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Radikal Design : Orfèvrerie Baroque sur BMW

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Radikal Design : Orfèvrerie Baroque sur BMW
© BMW Motorrad
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Le salon annuel et réputé Top Marques à Monaco n'est pas forcément le lieu où l'on s'attendrait à découvrir une moto customisée jusque dans ses moindres détails, comme celles que l'on prime dans les bikes shows organisés par les bikers tout au long de l'année et dans le monde entier. Un lieu où justement le créateur et constructeur de cette moto s'illustre généralement. Andrea Radaelli travaille depuis pas mal de temps à imaginer des motos uniques dans son atelier Radikal Chopper. Il imagine, fabrique et construit entièrement des motos. Plutôt des choppers sur base H-D avec des vieux moteurs gonflés et des looks de moto de bandit. Mais pas que non plus. Il a aussi créé quelques roadsters bien vitaminés. Sur base BMW notamment. En 2020, il remporte sa catégorie dans le très huppé MBE Award avec Ad Maiora, une BMW R 1100 S vraiment impressionnante. Donc, sur ce projet il y a une certaine logique. Et un pari aussi, comme souvent le bureau de design munichois sait en tenter. Rappelons-nous le lancement de la R 18 au Moon Eyes Show de 2018. Une moto avait été confiée au préparateur japonais Zon. Remportant au passage le premier prix. La R 18 de série, déclinée en différents exemplaires actuellement, met à l'honneur la marque et son moteur symbolique flat twin. Dans sa version la plus dénudée, elle se prête assez bien à la customisation.

Cette BMW R 18 Magnifica place la customisation à un niveau tout à fait inhabituel, hautement technique et artistique à la fois

On peut même penser… qu'elle a été pensée pour ça ! Elle plaît à ceux qui aiment être assis au plus près d'un moteur bourré de couple sur une moto au look néo-rétro très soigné. Ce qui doit être le cas de Raffaello Polchi, propriétaire d'Officine Riunite Milanesi ; un lieu très branché de Milan. Car c'est sous son impulsion que cette moto a pu être réalisée. Motards esthètes désireux d'aller beaucoup plus loin que la simple customisation sur catalogue, ce que ne fait d'ailleurs surtout pas Andrea, ils ont créé à eux deux Radikal Design. Une entité destinée à créer des motos uniques et surprenantes, dont cette Magnifica est la première production. Des machines imaginées dans la rêverie la plus libre, entre un roman de Jules Verne et l'orfèvrerie mécanique. « L a philosophie qui inspire les œuvres de radikal Design reste inchangée dans chacune d'entre elles, jouant avec des matériaux tels que l'aluminium, le laiton et le bronze, le travail de l'enclume et du marteau, une attention à chaque détail au-delà de toute croyance », peut-on lire sur la page de communication. Toute une profession de foi résumée en quelques mots dont on peut ressentir l'importance dans le travail mené sur cette Magnifica, quand on les lit. Il y a aussi ce que dit son géniteur : « Mes motos doivent être ma propre création, je n'ai pas envie d'imiter ou de modifier un concept déjà mis en place et très bien fait par d'autres. » L'inspiration vient de façon très lointaine de la R 37 de 1925. Un modèle important dans l'histoire de la marque et surtout la première évolution de la toute première BMW R 32 de 1923.

Une 500 qui posait définitivement le concept du moteur à plat et employait déjà des solutions inédites et propres à la marque bavaroise. Une pièce qui attire instinctivement l'œil est bien cette selle, en bois profilé comme la coque d'un bateau de course de l'America Cup. Tellement inattendue qu'elle se justifie à elle-même. Par son élégance et son audace. Elle supporte une fine assise monoplace en cuir surpiqué du plus bel effet. Celle-ci est installée de façon provisoire mais élégante afin de dévoiler, quand la moto ne roule pas, le sublime travail sur cette pièce étrangement irréelle. Sous la selle, un support en alliage fait la liaison avec le bras oscillant, juste derrière le système d'amortissement horizontalement placé. La jante arrière met en valeur d'un côté le pont arrière et la transmission par arbre, de l'autre un design et une finition faite à la main sur ces pièces fraisées dans la masse et polies manuellement. Seule la couronne de capteur d'ABS sans son disque émigré de l'autre côté de la jante est juste un peu anachronique. Mais l'électronique oblige à sa présence.

Comme à l'avant d'ailleurs. Un capteur plus discret, dans le moyeu, comme chez H-D, aurait été préférable. Histoire de chipoter un brin, car pour être honnête, sur ce custom rien ne cloche. Même le moteur est paré de pièces travaillées qui font passer son côté grosse Cocotte-Minute de l'origine. L'idée des Durits d'injection placées sur le flanc haut du carter central ou des plaques d'habillage installées derrière les cylindres, il fallait l'avoir. Bravo, c'est propre et surtout une excellente façon de s'adapter à la technologie moderne.

Cette moto n'a rien à voir avec les objectifs d'un constructeur. Elle est une pure expression artistique… et mécanique

La partie avant n'est pas en reste avec cette fourche de type Hossak à amortisseur central et étriers de freins intégrés. Si si ! Regardez bien. Les deux disques, l'un périmétrique, l'autre concentrique, sont pris du même côté droit, dans la matière de la fourche taillée dans la masse. Si là vous n'y voyez pas un joli jus de crâne de la meilleure cuvée, c'est à désespérer… Au passage, cette disposition a été créée spécialement pour la Magnifica. On continue sur ce flanc droit, avec des cache-culbuteurs redessinés et agrémentés d'une ailette discrète mais honorant la marque. Notez aussi le bouchon d'huile, rond et cranté, comme poli par les ans. Sans oublier ce rostre fait main associant brasure laiton et alu à l'avant du bloc.

Une pièce qui pourrait presque vous faire oublier la sortie d'échappement en inox formée comme un cuivre d'orchestre ou la grosse admission d'air qui semble vouloir happer votre main au passage. Et tout ça pour en arriver au réservoir qui brigue à lui seul une place au-dessus du podium. Bon sang que c'est beau. Compliqué comme ils faisaient dans l'ancien temps, mais tellement charmant. Ces mélanges d'alu et de laiton ou de cuivre, ce logo en bronze patiné, ces bouchons de remplissage dignes d'être rangés avec la collection d'œufs de Fabergé de votre grand-tante… c'est sublime. Troublant de perfection. On imagine le temps passé à réussir ce genre de coup de génie. Et l'expérience qu'il y a derrière… Bravissimo signore Andrea !

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