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Alessandro Paglia - smashed cars : Crash

Modifié le Écrit par La Rédaction
Alessandro Paglia - smashed cars : Crash
© Alessandro Paglia
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Pompier ? Urgentiste ? Tueur en série ? Comment en arrive-t-on à dessiner des voitures crashées ?

Vous nous direz, Stephen King n'a pas eu besoin d'être un psychopathe pour écrire Shining. Quoi que... Bref, tout ça pour vous dire que la première chose qu'on demande à Alessandro Paglia, c'est son métier, même si on se doute qu'il y a de l'art caché dans ce garçon. Et forcément, Alessandro n'est rien de tout ça : « Je suis un artiste italien de 39 ans basé à Milan. J'ai commencé à transformer ma passion en un métier assez tard, il y a un peu plus de trois ans. »

Les œuvres d'Alessandro sont intégralement dessinées à la main d'après ses photos

Alessandro nous explique qu'il a seulement pris quelques cours de dessin vers l'âge de dix ans, puis qu'il a tout appris en autodidacte, par la pratique : « J'ai aimé dessiner toute ma vie. C'est pourquoi j'ai étudié le design et travaillé dans ce domaine pendant dix ans avant de me lancer en tant qu'artiste. » Dans ses dessins d'enfants, on trouve peut-être quelques prémices de cette série Smashed Cars : « J'aimais dessiner des bandes dessinées en noir et blanc, je faisais dans l'horreur, c'était peut-être un peu glauque en fait. » Alors comment est arrivée l'automobile dans sa vie ? « Même si je ne suis pas un expert de l'automobile, j'ai réalisé que ma vie était ponctuée d'histoires avec des voitures. Tout a commencé avec les Hot Wheels. Quand tu es enfant, tu joues aux voitures de police, de pompier. Puis tu passes aux voitures de sport à l'adolescence… » Il nous énumère ces voitures qui sont liées à des souvenirs, des amitiés, voire des tournants de vie. Il revient sur cette série de dessins que l'on a sous les yeux, certaines font partie de ses souvenirs : « J'ai pratiquement détruit chacune de ces voitures pour me permettre de créer ces œuvres. J'ai trouvé intriguant de les voir dans cette curieuse composition. C'est un hommage en quelque sorte. » Un des éléments marquants de cette série est cette vue zénithale, qui fonctionne très bien, un peu comme si le petit garçon qui était en nous avait écrasé sa voiture en marchant dessus : « Dans le passé, j'ai dessiné une série de six voitures classiques en noir et blanc, vues de côté (pas crashées, elles, NDLR), alors j'ai voulu changer de vue. Et comme l'idée originale était de briser les véhicules, la vue de dessus était la plus efficace pour montrer toutes les pièces cassées et les déformations de la carrosserie. » 

Il faut reconnaître que cette technique permet de voir aussi bien le dessus que les côtés de la voiture… Ces œuvres sont tellement réalistes qu'on dirait des photos : « Je photographie mes propres sujets pour avoir le contrôle sur les lumières, les contrastes, la composition, les matériaux. Ensuite, je reproduis méticuleusement la photo en utilisant uniquement des crayons de couleur sur du papier. Les images que vous voyez sont 100 % dessinées à la main. J'utilise du papier coton pressé à chaud, il est très lisse et me permet de saisir tous les détails possibles, et des crayons de couleur résistants à la lumière, avec des pigments vifs et faciles à mélanger en plusieurs couches. Ainsi je peux obtenir pratiquement n'importe quelle teinte de couleur. J'aime le contraste entre la simplicité de l'outil et la richesse du résultat… » Mais comment prendre en photos ces voitures de cinéma ? Qui plus est sous cet angle qui nécessite un peu de matériel et de temps… « En réalité, j'achète des modèles de voitures au 1/18ème de haute qualité, pour qu'il y ait plein de pièces et je les écrase avec une presse hydraulique de douze tonnes que j'ai réussi à récupérer et à mettre dans mon studio. Les voitures sont placées entre deux plaques d'acier de 2 cm d'épaisseur fabriquées sur-mesure, puis je les brise. On devrait utiliser cette technique comme traitement contre la colère ! » 

Les œuvres d'Alessandro sont ancrées dans la représentation mais il essaie toujours de raconter une petite histoire derrière les objets qu'il dessine, d'utiliser un petit détour dans la façon de les faire vivre. Comme les crayons sur le bord de la page ou la main de l'artiste à l'œuvre. On imagine que le temps nécessaire pour réaliser un seul de ces dessins rendrait nerveux le plus relax des maîtres bouddhistes : « En effet, pour des dimensions et une complexité comme celles-ci, je peux mettre jusqu'à trois semaines pour dessiner une planche, sans compter le temps nécessaire pour récupérer le modèle et le détruire. Mais j'ai fait pire, le dessin qui m'a pris le plus de temps est celui d'une moto BMW R 12 de 1932 que j'ai réalisé grandeur nature (220 x 110 cm), tout au stylo. J'ai mis six semaines à la dessiner. Plus jamais… » Pour cette série Smashed Cars, la différence en temps de réalisation, en difficultés est énorme.

« J'achète des modèles réduits et je les écrase.
On devrait utiliser cette technique comme traitement contre la colère ! »

Ici, il n'y a pratiquement pas de surfaces planes sur plus de quelques centimètres comme on le trouverait sur un capot ou un toit de voiture “en bonne santé”. La déformation des pièces engendre un travail phénoménal au niveau des détails et des surfaces : « Curieusement, les tons clairs sont les plus difficiles à dessiner car chaque petit défaut apparaîtrait. Les feuilles de métal déformées sont fascinantes, il y a des reflets partout le long des plis, ça ajoute de l'éclat au rendu final. » Cette série se compose de six modèles, tous issus du cinéma : le taxi new-yorkais de De Niro dans Taxi Driver, la mythique DeLorean de la trilogie Retour vers le Futur, la Dodge Monaco modèle police, noir et blanc donc, de 1974 des Blues Brothers, l'Aston Martin DB5 de James Bond dans Goldfinger, General Lee, la sexy Dodge Charger orange de 1969 de Shérif, fais-moi peur et la craquante Cox Choupette de la série de films Disney : « J'ai choisi celles qui m'ont le plus influencé quand j'étais enfant, celles les plus liées à mes souvenirs. J'avoue que ma préférée est General Lee, Daisy a été mon premier coup de foudre secret… »

Alessandro a reproduit les voitures qui ont marqué son enfance… Il ne manque que la Cadillac de “Ghostbusters” et la Batmobile

Cet aveu nous offre une transition parfaite pour lui demander s'il n'a jamais eu envie d'ajouter des personnages, des décors : « Je voulais que les voitures volent totalement la scène, qu'elles soient au centre de l'attention, sans aucun ajout. J'ai une formation en design produit, donc je suis probablement influencé par le fait de penser d'abord à l'objet. J'aime les matériaux, les finitions, les formes, les volumes, l'éclairage. Mettre une voiture sur un fond blanc, c'est comme allumer la lumière sur la star du spectacle. » Les créations d'Alessandro ont un côté addictif… On en aimerait plus. Notre artiste ne se prononce pas pour la suite même s'il regrette de n'avoir pas dessiné la voiture de Ghostbusters ou la Batmobile classique de 1966. Mais il conclut en nous avouant : « J'aimerais continuer à briser des choses, des choses en métal, toujours liées à l'univers du cinéma. Avez-vous des idées ? » On en a bien une ou deux…

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