Scram Africa 2022 : Retour vers l’Atlas

Le SCRAM Africa, une idée fameuse qu'eut, en son temps, Karl Vives, le boss de Fuel à Barcelone. Fuel, c'est avant tout un atelier qui s'inscrit depuis 10 ans dans une tendance très marquée. Celle qui consiste à remettre en route des motos classiques, peu recherchées parce que largement en deçà de ce que les constructeurs proposent - surtout côté design et performances. Excepté que ces motos, simples et faciles à réparer ou entretenir, ont de majeurs atouts. Celui tout d'abord d'être abordables, d'être faciles à bricoler, voire à transformer et en plus de s'inscrire dans une démarche économique. Autant de qualités qui font leur succès auprès d'une population motarde encline à chevaucher des machines qui lui ressemblent et surtout se distinguent de la majorité.

Pour son retour, le SCRAM a évolué avec plus d'autonomie pour chacun des participants

Karl, fan de BMW culbutées des années 80, a sorti de son bouclard un bon paquet de Teutonnes rénovées, de Honda ou Yamaha monocylindres revues à la sauce scrambler, et un paquet de motos plus récentes mais néo-rétros parce que c'est bien plus charmant (Triumph Bonneville, Royal Enfield… ). Aussi parce que c'est ce qui lui plaît et ce que recherche sa clientèle. Partant de ce succès mérité, il s'est dit qu'organiser des balades pour ses clients pour les aider à découvrir le potentiel de leurs motos et le leur, sur les terrains pour lesquels elles avaient été pensées, n'était pas sot. Et il a créé le SCRAM Africa. Une façon ludique de découvrir le Maroc par ses lieux les moins connus et ses sentiers les moins battus. Tout ça avec des bécanes pas chochottes et courageuses. Capables en tout cas de passer à peu près partout. Donc il y a eu une première édition en 2012 (dix ans déjà !), puis bien d'autres chaque année depuis. Dont nous fûmes prompts à encourager la réussite et relater le déroulement dans nos pages. Le caractère magique de ces raids amicaux et le matériel photo rapporté de ces premières balades valant largement une parution chez nous, nous avons depuis tissé une relation des plus chaleureuses avec l'ami Karl.

En mai 2022, après deux années d'abstinence, a eu lieu la neuvième édition que beaucoup attendaient après cette interruption liée à la pandémie sanitaire et ses restrictions drastiques. Cette fois, les feux étaient au vert et les volontés bien présentes pour réaliser une version encore améliorée de ce rallye qui commence à être célèbre… et prisé.

Modifications portant sur plusieurs points, dont l'accès aux motos attelées d'un side-car et aux 4 x 4 des temps anciens. Ah les Land Rover cubiques Defender, symboles vivants des baroudeurs et voyageurs, ou encore un bon vieux Toy' BJ 40 ! Avouez que ces modèles sont de bonnes raisons de choisir le quatre-roues quand on part baguenauder du côté de nulle part (en plus pour l'assistance et le transport du barda des copains, c'est nickel). Et puis ça colle parfaitement avec le concept mis en place par el señor Vives. Bon vivant de son état et fameux motard par nature.

Cette neuvième du SCRAM donc, cette fois, se corsait d'étapes de pure navigation à l'ancienne avec road-book et sans guide. Une façon plus roots, appréciée des participants attirés par l'idée de galérer un peu, histoire de s'évaluer et de se jauger. Au passage soulignons que personne ne s'est perdu définitivement dans les recoins de l'Atlas ou les dunes des confins du Sahara. Karl et ses acolytes du staff tiennent à ramener leurs clients en entier. Tout est prévu pour ça d'ailleurs puisqu'une équipe médicale et une escouade de mécaniciens sont de la partie. Si les participants n'ont pas eu à souffrir d'autres choses que de petits bobos, il n'en a pas été de même des motos. Eh oui, en TT on s'en prend de bonnes parfois et le matériel n'apprécie pas forcément. Mais là encore, les motos prévues pour ce genre d'exercices restent faciles à remettre en état. Ici un levier, là un phare, parfois un embrayage qui lâche l'affaire… rien que du très standard au final. Et puis ça aussi c'est le sel de l'aventure. Qui reste accessible sans pour autant se lancer dans des budgets de matériel frisant l'indécence ou ressemblant aux allocations faites aux militaires en nos temps belliqueux. Non, le SCRAM n'est pas une course à l'armement, c'est bien une quête de plaisir et de liberté. Que nos motos sont encore capables de nous offrir.

Cette année l'envie était affichée de repartir sur un tracé plus sélectif, plus “difficile” et surtout constitué d'étapes plus longues et plus ardues. « La chance sourit aux audacieux » dit le dicton. Nous ajouterons, à titre personnel… « et aux déjantés » ! Car sur ce rallye à travers le Maroc, un grain de folie est toujours le bienvenu. Nous en voulons pour preuve les déguisements insolites dont n'hésitent pas à se couvrir les participants histoire de rigoler un peu lors d'une soirée détente aux portes du désert. Rouler en veste lamée ou en chemise-cravate pour le besoin de la photo et dans le but avoué et revendiqué d'afficher l'absence totale de la moindre envie de se prendre au sérieux, c'est un signe de bonne santé mentale, n'en doutez pas. Et puis, un peu de détente le soir au bivouac ou à l'hôtel est bénéfique au maintien du moral de la troupe, bien éreintée par certains passages pas franchement faciles. On pense aux dunes qu'il faut savoir surfer ou aux pistes bien caillouteuses que les participants ont pu affronter.

C'est ça aussi le plaisir du off-road. Savoir repousser ses propres limites, apprendre, échouer, réussir, grandir et au final passer un grand moment de bonheur loin des tracasseries de la vie quotidienne. Restera néanmoins que cette édition fut une fois de plus un beau succès et que la petite confrérie admise à fréquenter cet événement a vraiment bien de la chance. Karl a su le comprendre et sa façon unique de partager sa passion des grands espaces et la pratique du TT est à saluer. Rendez-vous en 2023. Et si l'aventure vous tente, restez à l'écoute et ne traînez pas pour vous inscrire. Les places, forcément limitées pour que tout cela reste convivial, sont fort prisées - d'autant plus que le budget de participation, avec tout ce qu'il comporte, n'est vraiment pas excessif.