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Patrice Chapon : Merci pour le chocolat

Publié le Écrit par La Rédaction
Patrice Chapon : Merci pour le chocolat
© Cathy Dubuisson
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Patrice Chapon apprend le métier de chocolatier à quinze ans. Après deux ans d'apprentissage, il file à Buckingham Palace pour faire des sorbets et des glaces pour la reine d'Angleterre. Il y découvre le chocolat chez Harrods. Il rentre à Paris, enchaîne un poste de professeur dans une école de pâtisserie, un autre de sous-directeur d'hôtel pour apprendre la gestion. Ces petits boulots lui permettent d'acheter sa première moto, un GS 1000 Suzuki, puis un Yamaha XT 500 suivi d'un kawa KH 500, la petite H2. Il veut se lancer mais manque d'argent : « Je postule au culot pour un poste de maître d'hôtel. C'était un métier très dur mais la solution idéale pour mettre rapidement de l'argent de côté.

« Ma spécificité a toujours été de penser différemment, d'apporter des choses nouvelles. »

Ça m'a permis d'acheter ma première machine à chocolat. » Patrice n'a pas de boutique, il travaille dans la cave de son père et fait du porte-à-porte : « Je m'étais donné comme objectif de ne faire que des choses originales : ganaches au basilic ou au thé de chine fumé, praliné à la noix de cajou, des choses qui n'existaient pas à l'époque. » Le démarrage est difficile. Pour couronner le tout, son père déménage : « Et là, j'ai un coup de chance : ma seule cliente m'annonce que son fournisseur de chocolat vend son entreprise. Le chocolatier fabriquait son chocolat dans sa cave mais il était très bien équipé. » Patrice commence à mieux gagner sa vie et achète sa première voiture, lors d'une vente aux enchères en 1991 : « J'avais repéré une 205 T16 mais elle a vite affiché un tarif hors de mon budget. Je vois alors une Jaguar Type E cabriolet série 1 non roulante. L a cote n'est pas montée, ça a été ma première voiture alors que je louais un 16 m2 . » En parallèle de son amour naissant pour l'automobile, il continue à développer son concept. En 1992, il décide d'ouvrir son atelier au public. Le succès est immédiat : « Les gens voulaient absolument acheter leur chocolat dans mon atelier comme s'ils allaient dans une fromagerie. » En 2001, il ouvre un premier magasin à Paris dans une ancienne mercerie. Aujourd'hui, on compte sept boutiques Chapon et ses chocolats se vendent dans quatorze pays : « Il y a quinze ans, je me suis dit que je voulais fabriquer mon propre chocolat à partir de la fève de cacao. À l'époque, tout le monde achetait son chocolat aux mêmes fournisseurs. » Il décide de trouver ses propres fèves et visite les plantations : Madagascar, Nicaragua, et douze autres provenances : « Pour en savoir encore plus, j'ai été aux États-Unis, à Seattle, au seul salon spécialiste du cacao qui existe au monde. J'ai trouvé des fournisseurs et surtout des passionnés en apprenant à reconnaître ce qu'était une bonne fève de cacao. Inconsciemment, je suis vite devenu le seul chocolatier à faire son propre chocolat en Île-de-France. » Il lance le premier Bean to Bar et lance un concept : un bar à mousse au chocolat pure origine.

Mais son rêve automobile ne lui suffit pas. Deux ans après sa Type E, il dépense toutes ses économies dans une Porsche 911 3,2 de 1986 : « Je flâne au volant le week-end jusqu'au jour où je me fais peur après un tête-à-queue dans une sortie d'autoroute et comprends le besoin indispensable de cours de pilotage. » En fréquentant des passionnés, il découvre le Club Porsche de France et fait ses premiers tours de piste à Nogaro : « À la fin de la journée, j'avais complètement bousillé mes pneus et freins mais je maîtrisais les travers et le talon pointe. Je comprenais le sens du mot piloter. » En 97, les clubs ont eu raison de sa passion du circuit et il s'inscrit en compétition, et commence sur une Radicale, un Sport Prototype avec moteur 1300 Yamaha : « Le pilotage était pointu. Après quatre ans dans cette discipline et quelques deuxièmes places sur les podiums, je m'inscris au Championnat Van de Vyver, et participe à une dizaine de courses sur les circuits les plus mythiques d'Europe. » Il roule sur Porsche des années 70, fait neuf fois les courses sur les 22 km du Nürburgring : « L'intérêt de l'endurance n'est pas d'aller vite, c'est de finir. C'est ce qui m'a passionné dans l'automobile, cette partie technique, le fait de devoir être pointu sur le pilotage, de travailler en équipe. » En 2016, il achète une réplique de Porsche 910 : « Elle est strictement identique au modèle historique avec son 6 cylindres de 2,4 l. Elle a son passeport technique, ça me permet de faire les courses d'anciennes. J'ai fait une partie du Mans Classic en 2018. » Ça lui rappelle ses débuts au Championnat GT de série avec sa Porsche 993 RS de 1995 : « C'est stock, il ne fallait qu'un arceau et un harnais. Je l'ai encore et c'est mon bébé. Elle a 90 000 km dont 68 000 de circuit. C'est la voiture avec laquelle j'ai été vice-champion de France en 1999. » Aujourd'hui, Patrice fait moins de circuit et s'intéresse aux courses originales. Sa dernière, le Tour de Corse à bord d'une Porsche 2,5 ST : « Mon rêve serait d'acheter une voiture qui a fait les 24 Heures du Mans. Ce n'est pas la quantité qui m'intéresse, c'est la qualité et l'endurance. » Patrice n'a jamais voulu mélanger automobile et travail. Il voit pourtant de nombreuses analogies entre ses deux passions : « Je retrouve la technicité, la précision. Ma vision de la course n'est pas d'aller vite, d'être le champion des champions, mon plaisir c'est quand je fais un tour parfait. Dans la gastronomie c'est la même chose. » Patrice explique que la dégustation passe par les cinq sens. Il fait le parallèle avec l'auto : " Il y a le lien avec l'odorat, tu sens la voiture, tu la vois, tu l'entends. Tu la maîtrises. Le goût, tu l'as de manière déportée : le goût de bien faire les choses de conduire parfaitement sur un circuit. Le goût c'est aussi l'élégance. Quand tu dégustes un chocolat, il faut être dans un état de sérénité. On a tous une relation avec le chocolat qui vient de l'enfance. J'ai décidé de présenter mes chocolats dans des emballages singuliers et efficaces. Pour garder leur saveur et pour qu'ils puissent avoir leur place en termes de décoration dans la maison. Mes clients comme mes amis ont souvent une de mes tablettes de chocolat dans leur voiture. .."  « Le chocolat et l'automobile parlent tous les deux à nos cinq sens. »

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