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The Ice Saint Moritz : La montagne magique

Publié le Écrit par La Rédaction
The Ice Saint Moritz : La montagne magique
© Geoffray Chantelot
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En route vers Saint-Moritz, tout voyageur devrait emporter un exemplaire de La montagne Magique. Le roman majeur et envoûtant de Thomas Mann est à glisser dans sa boîte à gants ou ses bagages pour le spectaculaire périple en train, festin pour le regard à savourer de la voiture-restaurant. « L'habitude est une somnolence, ou tout au moins un affaiblissement de la conscience du temps », écrit le prix Nobel de Littérature qui s'était établi à Zürich. Prise par cette intense impression de distorsion du temps et de la réalité que les sommets de l'Engadine favorisent, en chemin vers l'un des événements automobiles les plus inattendus, l'attention s'arrête sur certaines phrases.

Pas de pelouse bien taillée mais la glace du lac gelé pour ce concours d'élégance.

La notion de durée devient relative à Saint-Moritz où la douceur de vivre est érigée en éternel présent. La station semble être un espace-temps alternatif. Les rêves finissent toujours par s'y réaliser. Tel est bien le cas de The ICE (International Concours of Elegance). Après un tour de chauffe remarqué en 2019, l'événement avait dû être gelé. Nous n'étions que quelques-uns, sur place, avec trois ou quatre autos, en 2020. Le calendrier affichait la date du 29 février : une journée qui n'existe pas toujours. L'année suivante, des machines au repos avaient trouvé refuge dans les salons du Badrutt's Palace. Du temps pour peaufiner les détails, parfaire l'organisation. De longues soirées pour se souvenir de cette nuit de 1984 durant laquelle quelques gentlemen d'outre-Manche, venus en Bentley “Blower”, allèrent faire des dérapages sur le lac gelé après avoir arrosé le centenaire de leur club de “tobogganing”. Fallait-il être anglais pour imaginer faire de la luge, allongé sur le ventre, tête la première... « Il y a deux routes qui mènent à la vie. L'une est la route ordinaire, directe et honnête. L'autre est dangereuse, elle prend le chemin de la mort, et c'est la route géniale », écrit Thomas Mann. The Cresta Club, club militaire britannique, est toujours propriétaire de la piste de glace et a la charge de son entretien. La liste des membres compte autant de pilotes de la R.A.F. que de célébrités.

“Fon” de Portago ou Gunter Sachs y avaient leurs habitudes. Arborer sur sa voiture, sur place ou dans les rues de Mayfair, l'insigne du SMTC (traduire : St Moritz Tobogganing Club), nom officiel du Cresta Club, est du plus grand chic. La Phantom VI du Badrutt's Palace ne le porte pas, mais avec ses porte-skis à l'arrière, elle fait évidemment partie de la famille. Encore quelques pages de La Montagne Magique : « On dit que l'attente est toujours longue. Mais elle est aussi bien ou même plus exactement courte, parce qu'elle dévore des quantités de temps, sans qu'on les vive ni les utilise pour elles-mêmes. » Marco Makaus, témoin oculaire de la virée des Bentley en 1984, en a-t-il discuté avec Ronnie Kessel, lorsqu'ils ont décidé de mettre en œuvre cette idée d'un concours d'élégance hivernal faisant un pas de côté pour s'écarter du modèle habituel, proposant automobiles rutilantes posées sur des pelouses verdoyantes ? Pour ne pas laisser les collectionneurs de glace, les instigateurs de The ICE leur proposent un rendez-vous en mouvement.

Pour ne pas laisser les collectionneurs de glace, The ICE propose un rendez-vous en mouvement.

Fin février, le public remarquait les gloires du grand ou du petit écran : Aston Martin DB5 utilisée par EON Productions pour la promotion d'Opération Tonnerre, Mercury Cougar XR-7 du film Au Service Secret de Sa Majesté, buggy Myers Manx de Steve McQueen dans L 'Affaire Thomas Crown, Ferrari 365 GTS/4 Daytona Spider de l'épisode pilote de Miami Vice . Bien entendu, et bien sûr la Lamborghini Miura du film The Italian Job. Pour les amateurs plus avisés, ces stars n'éclipsent pas les modèles particulièrement marquants. L'Alfa Romeo Tipo B/P3 de 1933, pilotée par Tazio Nuvolari, est un jalon majeur. Marquée de ses insignes “Scuderia Ferrari”, cette voiture exceptionnelle est non seulement la première monoplace italienne d'envergure, ancêtre des F1 modernes, mais aussi le premier modèle marquant attaché au nom d'Enzo Ferrari. Un patronyme auquel s'attache aussi la 250 GTO noire. La Morris Mini Cooper S est l'exemplaire d'usine qui remporta la Coupe des Alpes en 1967. La monoplace Maserati 4CL de course de 1939, lauréate du Best of Show cette année, ou la superbe berlinette A6GCS/53 Pinin Farina, l'une des deux survivantes des trois exemplaires réalisés en 1953, portaient haut le trident. Autres raretés : une Aston Martin DB3S, les Lancia Aurelia B24 S Spider America ou Flaminia Super Sport Zagato, une Jaguar Type C et son pendant routier, la XKSS, une Ferrari 250 GT California châssis long, une Porsche 904, une Ferrari 500 Mondial Pinin Farina de 1954, mais aussi une Abarth OT 2000 “Periscopio” de 1968, ou la célèbre “Jules”, créée pour le Paris-Dakar sur une base de 4 x 4 Toyota avec une carrosserie évoquant un coupé Rolls-Royce Corniche. Les amateurs de supercars n'étaient pas en reste : Horacio Pagani montrait toute l'étendue des possibilités de sa Zonda HP Barchetta sur la piste. Mention spéciale aussi pour le break Fiat 130 “Villa d'Este” Introzzi, une familiale réalisée sur mesure pour Gianni Agnelli, qui a été le plus souvent utilisée par son commanditaire. Une voiture emblématique qui devait légitimement recevoir le prix “Spirit of St. Moritz”. Toute la magie d'une montagne hors du commun.

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