S'abonner

Normandy Beach Race : racers attacks !

Publié le Écrit par La Rédaction
Normandy Beach Race : racers attacks !
© Götz Göppert
Couverture complète sur mise-en-avant

7h30. Les nuages gris anthracite s'amoncellent en une couche épaisse au-dessus de la mer, le soleil point au ras de l'eau et embrase d'un orange mauve voilé l'eau et une ligne basse dans le ciel à l'horizon... magique ! Les bénévoles en quête du moindre déchet ou mégot intrus sur le sable, lèvent les yeux sur ce spectacle sublimissime, unique et irréel. Un cadeau de la nature. Pour remercier sans doute ceux qui ont construit sur la plage de Ouistreham Riva-Bella un spectacle hors du commun. La veille, sous un soleil et un ciel californiens, 80 pilotes venus de 14 nations différentes, participaient à la toute première “course” vintage sur sable en France. La Normandie en sus, sur une plage du débarquement (Sword Beach). Aucun objectif de titre en vue, juste le plaisir, en toute sécurité, de lâcher les chevaux de sa mécanique sur le sable d'une plage, comme cela se pratique aux USA, au Danemark, en Angleterre. Une spécialité venue du fond des âges des sports mécaniques, une continuité des premières sand races de Daytona, au début du XXème siècle. Jean-Marc Lazzari, Marc Félix et Thomas Hervé sont accros à cette adrénaline des runs, à cette discipline rare et à très forte valeur ajoutée. Mettre pied à la planche sur la silice meuble et fourbe comme pas permis, avec des véhicules conçus avant 1947, sans frein avant pour des raisons de sécurité (sic), il faut avoir des bras d'homme et aimer voire défiler ces 200 mètres à l'honorable vitesse de 120-130 km/h (maxi raisonnable). Un chrono suffisant pour sentir sous ses fesses les dérives du train arrière, les dérapages amorcés et difficilement contrôlables sur cette surface changeante et capricieuse.

Sword beach s'est mise à l'heure des sand races !

A la NBR, ce jour-là, le sable très sec de cette zone hors marée a joué de vilains tours aux pilotes et à l'organisation. Jean-Marc, interrogé sur ce souci répond : « Notre objectif est avant tout de donner du plaisir dans un environnement de totale sécurité. Au briefing des pilotes, nous avons mis ce point primordial en avant. Ensuite, le sable de la piste est une surface insaisissable et difficile à comprendre dans ses mouvements et ses transformations.

Tout au long de la journée, le sable évolue sous la pression des roues et la force des accélérations. Cela fait partie du jeu. Si on veut rouler sur du sable inondé par les marées, on ne peut pas créer la structure des runs, piliers départ-arrivée, ballots de paille, barrières. Donc, on court sur la partie arrière de la plage, une sorte de dune plate. Nous avons damé les jours précédents avec des engins, plusieurs fois. Mais le sable de la couche supérieure restait très sec, poussiéreux aussi. La zone de départ s'est creusée très vite, des “hoops” se sont formés à la moitié de la ligne droite. Cela devenait difficile voire impossible. Quand on parle sécurité des pilotes, on pense aussi à la sécurité des moteurs et des véhicules. La piste de retour vers le paddock obligeait à mettre beaucoup de gaz pour être franchie. Trop lentement et les gars restaient collés, les mécaniques chauffaient durement. Donc, ils devaient accélérer fort et rouler vite... ce qui est impossible dans une zone de retour. On a mis fin aux risques en arrêtant un peu avant le terme de la compétition. Mais je sais que les pilotes et le public ont compris notre position... » A fortiori qu'ils avaient tous eu une bonne dose de bonheur. Ici, peu de pilotes, donc plus de runs pour chacun... Mais dans ce genre d'épreuves, il y a la météo du ciel et la météo du sol... tout aussi aléatoire.

Tôt le matin du samedi, les pilotes se sont installés. Quarante autos fantastiques, incroyables, quasi inconnues... fascinantes. Des Ford A ou T, équipées de gros V8 à culasses Edelbrock ou Navarro, les drag pipes au ras de la jupette largement retroussée sur de sensuels appâts mécaniques. Là où se pose le regard dans le paddock sélectionné par l'organisation (300 demandes d'inscription pour 80 élus), on s'extasie sur ces beautés agressives. Keith, un sympatique Britiche (oui, il y en a), from London, roule avec un Ford A de 31. Il porte le n°246, peint au blanc d'Espagne sur la carrosserie, comme tous les autres concurrents, contrôlés hier et admis au technique (on ne plaisante pas). Il confie dans un français délicieux : « Je suis très enthousiasme de cette première édition. Les autos et le moto sont très beaux. J'aime la France (NdR ; tiens encore un !). Je roule à Pendine, je participe à des courses de charité avec mon auto dans le sud de l'Angleterre. J'ai des amis du Hot Rod et je drive ma Ford sur la route... et sur le sable. J'ai hâte de savoir la piste... » Quelques pas plus loin, un Belly Tanker. Ces drôles de racers construits dans la carrosserie d'un réservoir supplémentaire des bombardiers américains de WWII. Des châssis tubulaires supportent généralement un gros V8 placé derrière le pilote avec transmission aux roues arrière. Le numéro 58 notamment. Venus de Belgique, Alex, Pierrot, Pascal et Raphaël ont installé un six en ligne Chevrolet de 47, avec tout ce qu'il faut pour qu'il respire et évacue.

C'est superbe ! Avionnesque... forcément. Alex, en position dans le cockpit nous dit : « Ben moi, ça va, je suis le plus petit et le plus léger. Mais Pierrot est pas forcément à l'aise là-dedans (rires) » Le Pierrot en question dépasse tout le monde d'une bonne tête et se marre.

Ambiance à la cool sur le paddock ; discutes, conseils, échanges. Soren, venu du Danemark pour courir à bord de son Ford A n°68 dit : « Je vais à Romo au Danemark, chaque année. J'ai entendu parler de cette course en Normandie. Je me suis inscrit. Et c'est génial d'être ici. »

Ben oui. Il fallait y être. Francis avec un Ford noir mat aux couleurs du crew Kustom Surfers est aux anges. Il roule déjà à Romo et à Pendine et dit : « C'est fantastique d'avoir ça chez nous. Les autorités ont joué le jeu et les organisateurs ont su les convaincre. Je dis bravo.

Il faut profiter quand on te fait un cadeau comme celui-ci (sourire). »

Thierry Dubois, illustrateur fort connu dans le milieu de l'ancienne, est là avec une Ford A de 23, d'origine. Il précise : « Nous ne sommes pas là pour la gagne, c'est clair (rires). Mais c'est superbe. On va bien s'amuser... » Une auto attire notre attention particulièrement. Sa carrosserie en alu formé, ses lignes de F1 des sables... elle intrigue et impressionne. Elle est la propriété de Christophe, un jeune Breton de Rennes, pas manchot avec un sac de sable et un maillet. Il explique : « J'ai construit cette voiture de toutes pièces. C'est un châssis tubulaire avec un Flathead Ford de 4,2 litres des années 40. La carrosserie est inspirée de certains racers de records de la période fin 40. BC sur la grille de radiateur c'est pour Bielles Chaudes, une asso dont je suis proche. C'est la première fois que je roule sur le sable en France. Je trouve ça énorme ! »

Nous aussi. D'autant que venues de partout, les autos sont vraiment d'exception. On pense au V12 Mercedes de Glenn, arrivé de Suède. Il a aussi construit lui-même sa n°35, magnifique et richement dotée d'une sonorité mécanique digne des grandes orgues.

Aucun Objectif De Titre En Vue, Juste Le Plaisir De Lâcher Les Chevaux Sur Le Sable D'une Plage

La diversité des préparations (beaucoup de Ford, mais d'autres marques aussi) et leur qualité, avec ce qu'il faut de patine et d'histoire, signaient un plateau réjouissant qu'il serait trop long à vous décrire en détail. Les courses furent superbes, les adversaires changeant au fil des runs, une fois les motos, une fois les autos, en alternance conviviale, sous les ordres d'une équipe de Flag Girls lookées et pulpeuses à souhait. Oui ça fait partie du charme de ces courses...

Jean-Marc, organisateur comblé et perclus, à peine redescendu de son nuage (et d'une bonne dose de stress) fait un prébilan : « 15 000 visiteurs sur toute la journée, des runs sans accrochage ni accident, des spectateurs heureux, étonnés, ravis, une météo fantastique... des jeunes et des moins jeunes, des familles mais aussi des connaisseurs.

Les gars des clubs qui ont fourni un car show exceptionnel. Des bénévoles et notamment Lolo, Vivien et leurs amis du Kustom Surfers qui ont assuré la sécurité, l'accueil, les dépannages. Le nettoyage de la plage dimanche matin... une équipe formidable. Et surtout le public, cool, heureux et intéressé. Il y aura des choses à corriger, à améliorer, mais vraiment je souhaite que nous puissions le refaire l'année prochaine. Entre-temps, il faudra travailler. Mais je pense, nous en avons eu la preuve samedi, que ce genre de meeting très “family friends” et en même temps sport mécanique vintage peut plaire à un large public. » Nous aussi. C'est pour cela aussi que nous vous en parlons... AH

Mentionnés dans cet article

Écrit par La Rédaction
Partagez cet article partout

Dernières news sur mise-en-avant

Petites voitures électriques 2025 : les citadines urbaines qui révolutionnent la mobilité

Petites voitures électriques 2025 : les citadines urbaines qui révolutionnent la mobilité

Les petites voitures électriques ont longtemps été perçues comme des seconds véhicules ou des solutions de niche.

David Richards : le Goliath du sport auto

David Richards : le Goliath du sport auto

L'ancien copilote d'Ari Vatanen, champion du monde des rallyes 1981, est devenu un des acteurs majeurs du sport auto, aussi bien en WRC avec les Subaru qu'aux 24 Heures du Mans en GT avec Aston Martin, sans oublier la F1 avec BAR ou le Dakar avec Dacia. Par Alexandre Lazerges.

Bulgari x MB&F : sciences friction

Bulgari x MB&F : sciences friction 

C'est sans aucun doute LA montre la plus ovniesque de l'année. Une pièce d'exception par son audace créative et son design, autant que par sa mécanique. Rencontre avec les hommes derrière la Bulgari X MB&F Serpenti, qui viennent d'une autre galaxie. Par Aymeric Mantoux.

Moritz Bree : flower power

Moritz Bree : flower power

Moritz Bree n'a pas attendu le nombre des années pour démontrer que rien n'est impossible. Du haut de ses 20 ans, ce jeune Autrichien à déjà quelques préparations à son actif. Ne suivant aucun autre courant que le sien, voici sa SR500 flat track psychédélique. Par Ethan Valentin.

Édouard Golbery : Édouard aux mains d'argent

Édouard Golbery : Édouard aux mains d'argent

Marin, comédien, chanteur, musicien, amateur de sports de glisse, Édouard Golbery aime explorer des domaines aussi variés que passionnants. Portrait d'un coureur au large atypique, qui rêve un jour de s'aligner au départ du Vendée Globe. Par Servane Dorléans.

Kevin Venkiah : le Crésus de Mauritius

Kevin Venkiah : le Crésus de Mauritius

Collectionneur aux mille métiers et autant de souvenirs, ce financier mauricien offre matière à savourer le temps qui passe inexorablement et affiche une passion des cadrans peu commune. Par Emmanuel Galiero.

Couverture complète sur mise-en-avant >

Sur le même sujet

Petites voitures électriques 2025 : les citadines urbaines qui révolutionnent la mobilité

Petites voitures électriques 2025 : les citadines urbaines qui révolutionnent la mobilité

Les petites voitures électriques ont longtemps été perçues comme des seconds véhicules ou des solutions de niche.

David Richards : le Goliath du sport auto

David Richards : le Goliath du sport auto

L'ancien copilote d'Ari Vatanen, champion du monde des rallyes 1981, est devenu un des acteurs majeurs du sport auto, aussi bien en WRC avec les Subaru qu'aux 24 Heures du Mans en GT avec Aston Martin, sans oublier la F1 avec BAR ou le Dakar avec Dacia. Par Alexandre Lazerges.

Al Satterwhite : auto focus

Al Satterwhite : auto focus

Al Satterwhite a immortalisé les grands moments du sport automobile des années 60 et 70, croisant la route de quelques pointures parmi les plus originales et attachantes, de Carroll Shelby à Ken Miles en passant par un certain Paul Newman. Par Jean-François Rivière.

Paul-Alexandre Martin : roman de GAR

Paul-Alexandre Martin : roman de GAR

Le hasard et la qualité d'un réseau de jeunes passionnés d'autos avant-guerre sont à l'origine du retour d'une rarissime voiture française. Du musée Mullin de Pasadena à Bordeaux, retour de flammes historiques. Par Marc de Tienda.

Chantilly arts & élégance Richard Mille : la crème des crèmes

Chantilly arts & élégance Richard Mille : la crème des crèmes

Pour son dixième anniversaire, Chantilly Arts & Élégance a su opérer une transition réussie entre un concours d'élégance formel et une réunion célébrant l'art de vivre automobile sous toutes ses formes. Un vrai succès couronné par une fréquentation record. Par Étienne Raynaud.

50 ans de la Citroën CX : lettre de noblesse

50 ans de la Citroën CX : lettre de noblesse 

Éclipsée par la DS, la CX qui prit sa succession aurait mérité plus de reconnaissance. À l'occasion du cinquantième anniversaire de sa naissance, essayons de réhabiliter cette silhouette qui a donné ses lettres de noblesse aux initiales du coefficient de traînée. Par Serge Bellu