S'abonner

Bausele : from Sydney, with love

Modifié le Écrit par La Rédaction
Bausele : from Sydney, with love
© DR
Couverture complète sur mise-en-avant

Certaines trajectoires semblent écrites depuis toujours. Un grand-père horloger, une enfance passionnée de mécanique, une naissance à La Chaux-de-Fonds : autant d'éléments qui peuvent orienter vers une carrière horlogère. Rien de tout cela chez Christophe Hoppé. L'homme est alsacien, a grandi à Ryad, fait ses études en Angleterre, travaillé au Luxembourg, intégré la finance et s'est spécialisé dans les fonds d'investissement. Le CFO type, signé PWC ou Morgan Stanley. Pas vraiment la profession la plus sexy, et l'intéressé est le premier à en convenir.

Mais quelques rencontres vont venir bousculer une voie qui semblait toute tracée. D'abord, avec Franck Dubarry, qui l'engage chez Technomarine. Ensuite, le Swatch Group, qui le place chez le fabricant maison d'aiguilles, Universo. De là, Christophe Hoppé musarde, ne tient pas en place. « Je vais chez ETA, chez Piguet. Au Swatch Group, on n'avait jamais vu un CFO descendre aux CNC, parler aux horlogers. Moi, j'adorais ça. Mais pour prendre la direction d'une marque, il me fallait au moins 10 ans en poste, et une bonne dose de chance. Je n'en avais pas la patience. »

Du sable dans la couronne

Au tournant 2010, Christophe Hoppé rencontre Yvan Arpa, génial designer croisé sur un salon. L'homme, dont les inventions sont régulièrement pillées par l'industrie horlogère, lui donne une idée : « Ta femme est australienne, vous vivez sur place. Si tu veux créer une marque de montres australiennes, mets-y du sable local, de la terre de là-bas. » Des “éléments australiens” qui forment l'ADN de Bausele, pour “Beyond Australian Elements”. De la terre australienne est intégrée dans la couronne. La marque a les inconvénients de ses avantages : elle est exotique (mais loin de tout), indépendante (mais sur fonds propres), unique en Australie (mais sur un marché quasi inexistant). « Pendant deux ans, j'achète des mouvements suisses à quartz, je fais faire mes boîtes et cadrans par mes amis en Suisse, je vends quelques montres. Ça m'amuse, mais j'ai un travail régulier à côté. Nous avions à l'époque deux jeunes enfants, ma femme s'en occupait à plein temps, tout reposait sur moi. Ça a vraiment décollé le 1er février 2013. Ce matin-là, mon téléphone s'est mis à sonner toutes les 30 secondes pour une nouvelle commande : le Sydney Morning Herald venait de publier un article sur Bausele. » La marque vend alors pour 100 000 dollars de montres en quelques jours.

« Au Swatch Group, on n'avait jamais vu un directeur financier descendre parler aux horlogers. Moi, j'adorais ça ! »

Bataille contre Breitling

La belle fable voudrait que la marque explose en 24 h. Ce n'est pas le cas : Christophe Hoppé est financier. Il sait déjà que l'Australien ne met pas plus de 500 dollars dans un accessoire, que la culture horlogère australienne est quasiment nulle, qu'il représente la seule griffe locale, et que la crise de 2008 a laissé des plaies béantes.

« Si tu veux créer une marque de montres australiennes, mets-y du sable local, de la terre de là-bas. »

Mais quelque chose frémit. L'entrepreneur décide de passer au mouvement mécanique et de réaliser ses premières collaborations. C'est sur ce terrain qu'il remporte une nouvelle bataille : en 2019, contre Bremont et Breitling, Bausele décroche le marché des montres officielles des vétérans de l'armée américaine. La marque acquiert ce qui lui manquait : une reconnaissance internationale.

À 48 ans, “Christo”, comme le baptisent ses proches, sait la route être encore longue. « Nous vivons l'Australian Dream au quotidien, mon second fils est né ici, mon bureau donne sur la plage, je vais nager tous les matins, mais nous sommes loin de tout. C'est une liberté qui a un prix. » Cruel paradoxe : vendre du rêve implique parfois d'y vivre. On appelle cela l'authenticité.

Mentionnés dans cet article

Écrit par La Rédaction
Partagez cet article partout

Dernières news sur mise-en-avant

Bugatti 57G "tank" : voyage dans le Tank

Bugatti 57G "tank" : voyage dans le Tank

Dans le vaste kaléidoscope des Bugatti Type 57, celle que l'on surnomme le Tank détonne avec son dessin à part, ses records du monde et son palmarès incroyable, couronné par une victoire aux 24 Heures du Mans. Par Étienne Raynaud.

Du côté de Lille : chti'time 

Du côté de Lille : chti'time 

Petit tour de cadran dans la capitale des Flandres. Même si l'on n'y crée pas de montres, horlogers, amateurs et collectionneurs trouvent toujours de quoi se réchauffer le cœur sous un ciel bas de légende. Alors, haut les chronographes ! De notre envoyé spécial Jean-Pascal Grosso.

Nicolas Casano : pêche en “no kill”

Nicolas Casano : pêche en “no kill”

La pêche au “broumé”. C'est de cette technique ancestrale de sa région que l'Héraultais, champion de France en titre de pêche au thon, est passé maître. Il nous a conviés pour une petite démonstration, prêt à batailler avec ce poisson qu'il qualifie de “divin”. Par Philippe Leblond.

Road burner garage : agent double

Road burner garage : agent double

Road Burner Garage manie toujours l'art de la préparation avec élégance. Lorsque l'inspiration vient de la DB5 de James Bond, on parle alors de majesté. Par Jean-François Muguet.

Auto union Schnellsportwagen : formule 1 berline

Auto union Schnellsportwagen : formule 1 berline

Le département “Tradition” d'Audi a eu l'excellente idée de donner vie à un projet délirant que les ingénieurs de Porsche avaient esquissé il y a 90 ans… mais qu'ils n'avaient jamais pu concrétiser. Ils voulaient tout simplement mettre sur la route la machine la plus démoniaque jamais imaginée. Par Serge Bellu.

Philippe Bas : bonne gueule, bonne heure

Philippe Bas : bonne gueule, bonne heure

Philippe Bas, acteur à succès, prend une pause pour se recentrer, évoquant sa passion pour les montres liées à ses rôles et son amour du sport et de la vie simple. Par Jean-Pascal Grosso.

Couverture complète sur mise-en-avant >

Sur le même sujet

Du côté de Lille : chti'time 

Du côté de Lille : chti'time 

Petit tour de cadran dans la capitale des Flandres. Même si l'on n'y crée pas de montres, horlogers, amateurs et collectionneurs trouvent toujours de quoi se réchauffer le cœur sous un ciel bas de légende. Alors, haut les chronographes ! De notre envoyé spécial Jean-Pascal Grosso.

Philippe Bas : bonne gueule, bonne heure

Philippe Bas : bonne gueule, bonne heure

Philippe Bas, acteur à succès, prend une pause pour se recentrer, évoquant sa passion pour les montres liées à ses rôles et son amour du sport et de la vie simple. Par Jean-Pascal Grosso.

March LA.B x La Joux-Perret : French flair

March LA.B x La Joux-Perret : French flair

Cocorico ! Depuis 2022, la maison française d'horlogerie équipe ses montres d'un mouvement constitué de composants suisses, mais assemblés dans l'atelier d'Humbert-Droz, situé à Besançon. Une première mondiale pour une entente de ce genre. Par Arthur Frydman.

HYT x Fally Ipupa : quand la musique est bonne

HYT x Fally Ipupa : quand la musique est bonne

Fally Ipupa, artiste incontesté de la scène africaine, est récemment devenu ambassadeur de la marque de haute horlogerie HYT. Une rencontre entre deux protagonistes qui repoussent chacun les limites de leur art. Par Marine Ulrich.

ZRC & Sebastien Bouilllet

ZRC & Sebastien Bouilllet

ZRC célèbre cette année ses 120 ans avec goût. La maison a en effet signé un partenariat avec l'un des chefs pâtissiers les plus en vue du moment, Sébastien Bouillet. Dans un esprit cool-chic, il ne quitte plus ses montres ZRC qu'il a choisies au sein de la collection Grands Fonds. Par Hervé Borne.

Olivier Jonquet : le carillon de Tarascon

Olivier Jonquet : le carillon de Tarascon

Au pied de la Collégiale Sainte-Marthe, à Tarascon en Provence, sous les voûtes médiévales de la rue des halles où se trouvent aussi un luthier et une grande librairie, se cache derrière une façade jaune canari un original amateur de montres devenu horloger professionnel. Par Thierry de Boulbon