S'abonner

Bruce Meyer : le conservateur

Publié le Écrit par La Rédaction
Bruce Meyer : le conservateur
© Peter Harholdt
Couverture complète sur mise-en-avant

Il est une référence admirée dans l'univers très exclusif de l'automobile de collection haut de gamme. Tellement haut de gamme que la plupart des spécimens de cette catégorie sont conservés à juste titre comme les joyaux de la couronne. Il est ici question de Ferrari GTO, de Jaguar Type D, de Mercedes 300 SL portes papillon et roadster, de Porsche 935 K3 de 1979, d'une unique Bizzarrini 1965 ou encore d'une Corvette Briggs Cunningham - deux des quatre ou cinq gagnantes des 24 Heures du Mans que possède Bruce Meyer.

Le constructeur de cette merveille s'est entouré des meilleurs dans leurs domaines respectifs pour arriver à ses fins

Sans parler des très classiques Bugatti, Duesenberg, Bentley et autres raretés de son inventaire. La liste est interminable et forcément non exhaustive, tant le propriétaire de ces merveilles ne sait plus précisément ce qu'il a encore ou ce qu'il a eu la mauvaise idée de vendre un jour. Généralement, les milieux de l'auto de prestige et du hot rodding sont bien cloisonnés et séparés. Mais pas pour Bruce Meyer. Grâce à des ouvertures d'esprit comme la sienne, les hot rods de prestige s'invitent depuis quelques années dans des concours d'élégance comme celui très prisé de Pebble Beach. Mieux encore, Meyer conduit ses bolides et, après avoir passé des années à écumer les circuits de course ou même la croûte de sel de Bonneville en quête de vitesse, le voilà qui n'hésite pas à se taper un road trip de 3 000 bornes au volant d'une Ford '32 à gros moulin V8. Oui, cet homme est un authentique Speed Freak, la raison de son entente cordiale et sa très longue amitié avec Robert Petersen - cet éditeur historique de Hot Rod Magazine, devenu magnat de la presse de loisirs. Un “self made man” au même titre que Bruce Meyer, ce qui explique qu'ensemble ils fondent en 1994 le Petersen Museum de Wilshire Boulevard à Los Angeles. L'un des plus beaux musées automobiles du monde, qui présente justement depuis février dernier une exposition spéciale consacrée aux voitures de course de la collection Bruce Meyer.

Lui pourtant, ne se considère pas comme un collectionneur, mais juste comme un passionné

Parmi ses devises favorites, celle qui consiste à dire « qu'il n'est jamais trop tard pour avoir une enfance heureuse » . Et il l'a eu non seulement avec des voitures hors budget, mais aussi avec une foule de hot rods achetés à une époque où personne n'en voulait. Surtout pas dans les cercles très select des belles automobiles. Parmi les huit exemplaires de Ford 1932 que possède Meyer, penchons-nous sur quelques spécimens en particulier. Nous avons là le petit coupé trois fenêtres rouge “sans prétention”, avec ses jantes en tôle emboutie de 16 pouces chaussées de flancs blancs. Si l'auto a subi sa métamorphose durant les années '50 ou '60, elle ne bénéficie pas d'un historique connu ou reconnu. Mais ses proportions sont harmonieuses, le travail d'abaissement de son toit - le top chop - absolument parfait et le moteur est sans conteste l'argument choc qui pousse un jour Bruce Meyer à signer le chèque. Cet ancien V8 Flathead est en effet converti en mécanique culbutée grâce à un rarissime kit Ardun, mis au point par Zora Arkus-Duntov.

En effet, le “père de la Corvette” débute sa carrière par la conception et la commercialisation de culasses à soupapes en tête et chambres de combustion hémisphériques, permettant de convertir un anémique huit cylindres à soupapes latérales en un très musclé bloc OHV. Celui de Meyer profite en outre d'une respiration artificielle vitaminée par un compresseur S.co.T importé d'Italie, qui double la puissance du moulin. Pour sa part, le roadster noir brillant coiffé d'un hardtop a beau dissimuler sa mécanique, il annonce la couleur d'un hot rod sortant de la norme - pour peu qu'il puisse y en avoir une dans ce monde à part. A commencer par son p'tit nom de baptême : “T he Double Nickel”.

En effet, ce qu'on prend pour du chrome terne sur les éléments d'accastillage est en réalité une finition nickelée. Elle se poursuit jusque sur le pare-brise DuVall profilé en alu coulé. Bob Morris, le constructeur de cette merveille sur roues, s'est entouré des meilleurs dans leurs domaines respectifs pour arriver à ses fins. Un châssis par Pete Chapouris, une carrosserie sublimée par Steve Davis et Ron Covell, une sellerie cuir par Ron Mangus et une réfection mécanique d'Allen Jennings. Celui-ci ne prépare pas un simple V8 à boulonner entre les rails, mais un moteur d'Indycar à culasses Weslake. De quoi justifier la présence de ces jantes Halibrand en magnésium, un des neuf jeux de roues produites par ce fabricant à la fin des fifties. Bruce Meyer part du principe que dans le cas des voitures anciennes, il faut acheter dès le départ du beau, sans chercher à tout prix à faire des économies.

« De cette manière, on ne pleure qu'une seule fois... au moment de la transaction ! » Il le fait en s'offrant par exemple cette Ferrari 250 GT SWB Berlinetta Competizione de 1961 exposée au Petersen, mais suit également cette règle pour ses hot rods. Le célèbre So-Cal Speed Shop Belly Tanker 1952, le coupé '34 des Pierson Brothers, ces autos de Bruce Meyer sont tellement célèbres qu'on les a même reproduites en modèles réduits. Ce n'est pas (encore) le cas du coupé trois fenêtres 1932 à peinture flammée, construit par l'illustre Tom Prufer, spécialiste du genre. Il a fait ses débuts au Grand National Roadster Show de 1989 et a longtemps été la mascotte du magazine Rod & Custom sur ses bulletins d'abonnement.

Il a passé des années à écumer les circuits de course ou même la croûte de sel de Bonneville...

Pas de motorisation exotique cette fois, mais un florilège des incontournables clichés du hot rodding traditionnel. Et surtout, une pure dose de plaisir comme Bruce Meyer aime les contempler un peu, les piloter beaucoup, les aimer passionnément... AH

Mentionnés dans cet article

Écrit par La Rédaction
Partagez cet article partout

Dernières news sur mise-en-avant

Frank Huyghe : en apesanteur

Frank Huyghe : en apesanteur

La marque française indépendante Ralf Tech a réussi à passer des profondeurs océaniques à l'infini de l'espace. Personne ne l'attendait là-haut. C'est pourtant Ralf Tech, spécialiste de la plongée, qui décroche une collaboration avec le CNES et réalise la première montre française de l'espace ! Par Carine Lœillet.

Charles Caudrelier, la brise de la cinquentaine

Charles Caudrelier, la brise de la cinquentaine 

Après sa victoire sur la Route du Rhum, le skipper vient de remporter l'Arkea Ultim Challenge Brest, nouvelle course en solitaire autour du monde. Le Finistérien au CV bien trempé a conquis la planète avant de s'imposer en France. Par Xavier de Fournoux.

Heroin Purr riding : road strip

Heroin Purr riding : road strip 

Libre, indépendante, équipée en série d’une bonne dose de sensualité et, en option, d’un pack badass : voici Jacquie. Créatrice de contenu moto sous le pseudo Purr Riding, Jacquie c’est un peu Thelma et Louise à elle seule. Une femme authentique qui se met à nu dans Moto Heroes pour démontrer que tout est possible. Par Ethan Valentin.

Vincent Ipslanti : les chevaux du plaisir

Vincent Ipslanti : les chevaux du plaisir 

Si l'on fait exception du cheval, sur le capot ou sur la fesse, ces deux voitures, la Ford Mustang et la Ferrari 348, ont autant de similarités qu'un hamburger et des tagliatelles. Leur point commun en réalité est un homme de passion aux multiples casquettes. Par Ethan Valentin.

Bellini yacht : una nuova vita

Bellini yacht : una nuova vita

Né en 1960, ce chantier installé en face de Riva a développé une identité originale, construisant ses propres modèles en bois verni et restaurant ceux de son prestigieux voisin. Après des années de transition, voyant le fils Bellini succéder à son père, le chantier de Clusane relance aujourd'hui une nouvelle gamme de prestige. Par Philippe Leblond.

Julien Roucheteau : devoir de réserve

Julien Roucheteau : devoir de réserve

Prendre des risques, parfaire, sublimer un produit, atteindre des sommets, recommencer. Y aurait-il quelques analogies entre gastronomie et moto ? Le temps d'une interview, Julien Roucheteau, Meilleur Ouvrier de France et chef étoilé de La Table des Rois, nous donne des éléments de réponse. Par Arnaud Choisy.

Couverture complète sur mise-en-avant >

Sur le même sujet

Vincent Ipslanti : les chevaux du plaisir

Vincent Ipslanti : les chevaux du plaisir 

Si l'on fait exception du cheval, sur le capot ou sur la fesse, ces deux voitures, la Ford Mustang et la Ferrari 348, ont autant de similarités qu'un hamburger et des tagliatelles. Leur point commun en réalité est un homme de passion aux multiples casquettes. Par Ethan Valentin.

Saga classic : révisez vos classiques

Saga classic : révisez vos classiques

Incontournable avec son stand au salon Rétromobile, Saga Classic est la division du groupe vendéen RCM spécialisée dans la vente et l'entretien de sublimes Mercedes de collection. Le responsable Christophe Relandeau et le PDG Ronan Chabot revendiquent un savoir-faire unique. Par Alexandre Lazerges.

Yannick Dalmas : Fast and serious

Yannick Dalmas : Fast and serious

Discret mais redoutable, Yannick Dalmas revient sur une carrière marquée par l’endurance, les choix forts et ses victoires. Par Claude de La Chapelle.

Charles Leclerc : chevalier du ciel

Charles Leclerc : chevalier du ciel

Charles Leclerc a troqué sa combinaison Ferrari pour l’uniforme de l’armée de l’Air. À bord d’un Rafale, il signe un vol supersonique devenu documentaire événement sur Canal+. Par Alexandre Lazerges.

Les meilleurs Gt des mers : Better, stronger, faster

Les meilleurs Gt des mers : Better, stronger, faster

Le nautisme s’inspire de l’automobile, mais des marques comme Porsche ou Lamborghini misent aussi sur la plaisance pour valoriser leur image et leurs technologies. Par Alexandre Lazerges.

La jaguar type E à l'écran: Fauve qui peut

La jaguar type E à l'écran: Fauve qui peut

À défaut d'accéder au statut de star comme sa compatriote l'Aston Martin DB5, la Jaguar Type E peut se targuer d'une longue carrière à l'écran, au cours de laquelle elle fut en revanche souvent malmenée. Par Jean-François Rivière.