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BT-06 X BELL&ROSS : Une mécanique d’horlogerie

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BT-06 X BELL&ROSS : Une mécanique d’horlogerie
© Igor Sinitsin
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Les motos construites sous le signe d'une collaboration entre deux marques sont très souvent issues d'une démarche des plus commerciales. Business is business, et après tout, vu que les résultats obtenus à travers ces additions d'idées sont le plus souvent charmants, on ne se plaint pas. .. trop. Oui, parfois ce genre de chantier participe plus de l'estampillage d'un logo aux côtés d'un autre et le tour est joué. Avec la démarche qu'ont entreprise Sacha Lakic, créateur des Blacktrack successives (dont nous avons déjà parlé depuis 2016), et Bruno Belamich, le créateur horloger Bell & Ross, on atteint une autre dimension de ces fameuses collaborations. Ici, deux objets luxueux - deux œuvres - partagent une esthétique des plus cohérentes. Aussi bien sur la montre BR 03-94 Ceramic que pour l'Indian revue à la sauce café racer futuriste, chaque chose se parle et se répond. On pense aux coloris, aux formes, aux matières... autant d'éléments aptes à souligner cette osmose totale entre une horlogerie de haute volée et une moto d'exception. Bell & Ross est connu pour puiser son inspiration du côté de l'aviation de chasse. Blacktrack a construit son image de marque sur des motos sans compromis, uniques, sportives et dotées de performances dignes. .. d'un “avion de chasse”. Tout comme il est logique de voir les domaines de l'horlogerie, de l'aviation et de la mécanique être aussi proches que possible dans l'univers de l'ingénierie. Au final on s'y retrouve !

Sacha Lakic souligne : « Cette BT-06, c'est une histoire de rencontre entre deux personnes. Cette moto a été créée en liaison étroite avec la marque horlogère. C'est Bruno Belamich qui m'a demandé de travailler sur ce projet et je dois dire que c'est une chose assez nouvelle pour moi. Habituellement je travaille seul sur mes projets et depuis la création de Blacktrack, j'agissais selon mes propres inspirations et mes envies. Là, nous avons décidé de collaborer étroitement, des étapes du dessin aux premières pièces et jusqu'aux versions définitives de la montre et de la moto. Notamment la céramique noire dont le boîtier de la montre est constitué a un aspect particulier selon la lumière reçue. Il a fallu pas mal d'heures de travail et de nombreux essais pour que le rendu des pièces de la moto se rapproche au mieux de celui de la montre. Le cuir du bracelet, les surpiquages rouges que l'on retrouve aussi sur la sellerie de la BT-06 sont un exemple de cette démarche globale et conjointe. Je crois que ce qui nous a réunis intimement, Bruno et moi, c'est cette passion que nous partageons pour le design, la beauté et la mécanique. » Il est vrai que la marque Bell & Ross est la seule à l'heure actuelle à avoir construit de toutes pièces des motos à son nom et son image. En 2011, de l'association avec Shaw et Harley-Davidson naît la Nascafe Racer Bell & Ross. Déjà équipée d'une montre BR 01 insérée dans le tableau de bord. On pense ensuite à ce dragster sur base Harley-Davidson qui a été très remarqué en 2014 (voir MH n° 9).

Chaque élément de cette BT-06 nous rapporte au chronographe, qui lui-même inspire son esthétique.

Une préparation confiée au nouveau builder anglais cité, pour accompagner la sortie des montres BR 01 et BR 03 B-Rocket - du nom de la moto imaginée par l'horloger. Prolongeant cette logique, la BT-06 a donc été mise en chantier en même temps que la BR 03-94, un chronographe totalement inédit (voir page 154). Au passage on notera que pour la première fois chez Blacktrack, la numéro 06 sera commercialisée en une toute petite série limitée, sur commande, livrée avec la montre Bell & Ross, tirée à 500 exemplaires, qui l'accompagne. Un pas en avant dans une démarche plus “commerciale” vient donc d'être effectué. Les collectionneurs de motos de rêve - clients rares des quelques modèles Black Track - et de montres d'exception en seront ravis...

Pour parler de la moto, on abordera en premier lieu son esthétique. Ses lignes fluides et relativement simples tendent vers une silhouette des plus épurées, du saute-vent à la poupe effilée. Ici les formes sont nettes, les surfaces sont planes et très peu soumises à la gouge du sculpteur, comme c'est souvent le cas des designs moto en vigueur, souvent très complexes et torturés. Se dégage au premier regard un sentiment de pureté, d'essentialité et de grande élégance avec un zeste d'agressivité soulignée par une selle suspendue dans le vide, au dessin très racé. Rien de trop, rien de moins. .. juste les éléments indispensables à ce que doit être une moto. La base est une Indian Scout 1200 dont on a conservé très peu de choses. Sacha explique ce choix : « Je voulais construire une moto fine, étroite. La motorisation Indian 1200, d'une puissance largement suffisante (NDLR : 100 chevaux), convenait bien au projet. De plus ce bloc refroidi par eau est très beau, pur. Moderne aussi. Donc j'ai choisi cette Indian et je me suis mis au travail. .. » Une tâche qui a consisté a ne garder que très peu d'éléments de la base de la moto. Le cadre, sans sa boucle arrière, la colonne de direction et le moteur. Tout le reste est construit pièce par pièce. Le support de la selle-dosseret est une pièce en aluminium usinée CNC dans la masse. Une pratique que l'on retrouve sur les tés de fourche et les commandes aux pieds.

Pour l'habillage du dosseret, Sacha précise : « Cela n'a pas été simple. La pièce, évidée, est imprimée en 3D avec des composants élaborés à partir de carbone et de résines. On retrouve sur la coque du réservoir, qui vient coiffer la boîte à air et la pièce en aluminium contenant le carburant, ces formes en X raccordant parfaitement avec les flancs ajourés du carénage. Je tenais à retrouver dans ces carénages les lignes particulières du cadran de la montre, points de fixation compris. Et laisser voir la partie mécanique en ne la révélant pas totalement. » Pour les trains roulants ont été convoqués quelques grands noms. La fourche inversée Öhlins TTX voisine avec deux combinés arrière de la même série. Les jantes 17 pouces de chez Rotobox sont en carbone forgé. Elles influent directement par le profil des branches sur les frettes des disques, redessinés. Pour obtenir une piste très étroite, ils ont été fabriqués spécialement par Beringer selon les dessins de Sacha. De même que les étriers à quatre pistons, pièces uniques signées Blacktrack. Le niveau de sophistication de ce train avant est ultime. Surtout sublime ! Qualificatif qu'on applique instinctivement à tous les détails que l'on découvre en faisant le tour de cette exception motocycliste.

Cette moto développée en étroite collaboration avec la maison horlogère est destinée à une production en petite série.

On pense aux commandes au guidon (Beringer toujours), à l'instrumentation Motogadget incluse sur le dessus du réservoir, au support de la montre culminant au centre du té supérieur et signé Bell & Ross. .. Même les pneumatiques Michelin slicks retaillés reprennent sur le bord de la bande de roulage les graduations d'un cadran de montre. Quant à la ligne d'échappement avec tubes noirs laqués haute température et la sortie des plus minimalistes, elle ne pourra être accusée d'un manque d'originalité et sans doute pas d'un manque de voix ! La collaboration Blacktrack et Bell & Ross a duré deux ans pour aboutir à cette moto dont on peut penser qu'elle marquera les esprits. On a rarement été témoin d'une telle osmose entre une montre et une moto. Et le simple fait qu'un emplacement dédié ait été imaginé pour accueillir la montre BR 03-94 est un signe fort. Sacha explique : « Dès le départ nous voulions que la montre soit positionnée sous les yeux du pilote. Un peu comme un mini-tableau de bord (NDLR : le dessin du cadran, le positionnement des fenêtres font vraiment penser à une instrumentation de moto). Alors nous avons imaginé ce support sur lequel vient se fixer la montre, avec un emplacement habillé de caoutchouc pour caler le boîtier et l'isoler des vibrations. C'est une pièce taillée dans la masse et signée Bell & Ross. » Quand nous vous évoquions sophistication et paroxysme du bel ouvrage, nous ne nous trompions guère. Avec cette BT-06, le nouveau chronographe BR 03-94 Ceramic de Bell & Ross a trouvé l'écrin d'exception qu'il lui fallait. Ou serait-ce Blacktrack qui a trouvé une instrumentation à la hauteur de son esthétique sublimée ? Ni l'un ni l'autre au fond puisque tout a été imaginé dans un accord juste et parfait...Rien n'a été laissé au hasard sur cette BT-06 et chaque élément correspond idéalement au chronographe. Et inversement.

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