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Hero – Nick Ashley : gentleman baroudeur

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Hero – Nick Ashley : gentleman baroudeur
© Fabio Affuso
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Si vous avez déjà eu le plaisir de croiser Nick Ashley, c'était peut-être au Goodwood Revival ou sur un terrain boueux, au guidon de son WL militaire ?

Il a tenu sa fille pour la première fois après l'avoir mise au monde, avec deux bras cassés et plâtrés, à la suite d'un accident survenu lors d'une course en Honda 500 cc. Telle est la vie de la légende vivante Nick Ashley.

« Dans le désert, les seules choses qui vous séparent d'une mort parfois brutale, c'est l'expérience et le bon jugement. »

L'essence coule dans ses veines, alimentant un rire et une personnalité réconfortants, ainsi qu'un esprit créatif aiguisé.

« Lorsque j'étais directeur de la création chez Dunhill, je concevais et conduisais des motos personnalisées depuis nos bureaux de New York et de Londres », se souvient Nick avec un sourire satisfait. Nick Ashley a grandi au Pays de Galles, fils de Laura et Bernhard Ashley. Pendant ses premières années, la famille a dépensé le peu d'argent qu'elle avait pour construire ce que le monde entier connaît comme la légendaire marque de mode et de lifestyle, Laura Ashley.

« Nous vivions dans une vieille tente militaire, se souvient Nick. Les hivers au Pays de Galles sont froids et rudes. Les pires jours, nous dormions sous la table à dessin du petit studio de l' entreprise. » Sa mère, Laura, a travaillé comme espionne pour le SOE anglais, dans une planque en France pendant la Seconde Guerre mondiale, en tant que tireur d'élite aidant la Résistance française et hébergeant des prisonniers de guerre anglais qui s'étaient échappés. Cette information est restée confidentielle pendant 50 ans, et même Nick ne l'a apprise que ces dernières années. Pendant son enfance, Nick Ashley a fréquenté une dizaine d'écoles différentes. « J'étais un enfant anxieux, qui ne s'est jamais vraiment attaché au système éducatif ni aux personnes qui le représentaient », se souvient-il. Au cours de ces années, il s'est cependant fait des amis pour la vie, et son camarade Daniel Day Lewis a récemment mis à profit le talent naturel de Nick pour la comédie en lui donnant un petit rôle dans le film Phantom Thread. Avant que le jeune Nick Ashley ne développe sa propre identité créative au Saint Martin's College, il se présente à l'entretien d'admission avec des créations qu'il a lui-même cousues dans l'usine Laura Ashley. Le comité de candidature est séduit par le design et la qualité des projets de Nick qui est admis dans la fameuse école. Juste avant qu'il ne signe les papiers définitifs, le directeur lui demande un dernier petit détail : ses notes. Dehors, devant la pluie battante et l'orage qui gronde, Nick explique qu'il a malheureusement oublié ses notes au Pays de Galles, mais qu'il peut enfourcher sa moto pour les récupérer. Le directeur de l'école en regardant par la fenêtre soupire et dit à Nick : « Je suis sûr que tout est en ordre. Bienvenue au Saint Martin's College, M. Ashley ! » Bien sûr, il n'y avait pas de notes à ramener du Pays de Galles ! Nick a bâti sa réussite grâce à sa marque Nick Ashley, notamment au Japon, et grâce à sa rencontre avec Rei Kawakubo, la styliste japonaise fondatrice de la marque Comme des Garçons. « Peu de clients européens comprenaient le niveau de qualité, et donc le prix de mes créations high-tech inspirées des motos. Rei est entré dans ma boutique de Notting Hill et a tout de suite compris que le client japonais aimerait et adopterait le concept. » Ces dernières années, Nick Ashley a été le directeur artistique de la marque Private White V.C., basée à Manchester et spécialisée dans les vêtements d'extérieur, dont les créations s'inspirent des vêtements militaires et des vêtements de travail d'époque. La collection “Goodwood Attire”, destinée au festival automobile Goodwood Revival, se compose par exemple de combinaisons de travail classiques en coton lavé, tissées en Angleterre et cousues à Manchester.

En tant que motocycliste, sa plus grande réussite est la deuxième place remportée en 2000 dans sa catégorie au Paris-Dakar. « Il m'a fallu plus de 20 ans pour atteindre ce niveau en course, et j'en suis si fier que je serai enterré avec cette médaille dans les mains. Elle représente tellement même si elle a également failli me coûter mon mariage ! » En 2017, Nick et son beau-frère Ben Shuckburgh (son coéquipier au Paris-Dakar) ont terminé troisièmes lors de la Baja 1000, le fameux rallye à travers le désert mexicain. « Je n'aurais jamais imaginé pouvoir tenter cette course à 60 ans, et encore moins le faire à moto. Nous avons réussi à commettre moins d'erreurs que nos concurrents. Nous n' étions pas plus rapides. Nous n'avons pas fait d' erreurs, c' est tout. Dans le désert, vous êtes seul. Les seules choses qui vous séparent d'u n e m o r t parfois brutale, c' est l' expérience et le bon jugement. » Cette année, Nick est retourné à la Baja, cette fois en tant que directeur de l'équipe Ikuzawa. Il résume : « Mon rôle était celui de manager de l' équipe et je devais leur faire parcourir 50 0 km par jour dans le désert. J'ai fait cette course cinq fois auparavant et même si j'ai gagné toutes les classes possibles et mené la course, je ne suis jamais parvenu à la remporter, je suis un pilote plus technique que rapide...

« Je suis si fier de ma deuxième place au Paris-Dakar que je serai enterré avec cette médaille dans les mains. »

À 66 ans, je suis maintenant bien assez vieux. » Une fois de plus, l'expérience et la planification minutieuse ont porté leurs fruits et, cette année, Shuckburgh et Hawker ont terminé à la première place du classement général ! « On ne le dira jamais assez, souligne Nick, si vous voulez participer à une course comme la Baja 10 0 0, assurez-vous déjà d'être fait pour cela, la préparation et les connaissances vous permettront (avec un peu de chance) de vous en sortir en un seul morceau. » Et dans un rire Nick Ashley conclut ainsi : « Et pour l'amour de Dieu, n'oubliez pas d'emporter du papier toilette ! »

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