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Cyclisme : course contre la montre

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Cyclisme : course contre la montre
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Spartacus et le Requin de Messine. Ne fouillez pas dans les méandres de votre mémoire pour y trouver une quelconque référence à un événement de la mythologie.Quoique. .. À leur manière, dans leur univers, ces deux-là sont considérés comme des demi-dieux. Il s'agit juste de surnoms comme seuls en héritent les plus grands champions cyclistes ; ces “Forçats de la route” qu'Antoine Blondin magnifiait mieux que quiconque. Sous la cuirasse de Spartacus, se dresse ici la carcasse du Suisse Bernois Fabian Cancellara, formidable machine à rouler qui, durant les deux premières décennies du XXIe siècle, broya ses adversaires sous ses puissantes et démoniaques pédalées, sur les pavés de Paris - Roubaix comme dans les monts flandriens, théâtres de quelques-uns des mythiques Monuments du cyclisme.Derrière la mâchoire acérée du Requin de Messine se cabre le Sicilien Vincenzo Nibali, auteur d'envolées mémorables dès que la montagne pointait ses sommets à l'horizon. Roi de France (Tour 2014), d'Italie (Giro 2013 et 2016) et d'Espagne (Vuelta 2010), sans oublier deux Tours de Lombardie et un Milan - San Remo dans son escarcelle, c'était un seigneur sur lequel aucune suspicion de tricherie ne plana. Presque une exception. .. Sans doute fallait-il des cadors de cette trempe pour inciter deux horlogers de premier plan à franchir le Rubicon et plonger en leur compagnie dans les eaux du cyclisme professionnel. Il faut dire que l'affaire Festina, lors du Tour 1998, avec des aiguilles qui n'étaient plus synonymes d'indication de l'heure mais plutôt d'injections d'EPO, semblait avoir durablement sinon définitivement vacciné le milieu.

Certes Tissot, partenaire de la fédération internationale de cyclisme, n'a jamais totalement quitté le peloton, en chronométrant les plus grandes courses du monde, mais sans, non plus, associer son nom à celui d'une équipe. Éloignant ainsi tout risque d'un scandale, de nature à éclabousser l'image de la marque. Indubitablement, le vélo traînait dans son sillage des casseroles aux relents frelatés. « Il n'y a pas de sport au risque zéro », coupe Georges Kern, le patron de Breitling, convaincu que « l'expérience passée a servi ». On veut le croire. Grand pédaleur devant l'Éternel (Georges Kern avoue rouler entre 3 500 et 4 000 km par an), il a souhaité entrer dans la danse. Mais pas n'importe comment. Pas en apposant simplement le nom de la firme de Granges sur le maillot d'une équipe déjà constituée. « Pour nous, c'est le chemin qui compte. Ce projet (NDLR : avec Q36.5 Pro Cycling Team) nous ressemble. Initier les choses, les construire, les faire grandir ensemble et non pas uniquement prêter notre nom. Chez Breitling, nous aimons partir à l'ascension des cols les plus escarpés et gravir les sommets en équipe », image-t-il.« La “vision audacieuse” du projet cadre parfaitement avec la philosophie de la maison. »Éric Pirson - TudorSans brûler les étapes. Partir doucement pour viser l'accession dans l'élite du World Tour, en 2026. Histoire de participer alors aux plus grandes courses. Une philosophie qui semble présenter de grandes similitudes avec celle de Tudor. Là encore, tout « est parti d'une feuille blanche », indique Éric Pirson, le directeur de la maison au bouclier emblème. Lui aussi évoque un projet à long terme. « Par sa structure, le cyclisme professionnel représente une opportunité unique pour une marque : celle de créer un projet sportif qui lui est propre. Le Tudor Pro Cycling Team est donc une incarnation de la marque et de sa culture qui devient visible par le plus grand nombre », décode-t-il. Le boss de Breitling va encore plus loin. S'il estime que le cyclisme « est l'une des disciplines sportives qui connaît le plus grand essor au niveau mondial », il se projette au-delà de la seule compétition, parle « d'engagement social et environnemental qui s'inscrit dans nos démarches d' écoresponsabilité ». Avec, à la clé, une dimension presque politique dans le discours : « À travers cette équipe en particulier et nos engagements communs, le souhait est de vraiment inscrire le vélo comme un moyen de mobilité douce et durable auprès des communautés. » C'est là que le gladiateur bernois et le spadassin sicilien entrent dans l'arène pour incarner l'idée, lui insuffler un supplément d'âme. « Dès notre première rencontre avec Fabian, nous avons su que Tudor allait s'embarquer dans le projet avec lui », confie Éric Pirson. Séduit, il retient la « vision rupturiste du monde du vélo » de l'ancien champion olympique et champion du monde du chrono, sa « vision audacieuse » et ses « valeurs ». Côté valeurs, Georges Kern rebondit et en revient à l'origine (potentielle) du mal. « Le fait d'avoir Vincenzo Nibali à bord de ce projet comme conseiller technique, avec un parcours qui témoigne de sa tolérance zéro à l'égard du dopage, est un atout supplémentaire. Il incarne la confiance, l'expérience. Il est un modèle. » « Le cyclisme est l'une des disciplines sportives qui connaît le plus grand essor au niveau mondial. »Georges Kern - CEO de BreitlingManifestement les temps changent. Le vélo semble s'être refait une virginité. À tout le moins, ses acteurs sont redevenus fréquentables. Il y a de cela trois ans, Richard Mille et son partenaire McLaren amorçaient le mouvement en s'associant à l'équipe Bahreïn pour un bail éclair d'une saison. En dépit du retrait, Richard Mille restait bien visible dans les pelotons en équipant les poignets toujours très scrutés de certaines stars telles que Julian Alaphilippe, Mark Cavendish ou encore le prodige Tadej Pogacar déjà surnommé le “petit cannibale” en référence au plus grand d'entre tous : Eddy Merckx. En cette année 2023, deux horlogers de luxe se jettent dans le grand bain. Tunique noire avec blason rouge pour Tudor, paletot gris dégradé orné du B stylisé doré de Breitling de l'autre côté. La course contre - et avec - la montre est lancée. En attendant, peut-être, que d'autres prestigieuses marques fassent aussi du vélo leur nouveau dada.

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