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Denis Bontemps - trajectoire 1:32 : Chérie j'ai rétréci le circuit !

Modifié le Écrit par La Rédaction
Denis Bontemps - trajectoire 1:32 : Chérie j'ai rétréci le circuit !
© Thomas Cortesi
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Quand on décide de changer de vie à cinquante ans pour vivre de sa passion et que tous les feux sont au vert, c'est certainement qu'on a pris la bonne décision. Fabriquer des circuits Scalextric, ça faisait un moment qu'il y pensait. Denis fabriquait déjà des modèles réduits de voitures pour ces types de circuit mais toujours en parallèle de son “vrai”métier à l'époque. Quand il suit sa femme lors d'une mutation, il décide de continuer l'aménagement de mobilier de bureau en freelance. Puis il se pose LA question : « Je me suis dit : “T'as vraiment envie de le faire ?” Et la réponse était non ! Ma femme m'a aussi beaucoup poussé à me lancer dans quelque chose qui me fasse vibrer. »

À chaque étape, j'aurais pu faire plus simple, mais la facilité ce n'est pas vraiment mon truc

En début d'année, il décide donc de se lancer. Son ami David Caille de Sillage Racing lui propose un plateau avec la piste déjà tracée. Il se retrouve alors avec la base du circuit qui deviendra le premier projet de sa nouvelle vie professionnelle. Mais ce plateau n'est à la base pas fait pour recevoir du décor, il va donc falloir ruser. De fil en aiguille, c'est la vie elle-même qui va lui amener toutes les parties qui vont constituer ce joli projet. Denis débute, il n'a pas vraiment de réseau, mais le peu qu'il a va le mettre sur la route de son premier client lors d'une prospection sur le circuit du Castelet lors des 10 000 Tours. Cinq mois de travail acharné plus tard, la merveille vintage est prête. « La chance que j'ai eue, c'est que le client a vu une photo d'un morceau de circuit avec décor que j'avais fait il y a quelques temps auparavant et il en a voulu un complet ! » André, le client, voulait un circuit qui le ramène à ses souvenirs d'enfance. Dans les années 70, il se rendait aux courses avec son père, notamment aux 24 Heures du Mans où ils avaient assisté à l'une des victoires de Pescarolo. Le challenge était de ne pas faire pour autant une simple copie d'un circuit en particulier, celui-ci sera donc inspiré d'un mélange de plusieurs circuits emblématiques. Montlhéry, Reims, Nürburging, Charade, Spa, ils sont tous représentés d'une manière ou d'une autre, mais le résultat est unique, créé sur-mesure pour André et ses souvenirs. Ce qui frappe, la première fois que l'on voit le circuit fini, c'est d'abord sa taille ! La bête fait 3,5 mètres par 4,5 mètres.

Les personnages ont beau être inanimés, on ressent une effervescence dans l'œuvre de Denis

Pour un premier projet, c'est plutôt ambitieux, surtout quand on sait à quel point Denis est perfectionniste et exigeant sur le moindre détail qui se trouve sur sa création. Et c'est bien là le deuxième point qui saute aux yeux. 120 figurines, toutes peintes à la main, sont là pour faire vivre le circuit. Et comme le niveau d'exigence de Denis l'amène à passer cinquante minutes par figurine ou encore deux heures sur un sapin, on comprend mieux l'ampleur d'un tel projet. C'est pourquoi il a aussi fait appel à Sandra, une jeune peintre de la région spécialisée en auto-moto vintage, un travail d'équipe en somme. Denis n'a aucun mal à bien s'entourer, il n'y a pas vraiment d'ego dans ce métier, le but étant de livrer un circuit qui fasse vibrer, le client, évidemment, mais aussi toutes les personnes ayant participé de près ou de loin à ce projet. Conscient de ses propres limites dans certains domaines, Denis fait appel à des gens bien plus experts que lui afin de se concentrer sur ce que lui sait faire. Les personnages par exemple, il aurait pu se contenter de les faire à la chaîne, tous ressemblants et ne les différencier que par leurs couleurs, mais Denis va plus loin : « Je coupe les têtes car c'est le visage qui fait la différence. Donc, au lieu d'avoir des barrettes de cinq personnages identiques - ce qui ne me plaisait pas, c'est trop facile - je change juste les têtes et ça donne une meilleure illusion d'une foule de personnages différents, même s'isl ont la même position de corps. » Ce niveau de détail est présent sur la totalité du circuit. La passerelle Dunlop par exemple, l'emblématique bâtiment du circuit de Reims. N'existant plus aujourd'hui, il a été difficile de savoir exactement à quoi l'intérieur ressemblait. Les images d'archives sont rares : « On savait qu'il s'y trouvait un restaurant mais on n'avait pas vraiment plus d'informations... » “On”, c'est Denis et son ami Marc Frolich qui se charge de la construction des tours du circuit.

Avec l'âge, le budget des jouets change, mais cela reste une passion...

Doté du même syndrome de perfectionnisme que Denis, Marc va faire des recherches et même consulter un architecte passionné d'auto vintage afin de toujours plus se rapprocher de la réalité.

Cette recherche permanente de vérité va très loin. Pour le design, il ne faut surtout pas être trop réaliste : « On reste sur un jouet, tout doit être bluffant de ressemblance sans pour autant sortir de l'univers du jouet ! » Que ce soit dans le rendu final des personnages ou de la végétation, on fait face à une grande part de réalisme mais pas trop quand même. Denis pousse tout de même la chose jusqu'à la puissance des éclairages qui diffèrent entre la tour et les stands par exemple, « parce que sur un vrai circuit, ce n'est pas du tout la même puissance ». C'est sans doute cette foule de détails qui nous plonge dans le monde de la course automobile des années 60/70, jusque dans les tenues des personnages et les véhicules qui bordent le circuit. Au-delà des constructions en elles-mêmes, la décoration, les affiches, tout a l'air d'époque. Denis ne manque pas de créativité quant à la reproduction visuelle de certains éléments de décor. Les drapeaux par exemple sont simplement imprimés sur papier, il aurait pu s'arrêter là mais rajoute ensuite des ombres sur Photoshop pour représenter les plis du drapeau flottant dans l'air puis va les froisser à la main, le tout pour un rendu incroyable de réalisme.

Mais pas trop, comme toujours. Pour les façades de la tour de contrôle et de la tribune, il s'agit de décalcomanies, vieillies sur ordinateur d'abord et ensuite retravaillées à la main. Cette œuvre d'art est un circuit dit à “trajectoire idéale”, c'est-à-dire que si un seul véhicule se trouve sur la piste, la voiture prendra automatiquement la trajectoire idéale du tracé. Jusqu'à huit voitures peuvent rouler en même temps, de quoi bien s'amuser !

C’est une passion très communautaire ! Ça donne naissance à une équipe de passionnés

Denis, son équipe, et forcément ses clients, sont de grands enfants. « Avec l'âge, le budget des jouets change mais cela reste une passion. André, mon client, a quelques autos et motos dans son garage, mais avec ce projet là on change de secteur même si on reste dans le plaisir et la mécanique. » C'est un peu une façon d'élargir l'amplitude de plaisir que vous apporte votre passion. Le plus important ici reste de renouer avec des sensations d'enfant qu'il se refuse d'oublier. Plus proche de l'artisan que de l'artiste selon ses propres mots, Denis a aujourd'hui un quotidien très différent de celui qu'il a vécu pendant de nombreuses années. « On n'a qu'une vie, donc il faut en profiter pour faire vivre sa passion, alors aujourd'hui, je vis comme un ours reclus avec ma famille au milieu des bois et je suis heureux ! » Quand il nous parle de ce qui l'inspire, ses yeux s'illuminent en nous montrant les photos des coulisses des courses de l'époque qui tapissent son atelier. 

« L'ambiance des années 60/70 était incroyable, pas aussi aseptisée qu'aujourd'hui. Je m'inspire beaucoup de photos de cette époque. » A mi-chemin entre véritables trésors vintage et reproductions, chaque élément de décor a sa propre histoire. Certains personnages par exemple sont des représentations de personnes réelles. Grâce aux réseaux sociaux, Denis fait la connaissance d'un fan de “military” qui scanne des silhouettes pour les reproduire ensuite via l'impression 3D. Cette compétence permet à Denis d'avoir quelques figurines criantes de réalisme, cela lui permettra, et surtout, à terme, de proposer à ses clients de se voir eux-mêmes sur le circuit ! Un métier-passion qui démarre à peine pour Denis mais qui va sans aucun doute ramener beaucoup d'entre nous en enfance. AH

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