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Visite du Londres des années 60 : swinging Mini

Publié le Écrit par La Rédaction
Visite du Londres des années 60 : swinging Mini
© Stan Papior
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Un petit véhicule ? La Mini à bord de laquelle nous nous promenons aujourd'hui est vraiment spéciale. Propriété de mon grand ami et collègue journaliste automobile Richard Bremner, elle est de 1963 et n'a connu qu'un seul propriétaire avant lui. Et ça, c'est vraiment rare. Les tapis sont un peu usés, mais si la voiture n'a parcouru que 26 000 miles, elle a tout de même 56 ans. Les plaques minéralogiques Bluemels, les bougies d'allumage Champion et le câblage sont d'origine.

Curieusement, j'ai le même âge que cette mini, mais je suis ne l'année précédente, a l'été 1962

Nous commençons notre visite sur King's Road dans Chelsea. Le McDonald's est situé à l'ancien emplacement du célèbre Drugstore. Inspiré de celui du boulevard Saint-Germain à Paris, il a été conçu par l'architecte Antony Cloughly et le designer Colin Golding. La façade extérieure est recouverte de travertin et d'acier brossé. Ses arches dorées rappellent que l'on est bien dans les années 2000, sinon la façade est la même que lors de son ouverture en 1968. C'était à la base un grand magasin qui abritait des disquaires, des cafés-restaurants et divers autres commerces. Il y avait même un service appelé “The Flying Squad” qui permettait aux clients de passer une commande par téléphone et de se faire livrer leurs achats par des filles portant des costumes de chat violets sur des mobylettes.

Plus glamour que notre Deliveroo, non ? On voit le Drugstore dans Orange Mécanique de Stanley Kubrick, et il a aussi été mentionné dans la chanson des Kinks Did Ya dans laquelle Ray Davies chante « Now the Chelsea Drugstore needs a fix, it's in a state of disrepair » - Le Chelsea Drugstore a vraiment besoin de réparations, il est en piteux état.

Avançons de quelques centaines de mètres : à l'angle de King's Road et Markham Square, il y a une autre chaîne de fast-food : Joe & The Juice. Dans les années 60, vous seriez venu ici pour acheter des vêtements chez Bazaar, le magasin qui appartenait à l'icône de la mode, Mary Quant. Qu'elle ait réellement inventé la mini-jupe est une question qui fait toujours débat, mais elle lui a certainement donné son nom, inspirée par sa voiture préférée.

Les gens n'achetaient ni ne conduisaient des Mini à Londres pour imiter les célébrités comme Mary Quant mais parce qu'elles se faufilaient facilement dans les rues étroites, contrairement aux Bentley Bentayga qui sont légion à Chelsea aujourd'hui.

Mais remontons à bord de notre Austin 850 cc et partons vers le West End. La Mini est particulièrement facile à conduire.

Pour un moteur aussi petit, le couple est remarquable. Ce n'est pas difficile de passer la deuxième, ce qui est une bonne chose car il n'y a pas de synchronisation sur la première. Je l'oublie quelquefois au grand dam du propriétaire qui grimace à chaque gémissement de la boîte. La direction est légère et le rayon de braquage serré, c'est lui qui fait de la Mini une voiture de ville si parfaite. Si nous faisions cette visite dans une autre icône des années 60, une Jaguar Type E, ce serait beaucoup plus fatigant et angoissant à conduire. Surtout dans le West End plus encombré vers lequel nous nous dirigeons.

Les Beatles et bob Dylan restent omniprésents à Londres

Nous passons devant le Chelsea Arts Club sur Old Church St. Fondé en 1891, il reste un lieu de rencontre pour les libres penseurs et les excentriques. Sir Peter Blake, artiste pop et créateur de la pochette de l'album emblématique Sergent Peppers des Beatles, en est membre. Notre prochain arrêt, au 263-267, est Le Troubadour. Fondé en 1954, ce café-restaurant et salle de concert est toujours en activité. C'est le premier endroit où Bob Dylan s'est produit au Royaume-Uni. Led Zeppelin y a jammé, Paul Simon et Jimi Hendrix s'y sont produits sur scène. Adèle et Ed Sheeran y sont tous deux passés à leurs débuts. Mais ce qu'il y a de plus fascinant, c'est que malgré son style baroque d'origine, Le Troubadour évolue constamment et se démarque nettement des restaurants thématiques comme la franchise Hard Rock Café. Aujourd'hui, vous pouvez manger, boire et écouter du jazz live ou de nouveaux groupes. C'est l'un des joyaux de Londres.

Les tapis sont un peu usés, mais si la voiture n'a parcouru que 26 000 miles, elle a tout de même 56 ans

La circulation devient de plus en plus dense à mesure que nous nous dirigeons vers Mayfair et le paradis des amateurs de shopping du West End : Regents et Oxford Streets. En chemin, nous faisons le tour de Belgrave Square où se trouvent de nombreuses ambassades étrangères. Le record du tour de Belgrave Square est détenu par Alain de Cadenet, expert en voitures de collection, bon vivant, et très impliqué dans les Swinging 60's. Il a établi ce record au volant de sa Brabham BT33 Formule 1 de 1970. Je ne connais pas le chrono précis, mais je doute qu'il ait été battu. Notre première destination est Savile Row, réputée dans le monde entier pour ses couturiers. C'est sur le toit du numéro 3 de cette rue, siège social d'Apple Corps, la maison de production des Beatles, que ceux-ci ont donné leur dernier concert le 30 janvier 1969.

Notre Mini attire énormément l'attention, mais toujours dans un esprit très positif. Si elle avait du bon dans le trafic des années 60 à Londres, elle en a doublement aujourd'hui. Nous pouvons nous garer dans de minuscules places, ouvrir ses portières sans qu'elles soient défoncées par les SUV et nous frayer un passage dans le trafic. Au coin de Savile Row se trouve Clifford St. Aujourd'hui, le n° 17 abrite un marchand d'art spécialisé dans les antiquités orientales, mais dans les années 60, c'était la demeure de Mr Fish. Un lieu où Mick Jagger, les autres Rolling Stones, David Bowie, Lord Snowdon et bien d'autres figures de la mode de l'époque venaient remplir leur garde-robe et consulter Michael Fish, le propriétaire. Toutes les tenues flamboyantes que vous avez vues sur les pochettes des albums des Stones viennent de chez lui.

Depuis Clifford St dans Mayfair, nous nous dirigeons vers le nord, en traversant Regent St et en entrant dans le célèbre Soho. Nous pénétrons au cœur de la bohème des années 50 et 60, des cafés, clubs et salles de concert. Du “vice” aussi, mais pas des clubs de strip-tease voyants et miteux des années 70. Nous passons devant le club de jazz Ronnie Scott's au 47, Frith St. Il a ouvert ses portes dans Gerard St en 1959 mais a déménagé à l'endroit actuel en 1965. On y passe toujours une soirée fantastique et j'y ai vu beaucoup de grands artistes, dont la légende des années 60 Georgie Fame. Nous n'avons pas le droit de rouler sur Oxford St, mais au 165, le célèbre Marquee Club y a été fondé. Déménagé en 1964 au 90 Wardour St, il est devenu l'un des endroits les plus courus de Londres. Pink Floyd y avait une résidence le dimanche après-midi à ses débuts ; les Stones, Fleetwood Mac, The Who et pratiquement toute la famille royale du rock britannique ont joué au Marquee Club. J'ai raté tout ça, bien sûr, mais j'ai vu le groupe punk The Clash jouer là-bas à la fin des années 70. Juste avant de quitter Soho, nous passons devant le célèbre Palladium, le 13 octobre 1963, les Beatles étaient les vedettes de l'émission de Val Parnel Sunday night at the London Palladium TV show . 18 millions de personnes l'ont regardée. En revenant au sud de Regent St et jusqu'à Mayfair, nous passons devant la plaque bleue sur le mur du 23 Upper Brook St. Georg Friedrich Handel vivait au 25 Brook St au XVIIIème siècle, mais dans l'appartement de l'escalier du 23, a habité un autre génie de la musique, Jimi Hendrix.

Londres reste un grand pôle pour la musique, la culture, la gastronomie et le divertissement

Nous avons un dernier endroit à visiter et c'est le plus connu de tous les monuments culturels des années 60 de Londres. C'est un passage piétons. Oui, le fameux devant les studios d'Abbey Road vu sur la pochette de l'album Abbey Road. Au risque de décevoir inutilement les dizaines de touristes qui se promènent aux abords des fameux studios EMI, il n'est pas exactement au même endroit que lorsque les Fab Four furent pris en photo le 8 août 1969 par Iain MacMillan. Mais bon, c'est assez proche.

J'ai possédé beaucoup de Mini, mais jamais une aussi parfaite ni aussi ancienne que celle-ci. Commutateur de démarrage au sol, vitres latérales coulissantes, un simple cordon en guise de poignée de porte. Il commence à faire chaud, mais la voiture elle-même fonctionne à merveille. Elle n'a pas été conçue pour rester coincée dans un trafic aussi dense pendant si longtemps, mais malgré l'aiguille du thermomètre qui fait la ola, le moteur de la Série A ne chauffe pas exagérément.

Notre petite Austin Mini 1963 est un moyen de transport encore plus performant en 2019 qu'il ne l'était dans les années 60.

Et il est injuste d'avoir dû payer une taxe d'encombrement pour un véhicule qui occupe si peu de place ! AH

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