S'abonner

Gabline : le temps décalé

Modifié le Écrit par La Rédaction
Gabline : le temps décalé
© Éric Corlay
Couverture complète sur mise-en-avant

Sur la façade de la boutique située au cœur de Biarritz il est écrit : “Origine ateliers, maître artisan, atelier joaillier et horloger”. Pourtant, lorsqu'on en pousse la porte, cette bijouterie-là ressemble plutôt à un atelier dédié à la mécanique. D'ailleurs c'en était un et Florent Tremolosa, motard et petit-fils de motard, n'a pas jugé utile de dénaturer cette ambiance qui va comme un gant à ces artisans atypiques qui créent des bijoux précieux sur mesure et n'hésitent jamais à s'aventurer sur de nouveaux territoires. Des épées d'académicien, des archets et aujourd'hui… des montres : rien ne leur fait peur. Les points communs ? Ces objets précieux sont fabriqués là, à Biarritz, dans les règles de l'art. Il faut dire que la joaillerie, c'est leur domaine depuis toujours. Stéphanie et Florent ont commencé leur carrière dans une maison qui travaillait pour les grands joailliers parisiens. En 2004, le duo rachète l'atelier et le transfère d'Anglet à Biarritz en 2013. Notons-le, nous sommes au Pays basque et cela a son importance pour la suite. Ajoutons à cela qu'il y a quelques années, Michel, horloger depuis quarante ans (et motard), a poussé la porte de l'atelier et que, tout naturellement, il s'y est installé, et vous avez tous les ingrédients de la belle histoire qui va suivre.

C'est une montre décalée dans tous les sens du terme. C'est l'heure qui vous regarde

Les confinements ont eu des effets inespérés. C'est le cas pour Florent qui en a profité pour ressortir de ses cartons un vieux projet amorcé, puis délaissé faute de temps. Quelques années plus tôt, le maître artisan joaillier avait fabriqué une montre, une pièce unique, à la demande de l'un de ses clients. Depuis lors, l'idée de recommencer lui trottait dans la tête. Très proche de son grand-père passionné de moto, le gamin n'avait jamais oublié la montre ancienne que son héros portait lors de leurs virées, un peu décalée sur le poignet afin qu'il puisse lire l'heure sans lâcher le guidon. Fidèle à ce souvenir et à la mémoire de ce grand-père qui fut à l'origine de sa vocation pour la joaillerie, Florent va dessiner une montre encore jamais vue. Elle s'appellera “GabLine”, pour Gabriel, le grand-père de Florent, et Jacqueline, la grand-mère de Stéphanie, qui elle aussi avait déclenché la passion de sa petite-fille pour l'univers du bijou précieux. Du début à la fin, l'histoire de GabLine est une histoire de fidélité, de copains, d'artisanat de haute volée et, ne l'oublions pas, c'est une histoire basque. Il se dit même qu'une citation sur le temps, en basque, est gravée à l'intérieur de la boîte en guise de clin d'œil à un ami.

En 2020 donc, Florent se met à réfléchir sur la montre qu'il aimerait porter. Lui qui se dit « très mal sur quatre roues » a envie d'une montre qu'il pourrait porter à moto comme le faisait son grand-père. Il se souvient avoir eu en main, une douzaine d'années plus tôt, une montre des années vingt qui présentait une lecture décalée. Il tient son idée et dessine alors une montre rectangulaire inspirée des montres de cette époque, avec une boîte incurvée et un cadran décalé. On retrouve ainsi le 12 à la place où l'on voit d'ordinaire le 1, le 3 à la place du 5 et ainsi de suite. Le boîtier est étudié pour épouser le côté intérieur du poignet. La fonction qui a décidé de la forme de la boîte. Il faut l'essayer, expliquent Stéphanie et Florent, pour comprendre combien c'est confortable et “évident”. Florent Tremolosa tient à ce que le projet soit irréprochable du point de vue horloger...

tout en restant autonome, au Pays basque. Il consulte des spécialistes, montre son projet, recueille les avis et Michel, l'horloger de la maison, se prend au jeu. « Tu es fou, mais je te suis » dit-il à Florent, qu'il conseille sur le mouvement à utiliser (un calibre automatique Sellita), les spécifications techniques du cadran, des chiffres, des aiguilles… « Il pensait que je n'en ferais qu'une ! » sourit Florent. GabLine s'apprête à lancer officiellement sa première série de 60 montres, en trois versions : acier 316 L, titane grade 5 et bronze.

« Nous faisons tout à la main, pièce par pièce, comme pour nos bijoux. »

« Le but n'est pas d'inonder le marché, mais de faire du beau et de se faire plaisir » explique Florent. De fait, la Qartel (c'est le nom de ce modèle) ne sera produite qu'en petites séries, car tout est fait à la main, dans l'atelier. Les boîtes sont fabriquées par la société d'usinage aéronautique d'un ami à Pau, les bracelets réalisés sur mesure par un artisan et le reste… fabriqué au sein de l'atelier biarrote. « Nous faisons tout à la main, pièce par pièce, comme pour nos bijoux » précise le joaillier. Les chiffres sont en or blanc et découpés un par un, les couronnes sont faites sur place et les cadrans sont réalisés à partir de grilles de filtration aéronautique. Puisqu'on ne trouve plus de cadraniers en France, Stéphanie et Florent se sont adaptés. Un deuxième modèle de taille plus petite est à l'étude et Florent réfléchit déjà à un chronographe. « J'ai plein d'idées mais on me bride ! » plaisante-t-il avant de conclure : « Nous sommes heureux d'avoir abouti un projet haut de gamme. »

Mentionnés dans cet article

Écrit par La Rédaction
Partagez cet article partout

Dernières news sur mise-en-avant

Frank Huyghe : en apesanteur

Frank Huyghe : en apesanteur

La marque française indépendante Ralf Tech a réussi à passer des profondeurs océaniques à l'infini de l'espace. Personne ne l'attendait là-haut. C'est pourtant Ralf Tech, spécialiste de la plongée, qui décroche une collaboration avec le CNES et réalise la première montre française de l'espace ! Par Carine Lœillet.

Charles Caudrelier, la brise de la cinquentaine

Charles Caudrelier, la brise de la cinquentaine 

Après sa victoire sur la Route du Rhum, le skipper vient de remporter l'Arkea Ultim Challenge Brest, nouvelle course en solitaire autour du monde. Le Finistérien au CV bien trempé a conquis la planète avant de s'imposer en France. Par Xavier de Fournoux.

Heroin Purr riding : road strip

Heroin Purr riding : road strip 

Libre, indépendante, équipée en série d’une bonne dose de sensualité et, en option, d’un pack badass : voici Jacquie. Créatrice de contenu moto sous le pseudo Purr Riding, Jacquie c’est un peu Thelma et Louise à elle seule. Une femme authentique qui se met à nu dans Moto Heroes pour démontrer que tout est possible. Par Ethan Valentin.

Vincent Ipslanti : les chevaux du plaisir

Vincent Ipslanti : les chevaux du plaisir 

Si l'on fait exception du cheval, sur le capot ou sur la fesse, ces deux voitures, la Ford Mustang et la Ferrari 348, ont autant de similarités qu'un hamburger et des tagliatelles. Leur point commun en réalité est un homme de passion aux multiples casquettes. Par Ethan Valentin.

Bellini yacht : una nuova vita

Bellini yacht : una nuova vita

Né en 1960, ce chantier installé en face de Riva a développé une identité originale, construisant ses propres modèles en bois verni et restaurant ceux de son prestigieux voisin. Après des années de transition, voyant le fils Bellini succéder à son père, le chantier de Clusane relance aujourd'hui une nouvelle gamme de prestige. Par Philippe Leblond.

Julien Roucheteau : devoir de réserve

Julien Roucheteau : devoir de réserve

Prendre des risques, parfaire, sublimer un produit, atteindre des sommets, recommencer. Y aurait-il quelques analogies entre gastronomie et moto ? Le temps d'une interview, Julien Roucheteau, Meilleur Ouvrier de France et chef étoilé de La Table des Rois, nous donne des éléments de réponse. Par Arnaud Choisy.

Couverture complète sur mise-en-avant >

Sur le même sujet

Frank Huyghe : en apesanteur

Frank Huyghe : en apesanteur

La marque française indépendante Ralf Tech a réussi à passer des profondeurs océaniques à l'infini de l'espace. Personne ne l'attendait là-haut. C'est pourtant Ralf Tech, spécialiste de la plongée, qui décroche une collaboration avec le CNES et réalise la première montre française de l'espace ! Par Carine Lœillet.

Rolex Comex : joyau d'abysses

Rolex Comex : joyau d'abysses

Référence absolue pour les connaisseurs des montres de plongée, les Rolex COMEX s'arrachent à prix d'or. Pour la première fois de son histoire, l'entreprise marseillaise d'ingénierie maritime, d'ordinaire ultra-secrète, nous a ouvert ses portes et dissipe les mystères qui entourent ces précieuses montres. Par Frédéric Brun.

Laurent Grasso x Bulgari : la tête dans les nuages

Laurent Grasso x Bulgari : la tête dans les nuages

Entre art contemporain et haute horlogerie, Bulgari s'associe à Laurent Grasso pour réinventer son emblématique montre Octo Finissimo. Une collaboration où le temps devient matière à création. Par Camille Bois-Martin.

Du côté de Paris : L'heure Paname

Du côté de Paris : L'heure Paname

Si la place Vendôme et la rue de la Paix abritent les plus grandes maisons, la Ville Lumière regorge d'autres adresses où l'horlogerie est pensée, façonnée et mise en… lumière ! a rencontré les acteurs qui donnent à Paris son supplément d'âme et ce fameux “je-ne-sais-quoi” dans l'univers de la montre. Par Marine Ulrich.

Novak Djokovic : Hublot au filet

Novak Djokovic : Hublot au filet

Le joueur de tennis le plus titré de l'histoire en Grand Chelem, champion olympique à Paris, a développé avec Hublot un composite fabriqué à partir de ses raquettes et des polos qu'il a portés lors de son homérique saison 2023. Djokovic, de passage à Paris pour son lancement, est revenu sur la genèse de cette montre limitée à 100 modèles. Par Arnaud Ramsay.

Renaud Capuçon : Complications & partitions

Renaud Capuçon : Complications & partitions

Renaud Capuçon se livre avec simplicité sur sa passion méconnue pour les montres. Des Swatch de son adolescence aux pièces iconiques, il raconte comment le temps l’accompagne depuis toujours. Par Jean-Pascal Grosso.