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Trust your gut : Les aventuriers du condor

Modifié le Écrit par La Rédaction
Trust your Gut : Les aventuriers du condor
© Instagram/@trvstyourgut
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Vers l'aventure, et au-delà

Après avoir révisé et préparé les motos ainsi que nos bagages pendant des mois, aussi méticuleusement que si l'on s'apprêtait à participer au Dakar, ça y est, nos sacs sont bouclés. Les motos, quant à elles, sont scellées dans le container et prêtes à quitter l'Hexagone par bateau, direction l'Uruguay ! Les derniers au revoir à la famille, aux amis et aux proches, on quitte tout ce qu'on a pour vivre le rêve d'une vie. On ne sait pas ce qui nous attend mais on sait ce qu'on est venu chercher : l'aventure. Première étape d'un long voyage et dernier tour de clé dans la serrure de nos appartements parisiens, on s'envole quelques jours plus tard pour Montevideo. Ça semble irréel, et pourtant. Assommés par le jet lag mais surtout excités à l'idée de prendre la route dans les prochains jours, on boit des litres de maté tout en planifiant notre itinéraire, qui commence à se dessiner.

Seulement voilà… les motos n'arrivent pas ! Elles sont restées à quai, au Havre. La tuile ! On ne se laisse pas démonter et on digère notre première leçon : apprendre à s'adapter et gérer les imprévus. On n'est pas au bout de nos surprises puisqu'on ne sait toujours pas quand les motos vont arriver. Cela donne le ton pour la suite du voyage. Il y a malgré tout une chose dont on est sûrs, l'aventure a bien commencé ! Et si on profitait de ce contretemps sans nos engins pour aller découvrir des contrées lointaines ? Nous voilà quelques jours plus tard en train de danser la samba, en plein carnaval, sous le soleil de plomb de Rio. S'ensuivra une promenade à la fraîche sur le glacier Perito Moreno en Patagonie argentine. Incroyable.

Après la pluie, le beau temps

Trois mois après avoir déposé les motos au Havre, nous sommes appelés par les bureaux du transporteur pour revenir à Montevideo effectuer les démarches administratives, en vue de récupérer nos précieuses montures. Enfin ! On n'y croit pas, et pourtant ça y est, elles ont débarqué. Vamos ! On file au port, on sort nos bécanes de l'entrepôt des douanes, on rebranche les batteries, on met le contact et on retient notre souffle…

Les batteries ont-elles tenu le choc pendant la traversée de l'Atlantique ? 3, 2, 1… nos craintes s'estompent à la seconde où les deux moteurs se mettent en marche et ronronnent en chœur. Le graal ! On prend la route sans perdre une minute, direction la cordillère des Andes, en traversant l'Argentine d'est en ouest. Ça y est, nous voilà au cœur des montagnes, si petits face à ces géants coiffés de glace. Les paysages sont incroyables, piloter les motos dans cet environnement sauvage est grisant. On décide ensuite d'emprunter l'incontournable Ruta 40 qui longe la cordillère direction le sud de l'Argentine, jusqu'à ce que les conditions météorologiques, devenues trop difficiles, nous obligent à serrer les fesses à chaque virage. À San Martin de Los Andes, le froid glacial nous empêche de planter la tente et nous contraint de mettre le cap au nord, en traversant par le Chili. Mais peu importe ! Chaque minute qui passe est une bouffée rafraîchissante de liberté, donnant l'impression d'évoluer sur une autre planète. Et malgré la technicité du terrain, l'absence quasi totale de réseau, les longues distances sans station essence, notre maigre expérience en off-road et les multiples fois où ça peut tourner au vinaigre, on met plein gaz sur les pistes qui traversent des paysages scéniques plus merveilleux les uns que les autres. Les hordes de chevaux sauvages et les troupeaux d'alpagas qui galopent dans les steppes nous offrent un spectacle grandiose. On pose notre tente où bon nous semble pour s'imprégner de ces peintures vivantes et faire partie du tableau le temps d'une nuit. À condition de pouvoir se faire un café bien chaud le matin bien sûr.

En ce qui concerne les bécanes, elles ne bronchent pas. Enfin, pour l'instant. À l'instar de leurs propriétaires, elles respirent à plein poumons. Faut dire aussi qu'on les chouchoute. Équipées de crashbars - indispensables pour réaliser une telle expédition -, de gommards adaptés, et vêtues toutes deux d'un manteau de fourrure en laine de mouton véritable, elles nous emmènent ici et là, sans nous faire défaut.

Le meilleur voyage est celui qu'on partage

Voilà maintenant deux mois que nous sillonnons les routes. Et c'est en quittant cette étendue surréaliste aux allures extraterrestres du désert d'Atacama, et après une dernière halte en Argentine pour faire le plein d'empanadas, qu'on prend la direction de la Bolivie et de son désert de sel. Plus de 10 000 kilomètres parcourus en terres inconnues, loin de nos amis, de nos familles, de nos repères ; et notre amitié semble résister à toutes les épreuves. Et des épreuves, qu'elles soient matérielles ou émotionnelles, il y en a. Comme ce jour où nous passons un col de montagne par… -11 °. Le vent glacial vient taper chacune des parties du corps qui dépassent du carénage, un moment difficile où le mental et l'entraide prennent le relais. Nous vivons au quotidien 24 h/24, 7 j/7, comme un couple. Pas question de laisser se répandre une frustration quelconque qui pourrait venir gâcher et compromettre cette aventure humaine extraordinaire. Faut qu'on s'épaule. Par chance, on est sur la même longueur d'onde et on oublie très vite nos différends, surtout quand il s'agit justement de se serrer les coudes pour surmonter les galères ensemble. On forme une équipe ! C'est d'ailleurs en Bolivie que les premières épreuves viennent tester les fondations de notre amitié. On s'engage sur la Ruta 25, piste interminable de plus de 300 kilomètres pour rallier Coroico.

Des cailloux, du sable, de la terre, des crevasses, des lits de rivières déchaînées, des épingles à flanc de falaise aux précipices infinis, des camions qui arrivent d'en face, en plein cagnard. Voilà le programme ! Cette piste noire requiert de l'endurance, de la souplesse, une bonne condition physique, et surtout un mental d'acier. Quatre jours de poussière et trois bivouacs au bord du précipice. Nous, on encaisse, avec le sourire, mais les motos nous font essuyer quelques coups durs. Et particulièrement cette satanée Triumph. Si jusqu'à présent, les seules chutes à déplorer étaient dues au poids combiné des motos et des valises latérales, c'est une autre affaire dans la jungle bolivienne. On se retrouve avec une vis de suspension arrière fendue, un sélecteur de vitesse désolidarisé, un câble ABS complètement limé, les joints SPI qui lâchent, et des messages pas très rassurants sur les écrans de bord. L'aventure nous oblige à improviser, parfois en demandant de l'aide aux locaux déconcertés à la vue de deux Stormtroopers tout droit sortis de l'espace, qui prennent plaisir à filer un coup de main bienvenu. Systématiquement, on trouve une solution, on résout le problème, on avance. Nos liens sont soudés et aucun événement ne semble pouvoir les rompre.

Atteindre des sommets

La remontée des Andes nous donne également notre lot de péripéties lorsqu'on n'est pas sur les motos. La plus grande chaîne de montagnes au monde est le paradis des randonneurs, et nous offre le luxe d'assouvir notre soif de défis. On troque à plusieurs reprises nos combinaisons intégrales par des couches de vêtements chauds, nos bottes goretex par des crampons. Feuilles de coca en bouche, nous voilà hissés à plus de 6 000 mètres d'altitude sur les sommets Huayna Potosi en Bolivie, Huarapasca et Chachani dans la cordillère blanche au Pérou. Le souffle coupé, on prend conscience que cette belle aventure est aussi l'occasion de se dépasser et de se motiver l'un l'autre à faire des choses qu'on n'aurait jamais faites en France, absorbés par le train-train du quotidien.

Le pays du ceviche nous offre ainsi l'un des plus beaux souvenirs de notre périple. Une randonnée - considérée par beaucoup comme étant l'une des plus belles du monde -d'une centaine de kilomètres dans la cordillère Huayhuash. Huit jours de marche en groupe, à traverser des cols à plus de 5 000 m, à partager nos aventures et nos différences culturelles, totalement déconnectés du monde extérieur.

La fin d'un voyage est toujours le début d'un autre

Partir à l'aventure, c'est sortir de sa zone de confort, surmonter les imprévus, poser un regard différent sur le monde, sur son quotidien, mais aussi se découvrir soi-même. Explorer l'Amérique du Sud au guidon de nos motos nous a permis de satisfaire pleinement notre soif de liberté, les seules limites devenant celles que l'on s'impose. Simon ? Oui, Baptiste ? On repart quand ?!

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