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Simon Duchassin – Cobalt Automobiles : chasseur de fauves

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Simon Duchassin – Cobalt Automobiles : chasseur de fauves
© Vincent Perraud
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Avant même de tenter de comprendre comment Simon est devenu chasseur de fauves mécaniques, nous lui demandons comment une telle séance photo a bien pu voir le jour. Parce qu'une Porsche 906, un sport proto donc, ça impose déjà le respect en termes d'exclusivité.

« Ma raison de vivre, ce sont mes clients. Je veux que celui qui vient me voir se sente chez lui... »

Mais perdue dans les rues de Biarritz, forcément ça excite la rétine, ça bouscule l'imaginaire : « Je suis copain avec un collectionneur qui a pas mal de belles voitures : une Porsche 993 Cup, une Alpine A 110 S... que je lui ai vendues l'an passé.

Quand il a voulu se séparer de sa Carrera 6, il m'a appelé. A côté de ça, je suis copain avec l'équipe de Deu s, Jean-Charles et Benjamin. On partage la même philosophie de vie, je leur prête des voitures pour leur boutique, on s'est dit qu'on allait en profiter pour faire une petite séance photo. » Cette Porsche Carrera 6, aussi appelée 906, date de 1966. C'est un bijou rarissime. Produite à seulement cinquante exemplaires, dotée d'un 6 cylindres à plat de 2 l en position centrale arrière, elle développe 210 chevaux, ce qui suffit pour l'emmener à 280 km/h sur les Hunaudières. Simon a dû se contenter d'un petit 50 km/h dans les rues de Biarritz : « Quelle que soit l'allure, c'est une expérience incroyable. C'est un sport proto du Mans avec une plaque d'immatriculation, c'est tout. Avec le petit pare-brise en bulle et les ailes quasi aussi hautes que tes yeux, il n'y a que les clignotants et l'unique essuie-glace pour te rappeler la civilisation. Evidemment, elle n'est pas assistée mais c'est une voiture facile à conduire car elle est très légère, elle pèse moins de 700 kg. Lors d'une balade sur les petites routes de montagne espagnoles il y a quelques mois, je suivais son propriétaire au volant d'une Ferrari 488, un avion de chasse de 670 chevaux quand même. Je n'ai jamais réussi à le rattraper dans les virages. Elle est tellement rapide, c'est hors normes. Elle te réveille toutes les vaches dans la campagne et, plus tu va s vite, plus elle tient la route. »

Pour comprendre comment Simon en est arrivé là, il faut remonter à son enfance. .. Quand certains vous parlent d'odeurs d'huile et de vieux cuir, de paternel qui passait ses week-ends à restaurer une vieille auto, Simon nous explique qu'il passe son enfance dans le Vaucluse, dans un petit village au milieu des vignes. Là-bas, à part les tracteurs, il ne voit pas grand-chose doté de quatre roues.

A la maison, il y a une Peugeot 104, une Fiat Punto et une Ford Sierra pour partir en vacances. Son premier souvenir automobile remonte à ses quatre ans, il découvre la vieille Porsche 924 d'un ami de ses parents. Quand ses parents vont passer la soirée chez leur ami, il se plonge dans les Top's Car que le vigneron stocke dans sa grange : « J'adorais ça, je regardais les petites annonces auto, je les découpais, les mettais dans des cahiers. Ça me passionnait, je ne sais pas pourquoi. Plus tard, je me suis dit que ce que je préférais dans l'automobile, ce n'était pas forcément rouler avec les voitures.

J'ai toujours pris mon plaisir à posséder l'objet, comme un objet d'art. » Quand il peut, son père l'emmène voir des courses de côte, des rassemblements, des salons : « J'ai 12 ans. Je me dis qu'un jour, j'aurais mon garage. » A 18 ans, il achète sa première voiture : « Je la revends 500 euros de plus. J'en achète une autre, je la revends aussi un peu plus cher. Je les achetais bien, je les retapais un peu. .. Un jour, j'ai 8 000 euros en poche.

J'ai une 206 et j'ai envie de la remplacer par le même modèle avec un toit ouvrant. Un ami me dit qu'à ce prix-là, je peux trouver un petit cabriolet. .. Je ne le remercierai jamais assez. »

Simon voit qu'en rajoutant 500 euros, il peut en effet avoir une MG-F, une voiture avec moteur central, celui des Lotus Elise et des Catheram : « J'en parle à mon père, il me dit : “Simon, si j'avais pu faire ça à ton âge, je l'aurais fait. Tu n'a s qu'une vie, fais-toi plaisir ! ” » Depuis ce jour, Simon a toujours roulé avec des voitures cool : « Avec un ami, on partait le vendredi soir pour Manchester. On allait voir des Lotus Elise. Grâce à un emprunt fait à la banque, on les achetait. On rentrait à 4h du matin le lundi pour enchaîner le boulot. » Les deux compères passent les volants à gauche, les remettent en état et les vendent. « Après, je me suis acheté une Triumph TR6 que j'ai restaurée. J'avais aussi une Lotus Elise. Avec des copains, on a monté un club. Je trouvais qu'avoir des belles voitures c'était chouette mais ne pas partager ça, c'était un peu égoïste. Et puis la voiture de sport n'avait pas une bonne réputation. J'ai voulu nous mettre au service d'évènements caritatifs. On a fait le téléthon, on proposait des baptêmes aux gens. Ça permettait de fermer les routes, de profiter de nos voitures, d'en faire profiter les gens. » A cette époque, tout ça reste du loisir pour Simon.

Sa carrière pro n'a aucun rapport avec la voiture, il bosse dans l'immobilier. En 2012, le marché de l'auto historique commence à exploser. Les membres du club viennent de plus en plus le solliciter et le poussent pour qu'il crée sa structure.

Simon quitte la région parisienne et s'installe à Biarritz pour lancer Cobalt Automobiles fin 2014 : « Je décide de quitter mon emploi et de me mettre à plein temps dans le lancement de Cobalt. J'ai réalisé mon rêve de gosse. » Mais Simon ne veut pas créer une société comme les autres : « Ma raison de vivre, ce sont mes clients. Je veux que celui qui vient me voir se sente chez lui, qu'il se dise qu'il peut venir avec son enfant. Je suis en Vans, mon jean est déchiré de la dernière fois où j'ai travaillé par terre, j'ai une casquette parce que je n'ai pas eu le temps d'aller chez le coiffeur. Et je trouve toujours deux minutes pour faire faire le tour du garage. Je préfère qu'il y ait des outils par terre, un peu de poussière et que le client puisse se concentrer sur son envie.

Et puis, pour moi, une société, c'est comme une coopérative, elle appartient à mes clients, sans eux elle n'est rien. C'est d'abord une question d'hommes avant d'être une question d'argent. Mes clients deviennent tous des copains avec le temps, des gens avec qui je vais rouler sur circuit. J'aime m'abreuver de leur histoire, ça me construit intellectuellement. »

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