lui sa passion.

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Bertrant Brémont

Son premier achat, il l'a effectué tout seul, il y a six ans, en discutant. Un vrai coup de cœur alors qu'un an plus tôt, il avait essayé le même modèle sans véritablement accrocher. « Comme ce n'est pas un achat que l'on effectue par besoin, la démarche est beaucoup plus complexe. C'est une histoire humaine », explique Xavier.

Ses voitures, il aime autant les regarder que les conduire. Bien sûr, il les fait tourner plus que régulièrement pour éviter qu'elles ne s'abîment, et il y prend plaisir. Il lui arrive même de les utiliser quotidiennement. S'il prévoit un voyage, en revanche, il a besoin d'un peu de temps pour se préparer, savoir quelle route il va emprunter, où il va se garer et dormir. Mais, en réalité, il vibre déjà simplement en montant à bord de ses voitures, sans même les démarrer. Elles ont l'odeur de son enfance. ..

Pour Xavier Mathieu, l'automobile, c'est finalement une expérience proche de la table. Et le fait de combiner les deux le rend heureux. Il réfléchit d'ailleurs déjà à un prochain événement chez lui, à l'automne 2025.

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