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Pierre Gressier : Acanthes métalliques

Publié le Écrit par La Rédaction
Pierre Gressier : Acanthes métalliques
© Édouard Bierry
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Artisanat et nouvelle génération ? Sujet sensible, critiques acerbes. Çà et là les pires témoignages vous sont rapportés en termes peu élogieux voire franchement vulgaires. Eh bien non. Pas systématiquement. S'installe et grandit aujourd'hui encore une jeune génération qui trouve épanouissement, toit sur la tête et pain sur la table grâce aux métiers d'art.

Le geste doit s'inscrire dans la précision et la juste profondeur sinon il faut tout recommencer

Dans son regard, sa maîtrise, son geste, elle fait perdurer des métiers séculaires qui ont sublimé des matières ou des époques. Bien sûr, vous rencontrerez évidemment quelques solides imbéciles toisant les métiers manuels mais faites la sourde oreille, passez votre chemin, car aujourd'hui Pierre Gressier est à prendre en exemple. Vivre de son art n'est jamais facile et la question se pose peut-être encore plus aujourd'hui mais, soyons lucides, que reste-t-il de simple en 2023 ? Il faut étudier ; sérieusement étudier. Par chance, l'Hexagone propose des écoles telle que Boule dont la réputation s'exporte loin hors de nos frontières. Pierre y passe 5 ans. Diplômé en gravure modelée, il file ensuite en Belgique, à Liège, dans l'une des dernières écoles d'armurerie et opte pour la ciselure en spécialité. De retour en France, il se lance, ouvre son atelier. Les débuts sont modestes, comme souvent, mais rien ne le détourne du chemin qu'il s'est choisi. Patiemment, avec conviction, il fait étal de son talent sur de multiples supports : carters de grosses cylindrées américaines, bijoux, couteaux, platines de fusils de chasse. Rappelons à ce sujet que certaines scènes gravées et signées des plus grands noms donnent une valeur parfois exceptionnelle à l'objet…

Il expose aussi. Navigue en France sur des rassemblements, des expos, des salons. Au volant d'un camion équipé, il part faire découvrir son métier hors les murs de son atelier du Pas-de-Calais. Il s'inscrit et possède l'agrément administratif C (et bientôt B) l'autorisant à manipuler des armes. Il reçoit une première récompense, celle de la Jeune Création pour un travail effectué en 600 heures sur une moto toute en chrome : « Le chrome est une surface compliquée. La feuille qui recouvre le support est très dure. L'outil a tendance à glisser sur la matière. Le geste doit s'inscrire dans la précision et la juste profondeur sinon il faut tout recommencer. » La vivacité et l'ambition de sa jeunesse le poussent aussi à se former, à se poser les bonnes questions, acceptant positivement les nouvelles technologies, pour mieux répondre aux attentes de ses clients, pour proposer ce quelque chose, ce complément créatif ou technique qui fait la différence. « La Région m'a proposé une formation en usinage me permettant aujourd'hui de fabriquer mes propres outils ou d'envoyer certaines pièces en découpe numérique 5 axes. Le numérique élargit le champ des possibles, il fait gagner en précision en travaillant au 1/100e de millimètre et du temps tout en servant le propos. ».

Lorsque Pierre se voit confier un nouveau projet, sa mécanique est alors déjà rodée. D'abord une demande, une envie, un besoin. Viennent ensuite inspiration, croquis, échanges et définition d'un budget. Ouverture d'esprit, rencontres et voyages nourrissent nécessairement l'imaginaire de l'artisan. Pierre nous raconte ses visites de châteaux, l'observation d'un mobilier, de ses détails, de ses proportions. Il nous parle de consultation de livres anciens où sont représentés rinceaux et feuilles d'acanthe, un thème végétal qui lui est cher. Validé, le projet peut démarrer. Tout se fait à la main, au ciseau de gravure.

Seule concession électrique, une échoppe pneumatique permettant de marteler en profondeur tout en libérant la main guide, soulageant l'effort de milliers de répétitions

L'expérience s'ajoutant à l'expérience, Pierre s'ouvre de nouveaux horizons. Il partage l'atelier avec un bijoutier, et tous deux proposent un duo d'alliances de mariage sur des thématiques qu'ils créent. Le récent “Polynésie” a rencontré un vif succès. À la question posée du regard qu'il porte sur sa génération et la pratique des métiers d'art, sa réponse sonne très positivement : « Beaucoup de mes anciens potes de classe, Boule ou Liège, sont aujourd'hui installés à Paris et travaillent pour de prestigieuses Maisons. Certains ont aussi des clients qui savent apprécier et reconnaître l'excellence de nos métiers. » C'est en réalité peut-être ça qu'il faut retenir de notre entrevue. À l'heure où l'on nous pousse à ne réfléchir et n'agir professionnellement qu'en binaire, l'usage des cinq sens apparaît encore comme essentiel. La formation est importante, tout comme la transmission mais le résultat obtenu place le magnifique en tête de liste. Aux questions sur ses attentes, son avenir, Pierre souffle sur les braises d'envies atypiques, créatives et techniques qui lui permettront, comme tout véritable artisan, de signer son travail comme il le fait déjà pour des clients réguliers qui lui ont accordé leur confiance. Il espère toucher plus de préparateurs motos, se voir proposer des projets hors des sentiers battus qui le pousseront encore plus loin.

Ouverture d'esprit, rencontres et voyages nourrissent nécessairement l'imaginaire de l'artisan

Amateurs du bel objet, il ne suffit que d'un premier pas, une prise de contact, et de confier votre souhait de travail. Il y a fort à parier qu'en retour vous posséderez une pièce unique, fruit d'une matière ici sublimée.

pierre-gressier.com - gr.gressierpierre@gmail.com

FB : Pierre Gressier Gravure sur métal

Sur rendez-vous uniquement.

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