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Romo Motor Festival : un vent de liberté

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Romo Motor Festival : un vent de liberté
© Dominique Aubert @speedbird_gallery Arles
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L'île de Rømø, reliée au continent par une route, est située à l'ouest du Danemark, qui compte six millions d'habitants. Il n'y a que 600 Danois à Rømø, mais pas moins de deux millions de visiteurs viennent chaque année admirer les plages de la région qui s'étirent sur des kilomètres, un spot pour le kitesurf, mais aussi, une fois l'an, pour les amateurs de mécaniques à soupapes latérales épris d'accélération qui se mesurent sur un 1/8e de mile, soit 200 mètres, dans des confrontations bon enfant. L'histoire des courses sur sable sur la péninsule de Jutland démarre en 1917 grâce à Svend Simmelkjær. Mais au moment où il envisage la chose, les joutes pour accrocher son nom à un palmarès ne sont pas à l'ordre du jour à l'heure où tonnent les canons de la Grande Guerre, ses récessions et un carburant devenu une denrée rare. Poursuivant son rêve, Svend persiste et, une fois la paix retrouvée sur le Vieux Continent, en 1919, la première épreuve à Rømø peut enfin avoir lieu, juste après qu'un bénévole, avant le début de la première manche, ne retire à la main une mine qui avait dérivé avec la marée. Rømø est alors, au même titre que Daytona Beach en Floride, et plus tard Pendine Sands au Pays de Galles, un rendez-vous qui compte chez les chasseurs de records, au premier rang desquels Sir Malcom Campbell (à ce jour encore, l'homme le plus rapide sur la plage avec une vitesse de 240 km/h atteinte lors de la course de 1923).

Par malheur, en 1924, au volant de sa Sunbeam 350 HP repeinte en bleu et baptisée Blue Bird, Malcom connaît une journée noire. Lors de sa première course, alors qu'il est lancé à pleine vitesse, il perd la roue arrière de son bolide, qui fonce dans le public sans faire de blessé. Lors de sa deuxième tentative, le drame survient à 225 km/h, lorsque la roue avant de la Sunbeam se détache, file vers un spectateur de 15 ans et le tue, mettant par-là même un terme à l'épreuve. Le Rømø Motor Festival s'est fixé pour objectif de ne pas laisser ces cinq années de courses sur sable dans l'oubli et de renouer avec l'épreuve dans la perspective de célébrer son centenaire en 2019. Dès 2016, une quarantaine de passionnés se regroupent pour surfer le sable, mettant à l'honneur des véhicules vintage. Deux ans plus tard, ils sont une centaine, provenant de onze pays différents, une magnifique rampe de lancement pour fêter les 100 ans. Depuis, Rømø est devenu un rendez-vous pour les amateurs du genre, au même titre que la Normandy Beach Race à Ouistreham, distante de 1 272 kilomètres.

Avant la course, il est possible de rouler sur la plage, à 30 km/h. Mais le samedi, c'est vitesse illimitée…

Sur invitation, le Rømø Motor Festival se déroule sur une seule journée de course, le samedi avant une remise des prix et une soirée festive, les vérifications techniques et administratives s'effectuant la veille. Au-delà du règlement, il convient de s'inscrire dans l'esprit du meeting, en respectant un dress code renvoyant à l'époque d'après-guerre jusqu'aux années 50. Ne vient pas au Rømø qui veut, y compris pour les photographes. Dominique Aubert, l'auteur des images, pourtant de réputation internationale, a dû présenter un dossier photo pour se voir accrédité parmi une douzaine de confrères seulement, les nombreux autres ayant essuyé un refus. En 2023, environ 80 concurrents étaient en lice dont un tiers à moto, comme lors de chaque édition. Parmi eux, une demi-douzaine de Français dont quatre se sont portés volontaires pour réaliser quelques clichés avec notre photographe sur la plage la veille de la course, où il est possible pour qui le souhaite de cruiser, à condition, en théorie, de ne pas dépasser les 30 km/h.

Bien évidemment, un petit rappel à l'ordre fut nécessaire pour calmer les esprits chauffés à blanc… Les concurrents ont chacun effectué entre cinq et huit runs sur des motos datant d'avant 1947 comme le veut le règlement. Même si les engagés sont avant tout présents pour partager une certaine idée de la moto, communier entre passionnés, échanger autour de leurs bécanes, le classement valide les meilleures préparations car sur 200 mètres, sur un sable aussi dur que du bitume où il n'est même pas besoin de dégonfler les pneus pour optimiser l'adhérence, le pilotage est réduit à sa plus simple expression : gaz en grand, à peine le temps de passer trois rapports et tout droit. De la bande des quatre Français, c'est Nicolas Angeli qui s'est montré le plus véloce, le seul à dépasser les 105 km/h au guidon de sa Harley-Davidson WLA de 1942. Pour parvenir à ce résultat, il a boosté la puissance du bicylindre, de 24 à 39 chevaux tout en allégeant sévèrement la bête, de 255 à 170 kg. Pour sa part, Benoît Legras obtient le deuxième meilleur temps du groupe avec 98,9 km/h sur sa Harley WR de 1946. « J'ai effectué 6 runs, c'est peu, vu le nombre de kilomètres à parcourir pour venir jusqu'ici, mais cela en vaut la peine, c'est incroyable, l'immensité de cette plage que nous avons arpentée la veille pour prendre nos repères et la qualité du sable. » David Fouan réalise le troisième temps (98,4 km/h) sur sa Harley WLC 750 de 1943, là encore préparée comme il se doit et sévèrement allégée. Auguste Legras, sur sa Harley WLC de 1943, avec 97,9 km/h, est seulement 1 km/h moins rapide que Benoît, son père, mais il n'a que 17 ans et aura tout le temps de prendre sa revanche, l'an prochain ou une autre fois, mais comme tous, avec l'envie de revenir passer un week-end à Rømø.

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