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Porsche 959 " V5 " : La Porsche du Doktor

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Porsche 959 « V5 » : La Porsche du Doktor
© Frederik Dulay-Winkler
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Cette 959 est une des sept “V” construites dans le but de tester sur route les prestations finales de la voiture, sous la direction du patron du développement technique. Ultime démonstrateur technologique des années 80, la 959 démontre à l'époque à quel point il est possible de pousser à l'extrême ce dont est capable une voiture homologuée pour la route. Visuellement déjà, la 959 est un choc, avec sa carrosserie basée sur une 911 aux porte-à-faux étirés, ses ailes élargies pour s'adapter à des voies plus larges et ses flancs modelés. Le traitement aérodynamique impressionne avec les grilles latérales des boucliers avant et arrière et un immense aileron intégré qui caractérise sa silhouette. Sous le capot arrière, le flat 6 biturbo 2.9 avec culasses à 4 soupapes refroidies par eau (le bloc reste refroidi par air) est dérivé de la mythique 962 de course, tandis que le châssis reçoit un réglage électronique et une innovante transmission intégrale. Son électronique embarquée peut sembler banale aujourd'hui mais, pour l'époque, elle réunissait un ensemble de solutions impressionnant et très précurseur : ABS, capteurs de pression des pneus, suspension à hauteur variable et système 4x4 intelligent distribuant jusqu'à 50 % du couple aux roues avant, selon différents modes sélectionnables. .. Un porte-drapeau pour la marque de Stuttgart qui sera produit à seulement 292 unités, facturées au prix faramineux de 420 000 Deutsch Marks, ou 1 780 000 Francs !

Pourtant, on dit que la marque vendait cette auto ultra high-tech à perte. Originellement pensée pour répondre aux critères d'homologation des monstres de rallyes en Groupe B (200 exemplaires “street legal” qui donneront naissances aux Audi Quattro Sport, 205 Turbo 16 et autres Lancia Delta S4 ou Ford RS200), la 959 est une véritable supercar capable de rivaliser avec les plus grands monstres italiens de l'époque. Il ne faut pas se fier aux apparences, ses performances sont bien comparables à celles des Ferrari et Lamborghini les plus affûtées des années 80, malgré un look proche de la 911, sage en comparaison. Dès 1981, le concept car Gruppe B présenté au Salon de Francfort avait donné le ton, préfigurant la 959 routière. La version finale lancée en 1987 développe la bagatelle de 450 chevaux à 6 500 tr/min (le bloc bénéficie d'une puissance spécifique record pour l'époque de 158 chevaux/ litre) grâce à ses deux turbocompresseurs KKK refroidis par eau montés en série, de tailles inégales pour entrer en action à des régimes différents et contourner ainsi le terrible temps de réponse d'un gros turbo comme celui de la 930.

Son couple se monte à 500 newtons-mètres tandis que sa carrosserie faisant un large emploi des matériaux composites et d'aluminium permet de conserver un poids maîtrisé se chiffrant autour de 1 450 kg. Résultat, plus de 300 km/h en pointe et des accélérations foudroyantes de moins de 4 s de 0 à 100 km/h, des performances de tout premier ordre loin d'être ridicules encore aujourd'hui. Une boîte à 6 rapports et une transmission intégrale sont chargées de passer cette débauche de puissance à la route et ce, quelles que soient les conditions. Du Paris-Dakar aux 24 Heures du Mans, la 959 a fait la preuve de la pertinence de ses choix technologiques, dédiés à la performance. Mais sur route, son habitacle très proche de celui de la 911 classique, son confort et sa polyvalence en font une auto tout à fait exploitable. Une définition mise au point grâce à quelques modèles de présérie comme celle présentée dans ces pages, photographiée par Frederik Dulay chez Messina Classics (Christian Messina Hembry) en Allemagne, à Motorworld près de Stuttgart. Datée de 1986 et affublée du nom de code V5 (V pour “Vorserie”, présérie en allemand), notre 959 est une des sept “V” construites dans le but de tester sur route les prestations finales de la voiture, sous la direction du patron du développement technique de l'époque, Helmut Bott. Elle a une histoire qui lui est très spécifique, puisque son pilote d'essai Dieter Röscheisen a pu la prendre en photo sans camouflage au fur et à mesure de ses nombreux kilomètres de route, documentant son périple dans un livre accompagnant l'auto.

Du Dakar au Mans, la 959 a fait preuve de la pertinence de ses choix technologiques, dédiés à la performance. Ainsi est-elle passée par les routes enneigées de Suède et du Cap Nord, les circuits du Nürburgring, Contidrom, Nardo, Ehra-Lessien, chacun exigeant dans son domaine spécifique. .. Cette version Komfort (il y a aura aussi une version Sport, beaucoup moins produite), qui n'est pas équipée d'un arceau de sécurité, est destinée aux “soft tests”. Elle se distingue des 959 “normales”(mais est-ce un mot que l'on peut accoler à une telle auto ?) par son unique rétroviseur extérieur, son spoiler arrière noir et. .. sa trappe à essence avant non fonctionnelle - il faut ouvrir le capot pour faire le plein. Et elle a eu derrière son volant un testeur de choc en la personne du Prof. Dr. Ferdinand Piëch lui même ! Elle a connu ensuite différents propriétaires, dont un chef de cuisine autrichien, Hasi Unterberger (un bon ami de Piëch) et un photographe automobile, Rene Staud. Son historique est très suivi, avec un entretien effectué dans les rares concessions de la marque agréées pour ce modèle. Son état impeccable est d'ailleurs surprenant au vu des tests en conditions sévères qu'elle a subis. Une magnifique version blanc grand prix, avec intérieur cuir noir (toujours 2 + 2...), sur la base d'un châssis de 930 Turbo que l'on retrouve dans son numéro de série. Un véritable pan d'histoire que tous les anciens adolescents des années 80 retrouveront avec émerveillement.

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