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Emily Bondi : Princesse en piste

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Emily Bondi : Princesse en piste
© François Darmigny
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On peut compter sur les doigts d'une seule main les femmes qui ont un jour enfilé une combinaison de cuir pour aller affronter sur la piste les pilotes de Grands Prix. Hormis Katia Poensgen en GP 250 au début des années 2000, on ne voit pas. Et dans les autres catégories et au niveau mondial, c'est tout aussi rare. Alors quand une jolie Française de 23 ans à peine intègre le tout nouveau Championnat du monde féminin de vitesse moto, on ne peut que se réjouir. Surtout que le tout récent parcours d'Emily Bondi est d'une fulgurance incroyable. Elle nous raconte ses débuts depuis un lit d'hôpital et à la veille d'une opération chirurgicale délicate. Intervention indispensable à la réparation d'une cheville très abîmée à l'entame de la saison lors d'une séance d'entraînement. Elle a cependant le sourire et ne se laisse pas démoraliser : « Eh oui, j'ai fait une grosse chute au Vigeant sur une piste sale et humide et la sanction est sévère. Mais je serai sur pieds à l'ouverture du championnat à Misano en juin.

J'aurais préféré éviter ça mais. .. c'est la dure loi du sport. » Un sport moto qui ne fait pas de cadeau parfois mais lui apporte un énorme bonheur. La compétition moto pour elle, c'est tout récent. L'an passé, poussée par son compagnon Adrian Jorry (pilote de motocross), elle s'inscrivait au Championnat de France féminin de vitesse. Une catégorie en devenir qu'elle remporte haut la main avec quatre victoires de manche et huit podiums. Dans le genre improbable, elle affiche le score ! Qui va lui ouvrir les portes du Championnat FIM nouvellement créé pour 2024 et réunissant des pilotes venues du monde entier, avec notamment la très rapide Ana Carrasco qui roulait en Moto 3 GP face aux hommes ces dernières années. Comme Emily le précise : « Ce nouveau championnat dans lequel je suis une pure débutante promet d'être vraiment de haut niveau. Je sais qu'il y aura des pilotes plus rapides que moi, plus expérimentées aussi mais c'est le challenge. C'est une chance pour moi d'avoir pu trouver un budget pour ces 6 courses et toute la saison (NDLR : qui se déroule en 6 fois deux manches dans le cadre du Superbike mondial). Et même si les débuts sont franchement contrariés, je vais tout faire pour aller me battre devant. Mais il va falloir bosser et surtout s'entraîner, progresser, apprendre... » Grands-parents et parents pratiquent la moto depuis toujours mais elle est la seule à rouler sur la piste...

Bien entourée et soutenue par sa famille au sein de laquelle la moto est une sorte de religion, elle est coachée par Xavier Siméon, ancien pilote de GP et d'Endurance. Ensemble ils ont mis au point un programme de travail intensif et les progrès sont déjà au rendez-vous. Emily, compétitrice dans l'âme, n'y va pas pour faire de la figuration. Ce qu'elle veut c'est gagner. Sans doute cela a-t-il frappé l'esprit de son prof de moto-école (permis passé il y a deux ans), Philippe Monneret. Elle raconte : « J'allais à mes cours de conduite à Meudon chez Philippe. Un jour il vient me voir et me propose d'aller rouler sur le circuit de Montlhéry pour que je puisse me rendre compte de ce qu'est une moto de vitesse. Et là, je n'avais qu'une obsession : poser le genou au sol en virage. J'ai tout fait pour y arriver et ça a été un franc succès puisqu'en plus du genou c'est tout le monde qui est allé par terre.

Sans bobo heureusement (rires). Mais j'avais mordu au truc. Je voulais piloter sur la piste. Alors j'ai commencé à rouler, sur différents circuits, et mon fiancé Adrian a poussé à la roue. C'est comme ça que je me suis engagée au Championnat de France, avec une Yamaha R6... » Dont on se souvient facilement car avec ses coloris rose et noir assortis à la combinaison d'Emily, elle ne passe pas inaperçue. Affirmant de la sorte et à sa manière qu'une fille à moto. .. ça peut aller vite face aux garçons. Emily souligne d'ailleurs d'autres luttes qu'elle mène : « J 'a i envie de faire passer le message aux femmes que la moto n'est pas un territoire seulement réservé aux hommes. Ce milieu de la moto est encore assez fermé à cette idée et reste toujours un peu narquois vis-à-vis des femmes pilotes. Mais je m'en moque. Je sais qu'il n'y a pas d'impossibilité à ce qu'une femme roule vite sur la piste.

Emily Bondi Photos
© François Darmigny

Et je sais aussi que j'arrive au bon moment dans ce milieu qui cherche à évoluer et finira par admettre que les petites filles et les “Princesses” peuvent aller vers la compétition de haut niveau. » À ce titre d'ailleurs, Emily reçoit le soutien des pilotes français en Moto GP tels Fabien Quartararo ou Johann Zarco, qu'elle connaît bien et qui lui prodiguent quelques conseils à l'occasion. Parallèlement étudiante en marketing digital et communication à l'IESEG, Emily gère sa propre communication et ses recherches de sponsors comme une pro. Elle nous parle de certains projets sur lesquels elle travaille : « Je pense que de nombreuses marques plus purement féminines peuvent être intéressées pour aider des pilotes à construire leurs budgets. On voit bien que le sponsoring est le plus souvent une affaire de marques liées directement à la moto. Séduire d'autres secteurs plus proches des femmes me semble une bonne piste. Avec la création d'un championnat exclusivement féminin, des champs nouveaux de communication s'ouvrent. Et j'espère que cette tendance va se développer. » Nous l'espérons aussi pour toutes ces femmes qui aimeraient franchir le pas, et que certaines d'entre elles accèdent aux sacro-saintes catégories supérieures. Non pas comme des garçons manqués mais bien comme des femmes accomplies... Emily, pure rookie, sait qu'elle devra faire face à une concurrence redoutable dès le début de saison...

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