Joe Kanno : De rouille et de mousse
Joe Kanno est né à Tokyo en 1970 et vit à Fussa City, à l'ouest de la capitale du Japon. L'artiste contemporain expose dans les années 2000 à Tokyo, Taipei, Munich et vend ses œuvres dans les galeries d'art telles que Sotheby's et Christie's sous son vrai nom, Sakan Kanno. Pendant la crise financière de 2008, pour faire face à la baisse des ventes, il se consacre davantage à son passe-temps, les dioramas, qu'il ne peut vendre sous son nom d'artiste, ce qui le pousse à se rebaptiser Joe. Son univers passionne tellement qu'il est maintenant plus connu sous ce pseudonyme que sous son nom d'artiste. Pour comprendre d'où lui vient son inspiration, il faut retourner à son enfance.
Au Japon, sa génération de passionnés de voitures est appelée la “génération Super-Car” : « J'aime les voitures depuis mon enfance. J'ai eu des Datsun, Toyota, Mitsubishi, Subaru, Volkswagen, Ford, Buick, Volvo et Honda. Et j'ai toujours admiré Lamborghini, Ferrari, Porsche. .. » Adolescent, il traîne ses guêtres dans les nombreux ateliers de réparation automobile du centre de Tokyo : « Il y avait notamment une grande casse avec des véhicules des années 1960 et 1970 abandonnés. C' était mon terrain de jeu. Mes parents n'aimaient pas ça, mais je peignais ces voitures pour faire de l'art. C'est la raison pour laquelle je suis très familier avec la rouille, la saleté, la détérioration et les odeurs propres aux voitures abandonnées. Mon travail est basé sur ces souvenirs : la rouille, les plantes sales, et l' état du sol dans mes œuvres sont exactement ce que m' évoque mon enfance. » La couleur de la rouille qu'il recrée représente la détérioration due au climat dans le centre-ville de Tokyo.
« Je reproduis les images des casses automobiles de mon enfance. »
Pour faire vieillir ses modèles réduits, Joe n'utilise pas de peinture “couleur rouille” : « Mes bases sont l'orange clair, le noir mat et le marron mat, la peinture émail Tamiya. Je combine ces trois couleurs avec celle de la carrosserie de la voiture. J'utilise aussi du blanc pour reproduire l'usure due au soleil et le vert charbonneux pour la mousse. Je passe une trentaine d'heures par diorama, si je n'appliquais qu'une ou deux couches de peinture, le résultat serait une rouille non naturelle et rugueuse. C'est la différence entre une peinture du XIXe siècle et un dessin animé. » Joe commence à vendre ses œuvres en 2015, il en a vendu aujourd'hui un millier, pour des clients originaires de plus de trente pays : « Étonnamment, beaucoup de mes clients ne sont pas des collectionneurs de voitures miniatures mais des collectionneurs d'art. » Joe aimerait dorénavant diversifier les échelles de ses maquettes et travailler des dioramas sans voitures, représentant des paysages mystérieux, comme abandonnés dans un monde parallèle. Mais dans un avenir immédiat, Joe souhaite vendre des NFT, travailler avec des galeries européennes et américaines. Son rêve ? Exposer ses dioramas dans une galerie en France.
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