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Pierre-Louis Jardel : Rêve d'Outlaw

Publié le Écrit par La Rédaction
Pierre-Louis Jardel : Rêve d'Outlaw
© Damien Lorrai
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Elle a de nombreux admirateurs et reste sans aucun conteste l'archétype des autos signées Ferdinand Porsche dont elle fut le premier jet, l'idée fondatrice. Cette 356 de 1958 continue sa longue histoire sur les routes des rallyes classiques. Avec son physique rondouillard elle pose, à sa naissance en 1948 à Gmünd en Autriche, les bases d'une longue histoire. Très vite, elle évoluera en Type A puis B et C en 62, bénéficiant de multiples améliorations techniques et grimpant en puissance jusqu'au modèle 2 litres Carrera, lui aussi premier d'une longue lignée prolongée jusqu'à nos jours dans la famille 911. Pierre-Louis Jardel avait deux rêves depuis son plus jeune âge : avoir une 356 et courir sur le Tour Auto. Il a fini par réaliser les deux tout à fait récemment et nous reçoit autour d'une Porsche 356 A Type 2 de 1958. Son amour de jeunesse qui dort désormais dans son garage, bien au chaud, quand il ne sillonne pas les verts alpages où il habite. L'auto est superbe et surtout a, pour séduire encore plus, enfilé une tenue très sportive, correspondant à ce qui se faisait en terme de préparation quand la 356 s'engageait en course. Ce qui fait dire à son propriétaire : « Ma voiture n'est pas restaurée à l'identique du modèle 58. Dans le milieu on appelle ça une “Outlaw”. Moi j'appelle ça une voiture prête à courir et capable de me donner bien des sensations. La base est conforme au niveau châssis et moteur-boîte. L a teinte de la carrosserie est aussi d'origine. Ensuite elle a bénéficié de quelques améliorations techniques et mécaniques pour obtenir ce que je recherchais. Mais avant cela, elle a une histoire que j'ai pu retracer peu à peu.

Elle a vécu une bonne partie de sa première vie aux États-Unis où elle est arrivée via Hoffman à New York (NdR : importateur de la marque et grand “influenceur” auprès des marques allemandes dans les années 50-60) . Elle est revenue en Europe dans les années 90 et a eu une grosse restauration en Allemagne où elle faisait partie de la collection d'un particulier. C'est à cette personne que je l'ai achetée il y a cinq ans environ avant de terminer sa préparation et sa remise en état grâce à la concession Porsche Classic de Vélizy. » Une des trois concessions françaises - avec Rouen et Lorient - à se porter au chevet des anciennes gloires de la marque. Un temple de la passion des porschistes et une véritable institution pour les connaisseurs. D'ailleurs, c'est sous l'égide de la marque de Stuttgart que ces centres dédiés aux modèles anciens de Porsche ont vu le jour. Le souci de préserver un patrimoine historique est très présent en ces lieux, en lien direct avec l'usine et ses techniciens spécialistes. Les Porsche anciennes peuvent, grâce à la volonté de quelques acharnés, survivre à travers le temps. Pierre-Louis, que ses amis et intimes surnomment “Pilou”, nous parle de la préparation réalisée par cet atelier réputé de la région parisienne : « La mécanique et la boîte ont été auscultées et comme tout était en bon état, il n'y a pas eu de souci. C'est plutôt sur le plan esthétique et aussi pratique que le travail a porté avec l'installation de sièges de Speedster, plus légers et adaptés à la conduite rapide. Les phares longue portée viennent seconder les optiques d'origine. Pour les trains roulants, les tambours de freins sont de type renforcé, indispensable en configuration “course”. J'ai installé aussi des amortisseurs plus efficaces et des jantes de type spéciales dans le diamètre d'origine pour accueillir des pneus Avon de compétition. Côté moteur, quatre carburateurs Solex avec des filtres à air cornet alimentent le 1600 S. Et un échappement spécial est mis en place. Je pense que nous avons environ 10 0 chevaux, ce qui est bien supérieur aux moteurs d'origine.

L a signature Carrera sur la carrosserie n' est pas conforme car ce n'est pas un modèle de ce type. J'ai bien un radiateur d'huile comme sur les modèles de ce type, mais il a été installé ultérieurement. Comme les logos étaient en place quand j'ai acheté l'auto, je les ai laissés. Sinon j'avais l'obligation d'un gros travail de carrosserie et donc de peinture, qui aurait dû être entièrement refaite. C'est un petit détail et comme avec la préparation moteur je suis à la puissance des modèles Carrera de l' époque, je suis presque raccord. Mais je préfère le souligner. De même que je dois préciser que toute la partie arrière de la voiture a été réparée. Une sale histoire ! 48 heures avant le départ du Tour Auto, une voiture me rentre dedans et tout l'arrière est embouti. Salement ! Ce sont les carrossiers de Vélizy qui ont travaillé comme des fous pour que je puisse passer le contrôle technique et prendre le départ. Sans eux et leur soutien, je restais sur la touche. » Un Tour Auto auquel a enfin pu participer notre hôte en 2020, en compagnie de son frère François, surnommé “Foune” par ses proches (c'est très familial apparemment le coup des surnoms inscrits sur les vitres de la 356). Dans la catégorie régularité, moins exigeante et surtout idéale pour découvrir l'épreuve, les deux frangins ont pris grand plaisir et se sont bien amusés visiblement. La voiture a fort bien fonctionné. Le bonheur était total au point de susciter chez Pilou d'autres envies, d'autres projets. Il en parle : « Je rêverais de courir les 1 000 Miglia en Italie mais ma 356 est trop récente. La limite historique est fixée à 56 ou 57 je crois. Donc, il me faudrait une autre auto. Je vais aussi faire le Tour de Corse historique. Il faut consacrer un budget important à ces rallyes classiques et je ne peux pas encore me permettre d'aller partout. Mais petit à petit je sais que je parviendrai à réaliser mes rêves. Une chose est certaine au final, c'est que le plaisir de faire rouler ces voitures est primordial pour moi. Elles sont faites pour vivre et pas seulement reposer sous une bâche au garage. Donc j'irai à mon rythme, avec les autos auxquelles je pense aussi, comme une Mercedes 190 SL par exemple. Et je sais qu'au bout de la route il y aura du bonheur. » Pierre-Louis nous offre ici une jolie conclusion à cet article qui transpire la passion pour les autos de légende et ce qu'elles véhiculent encore dans l'imaginaire des enfants de 7 à 77 ans ! Malgré ses plus de soixante carats, la 356 a encore de fort beaux restes, surtout préparée de la sorte.

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