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Nimbus 750 Sport : Kind of magic

Modifié le Écrit par La Rédaction
Nimbus 750 Sport : Kind of magic
© Laurent Scavone
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On ne va pas se mentir. Tout motard à la tête bien faite a déjà tenté - ou du moins rêvé - de pouvoir garer un jour sa monture dans le salon. Déjà parce que c'est beau une moto, ça décore. Puis, pour rendre grâce à sa belle… Ce rêve de gosse, dont il peut se pâmer, Virgile l'a concrétisé avec brio. Et pas dans n'importe quel habitat : la Villa Derveaux, classée au patrimoine historique, située à Roubaix. Tout commence pendant le confinement (2020), quand les seules sorties autorisées étaient destinées aux courses et aux visites médicales. Cet originaire de l'Oise, en sortant du cabinet de son dentiste, aperçoit une magnifique maison en face de lui - dont il ignorait l'existence - qui le scotche sur place : « C' était une claque. J'ai vu cette façade incroyable mais je croyais qu'elle était à l'abandon… » exprime-t-il. Une fois rentré chez lui, l'enthousiaste s'empresse de montrer des photos à sa compagne Audrey. « Elle fait peur ta maison avec sa façade noircie mais en soi elle est somptueuse ! » Le soir même, une notification du site Leboncoin : la Villa Derveaux est à vendre. « Je ne suis pas croyant, mais là je me suis dit que c' était un signe » raconte-t-il. Le couple part pour la visiter. Problème : un acquéreur est déjà sur le coup et il n'y a plus de visites. Dommage. Mais quinze jours plus tard, coup de fil du vendeur, la vente de la villa a capoté et le couple peut la visiter. « On n'a pas hésité une seconde et ça a été le coup de foudre ! » se souvient-il.

Dès lors, Audrey et Virgile font venir artisans et architectes, ils montent un dossier chiadé pour prétendre reprendre le flambeau de ce patrimoine qui requiert une importante restauration. Après quelques mois de batailles, ils deviennent propriétaires de cette villa emblématique, datant de 1904. In situ, on est fascinés par les formes toutes en volutes et en courbes - témoins du mouvement Art nouveau (fin XIXe -début XXe siècle) - qui portent au pinacle la Femme et la Nature.

« Quand je suis arrivé chez le vendeur, ça a été un coup de cœur ! Il m'a prêté un casque et je me suis dit : il me la faut ! »

Une esthétique toute en souplesse. Avec des motifs végétaux, des libellules, des oriflammes, des tournesols et des moulures ondoyantes. Les fresques aux couleurs sang de bœuf, vert amande en passant par le beige et le bleu-gris dépeignent un passé gracieux. La villa inspire l'apaisement, en plein milieu de la ville. « Quand je rentre du boulot, fatigué, que je me pose dans le salon et que je vois ce plafond magnifique, j'ai une récompense inestimable » confie notre jeune responsable commercial. Que reste-t-il alors à Virgile pour rendre sa vie encore plus magique ? Eh bien en s'intéressant à une moto. Et pourquoi pas de collection. Et pourquoi pas à une Nimbus 750 modèle sport de 1946 ! Avant de s'enticher de ce modèle, Virgile a roulé sur une Royale Enfield classic de 2015 - qu'il surnommait « la Royale » - comme diminutif évident de la marque mais avant tout comme clin d'œil à la Bugatti du même nom qu'il admire. Le bon vieux mono lui a donné un avant-goût des anciennes : « Cette moto me permettait de casser cette dynamique du “toujours plus vite” et de prendre le temps » rapporte-t-il. Ensuite, il enchaîne sur une Indian Scout Bobber mais : « trop aseptisée. Je ne l'ai gardée qu'un an. » Une envie de revenir à de l'authentique, aux sensations primitives qu'offre une bécane. Le voilà donc à faire de l'œil à la Nimbus de la firme danoise. Le galbe du garde-boue avant lui inspire l'Art déco (successeur de l'Art nouveau). Virgile se documente sur le modèle via « des vidéos YouTube en Russe » et il écume les annonces. Puis il tombe sur une annonce à 700 bornes de chez lui et il contacte le vendeur après avoir eu l'aval de connaisseurs du modèle. Comme pour la Villa, il part bille en tête. Et le voilà pris du même envoûtement : « Quand je suis arrivé chez le vendeur, ça a été un coup de cœur ! J' étais moitié impressionné, moitié stressé : je n'avais jamais conduit une vieille moto de cette envergure. Il m'a prêté un casque et là je me suis dit : il me la faut ! » Et c'est ce qu'il s'est passé.

Cette moto de conception « assez simple » lui offre un plaisir inestimable. Celui de se balader sur une machine d'antan avec ce fameux 4 cylindres en ligne avec les soupapes qui bougent. Une machine qui invite aussi à des exercices de souplesse dorsale : « Avec ce cadre en fer plat, le point de rigidité est à l'axe de la direction. Il ne faut pas avoir d'appréhensions car ça tourne des fesses tout le temps ! Elle louvoie facilement dans un virage pris trop vite. » Cette conduite à l'ancienne - avec ce châssis peu précis et les commandes dures - charme notre passionné. Malgré les péripéties rencontrées en route : « Parfois, elle se met à brouter et roule comme un mauvais 50 cc alors que précédemment elle tournait comme une horloge… Puis, passé un moment, elle se débloque ! Mais quand Audrey est derrière moi, ça peut engendrer du stress, surtout quand on roule dans une montée » sourit-il. Et il ajoute : « Faut prendre son élan ! » Que ce soit la Villa ou la Nimbus, ces deux bijoux sont atypiques. Et cette envie de se “différencier” a une origine pour Virgile : la volonté de rendre hommage à ses ancêtres. « Mes grands-parents travaillaient à l'usine et vivaient dans les corons miniers du Nord. C'était des “petites gens” qui n'ont pas eu la possibilité de cultiver leur différence. Mais ils se sont battus chaque jour pour que moi, leur descendant, puisse le faire. » Des valeurs que Virgile défend et qui le poussent à voir grand tout en gardant la tête froide. Le résultat est là. La Villa Derveaux ouvre ses portes lors des Journées du Patrimoine. Allez y faire un tour. Le parfum du lieu mélangé aux effluves de la Nimbus offre un souvenir olfactif inoubliable. Décidément, plus d'un tour dans son sac.

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