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Vincent Gagnière : Coques en stock

Publié le Écrit par La Rédaction
Vincent Gagnière : Coques en stock
© Damien Lorrai
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Lorsque l'on s'aventure dans la demeure de Vincent Gagnière, aux allures de cabinet de curiosités, on ne sait plus où donner de la tête : mobilier signé de grands noms du design, photos de Henri Cartier-Bresson, compression de César, dessin de Robert Combas, statues africaines savamment chinées, lettres encadrées et signées du Général de Gaulle et de Winston Churchill, photos dédicacées de Joe Frazier, Mohamed Ali, George Foreman, peintures religieuses du XVIIe siècle, bibliothèque hébergeant de nombreux ouvrages séculaires à la tranche magnifiquement dorée et patinée. .. Tout attire le regard, capte l'attention, suscite l'admiration et amène forcément à poser des questions. Les réponses viennent en partie de la généalogie du maître des lieux : un père antiquaire, un grand-père archéologue, maître de recherche au CNRS, conservateur du Palais des Papes en Avignon. .. Vincent a toujours vécu entouré de tableaux, d'objets d'art, de meubles de belle facture, accompagnant son père à la découverte de trésors potentiels dans les mas et les bastides des vieilles familles provençales, transmettant le goût du beau, le travail des artisans et les détails qui signent les pièces qui sortent de l'ordinaire. Il a conservé intact cette sensibilité autant que cet instinct de chasseur, se nourrissant de la traque, de la chine, de la négociation, un jeu qui l'anime avec gourmandise. 

Et il a l'œil sur les brocantes et les bourses qu'il écume consciencieusement, en quête des pépites que ses connaissances lui permettent de percevoir dans un amas de babioles. Lorsqu'il n'est pas dans des galeries ou chez des brocanteurs à la rencontre d'œuvres pouvant enrichir sa collection d'art contemporain, il tisse sa toile sur le web dans des recherches plus précises qu'il affectionne : les casques, au premier rang desquels les GPA, les couvre-chefs arborés par les stars de l'âge d'or de la F1 tricolore, de Alain Prost à Jacques Laffite en passant par Jean-Pierre Jabouille, René Arnoux, François Cevert, Didier Pironi, Patrick Depailler, mais aussi des champions de la dimension de Niki Lauda, Gilles Villeneuve, Nelson Piquet, Jody Scheckter, Riccardo Patrese. .. GPA pour Groupement de Protection pour l'Automobile, est né en 1972, faisant sa révolution dès 1981 avec un casque devenu iconique, le SJ (Sans Jugulaire), en service jusqu'en 1989. Avant GPA, dès 1968, l'Américain Bell se distingua avec le premier casque intégral, porté par Dan Gurney. Après GPA, il y eut le Japonais Arai en 1977 et tant d'autres. Ce sont ces témoignages d'un passé plein de nostalgie que Vincent Gagnière aime recomposer en accumulant des reliques devenues rares. Dans les années 70 et 80, les pilotes se contentaient de deux à trois casques par saison, le double s'ils étaient dans les petits papiers de la marque. 

Dix ans plus tard, Alain Prost, pour ne citer que lui, en disposait de 17 chez Arai pour le championnat 1989. Pour autant, le moindre casque ayant appartenu à un pilote de F1, qui plus est titré, est l'objet de tous les fantasmes, les prix s'envolent et ne cessent de prendre des tours pour flirter avec la zone rouge : pas moins de trente à quarante mille euros pour le heaume d'un héros de la discipline, double, triple ou quadruple champion du monde de F1, plus cher encore pour celui qui accède au stade de légende ou d'icône, fort de multiples couronnes mondiales avec une aura particulière. Et plus encore si affinités pour les fans de Senna, Schumacher, Hamilton, la passion pouvant tout emporter sur son passage. À ce tarif, toutes les précautions sont nécessaires pour garantir son authenticité, ce qui n'est pas toujours une mince affaire, l'appât du gain faisant surgir de vrais-faux, comme il en va des œuvres d'art. Et même pour un GPA CJ F1 de base, blanc, n'ayant jamais été porté par un pilote de renom, comptez près de quatre mille euros et estimez-vous heureux d'en trouver un. Mais la chance existe. « Il y a dix ans, sur “Leboncoin”, je vois une annonce pour un casque soi-disant moto à vendre. En fait, c' était un Bell XFM-1, une référence, adoptée par de très nombreux pilotes. Je contacte le vendeur, un agriculteur, qui habitait à dix kilomètres de chez moi et me dit au téléphone en vouloir dix euros. Incroyable ! Dans le doute, au cas où il se soit trompé, je prends cent euros, je saute sur ma moto et je file voir le casque. J'apprends qu'il appartenait au fils ayant quitté les lieux, à l' époque où il faisait du karting. La maison était dans un désordre indescriptible et à force de fouilles, je mets la main sur le fameux Bell, dans un très bon état, au prix indiqué : dix euros ! » , raconte Vincent en souriant.

Il fut un temps où Vincent s'offrait des casques originaux, devenus inabordables… À l'inverse, maîtrisant parfaitement son sujet, il n'a jamais connu de déconvenues, hormis le fait d'acheter à petit prix des casques sans intérêt dont il se défait pour recentrer sa collection en la tirant vers le haut. Vincent a eu la chance de posséder de nombreux casques portés par des pilotes de notoriété, récupérés via son réseau, parmi lesquels ceux d'Alain Prost, de Jacques Laffite, de Philippe Streiff, de Pascal Fabre. .. dont il s'est séparé, en le regrettant, bien évidemment, tout en conservant l'original de Nelson Piquet, les 53 autres qui trônent dans son bureau (sans compter ceux qui sommeillent dans le garage aux côtés de ses motos, de combinaisons, pneus et autre objets racing) étant des réplicas de grande qualité pour lesquels il dépense environ deux mille euros rien que pour la peinture pour un résultat extrêmement proche de l'origine. Mais il ne faut pas être pressé, un an d'attente est parfois nécessaire pour un travail exemplaire, comme celui de Christian Roux, quarante ans d'expérience, ayant peint pour Jean Alesi, Yannick Dalmas, Olivier Panis et considéré aujourd'hui comme l'un des meilleurs. Et puis, il y a quelques casques réplicas de Jean Alesi, avec qui Vincent était à l'école, l'époque où ils roulaient en kart ensemble, avant que Jean ne bifurque vers la Coupe R5 puis la carrière que l'on sait, et que Vincent ne s'accomplisse dans son métier de soldat du feu. Le feu sacré, les débuts de la passion solidement ancrée de Vincent dans le sport automobile et ses Memorabilia. Moyennant 2 000 euros, une peinture replica donne l'illusion d'un casque original.

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